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27/03/2010

Fratelli d'Italia, buttate lo via !!!

Demain on ne vote pas en France. Pas trois fois de suite, quand même.

Depuis la semaine dernière, chacun a décidé de prendre les mesures qui s'imposent: Aubry a fait rappliquer tout le monde à la Mutu', back to basics, on se concentre sur l'union. Elle a l'élégance et pas seulement du hérisson, mais de ne pas commenter les sondages la donnant vainqueur face à nabot Léon. A part Ségolène, tout le monde semble d'accord pour se mettre en mêlée et enfoncer le pack adverse.

Le pack adverse, donc, n'a pas eu le renfort de poids lourds. Ni Juppé, ni Vedrine en ouverture, ni un Bourlanges pour le centre, que les gros cerveaux baissent le doigt. On préfèrera des proies faciles, vifs et incandescents, ardents de faire joujou avec les oripeaux du pouvoir: Daubresse et Tron. On mise aussi sur l'esprit de revanche, rien de pire que les anciens fumeurs pour vous enfumer et j'ai le sentiment que Baroin sera de ces empêcheurs de penser en rond.

Au centre coule non pas une rivière, mais un mouvement. Quand Bayrou a dit "dégage" à VGE le centre était une force politique. Un contrepoids au RPR. Aujourd'hui ce n'est qu'un triste fan club de has been qui rassemble son énergie dérisoire pour aller encourager Bayrou avec la même croyance que les groupies de la tournée "âge tendre et tête de bois" pensant que les 3ème couteaux des années 70 vont réenchanter le monde en 2010.

De l'autre côté des Alpes, juste après Nice et son ineffable Christian Estrosi, l'Italie.

J'entretiens un rapport à l'Italie qui se rapproche de celui de Brel pour Madeleine: un amour transi qui, parfois, dépasse les bornes du simple bon sens. J'aime de tout mon être les gens, si chaleureux, à table, leur cinéma, leur littérature et la douceur de vivre des gens qui se promènent. Mais je ne comprendrais jamais leur trouille irrationnelle pour tout ce qui n'est pas parmesan. L'application pour Ipod la plus populaire est mussolini.it, qui retransmet des images d'archives du duce en train d'haranguer les foules. La télé propose des reportages plus qu'à charge sur les dealers marocains (sic...) et le discours politique est un mélange de best of de Frédéric Lefevbre et des meilleurs moments de la Ferme Célébrités. Le même pays qui nous a donné Moretti, Eco et tant d'autres, dans ce pays on pousse des cris de singe dans les stades quand un noir a la ballon. Eric Besson et Hortefeux feraient figure de lopette: les habitants se défendent eux mêmes pour expulser les immigrés à coup de barre de fer ou tirent sur les bateaux en pleine mer pour empêcher les"nègres" d'accoster. Eric Zemmour est un louveteau rapporté à Oriana Fallaci et son million d'exemplaires de la rage et l'orgueil.

Ca se passe juste à côté de chez nous et demain, ils votent. Là-bas aussi, 11 régions sur 13 sont à gauche et ça n'empêche pas le pouvoir central de dérives insensées... Silvio le martyr depuis son agression à la statuette repart au combat après un nouveau lifting. Malgré les révélations sur son harem polanskien, malgré sa haine des juges, de la justice, ses magouilles financières évidentes, ses liens avec des personnes de moralité douteuses... Malgré ses frasques verbales comparant un tel à un kapo et récemment ayant déclaré à une députée de l'opposition "je comprends que vous soyez triste et en colère car tous les matins, vous vous voyez dans la glace"...

Sarkozy est fou et incohérent pour reprendre le diptyque d'Emmanuel Todd et ça me désole; quand je le compare à Berlusconi, je me console. Demain, donc, j'espère que les italiens iront voter, eux, pour dire que la plaisanterie a assez duré. Et pitié que si la gauche re-passe un jour là-bas, qu'elle le traque vraiment. Car Silvio n'a qu'un ennemi, Veronica Lario sa femme qui va lui piquer la moitié du magot en divorçant...

 

25/03/2010

Liberté d'expression d'accord, mais liberté tout court ?

Le Pen, Zemmour, Guillon... J'ai entendu, lu, vu beaucoup d'amalgames entre les trois en ce moment. Et c'est bien navrant ma foi.

Je vois dans ces rapprochements et ces confusions un symptôme de l'époque, une fascination morbide pour le dérapage. Passe encore que l'on retienne des discours politiques les quelques phrases censées pouvoir "pitcher" un programme, mais attendre les sorties de route pour compenser sa propre incompétence relève d'un état avancé de médiocrité.

Si l'on reprend tranquillement les trois cas d'espèce, on a trois problèmes différents: un homme public, un journaliste, un humoriste. Ca appelle trois réponses différentes.

L'humoriste. Je ne suis pas Desproges donc je renvois simplement à l'indépassable "peut-on rire de tout ? Oui, mais pas avec tout le monde". Il faut le mettre au goût du jour pour l'adapter à un problème spécifique qui fait hurler aujourd'hui l'extrême bobo, toujours prêt à tancer la doxa: Dieudonné. A une époque récente, il fallait absolument que la France cesse de vivre pour aller manifestement vaillamment pour l'extradition de ce dangereux fasciste qui conviait des négationnistes. Puis, l'idéologie Canal les Inrocks, qui déteste penser la même chose que le Monde, s'est ravisé: en fait Dieudonné c'est le plus grand de nos humoristes, n'en déplaise aux censeurs.

Très bien, je suis allé voir (merci dailymotion, je vais quand même pas payer ma place...) un bout du spectacle "Sandrine" et face au morne ennui, j'ai cessé. Timsit, Fellag, Canteloup même, eux me font rire. Dieudonné est JUSTE pas drôle. Au sujet de "on ne peut pas taquiner les juifs", il ne faisait que cela, en duo avec Elie Semoun et à l'époque, je trouvais ça très drôle... Je n'ai pas l'offusquation sélective, j'aime juste rigoler...

Bref, un humoriste a le droit de rire de tout, mais simplement le devoir d'être drôle. J'ai trouvé la chronique de Guillon de lundi très drôle, si on doit faire un procès à Guillon c'est là dessus. Hees aurait du dire : "excusez moi, Guillon est nul". Mais il ne l'a pas fait, sinon il faudrait s'excuser pour Nicolas Rey, Isabelle Giordano....

Le journaliste. Le moins que l'on puisse dire est que je ne suis pas un thuriféraire de Zemmour. Je vomis ce type. Je ne comprends pas qu'on lui permette d'être critique littéraire, lui dont les romans comportent toujours des paysans "aux mains calleuses, au teint bistre" , des torses "étiques", bref, une langue si basse qu'elle fait la nullité...

Mais là encore, le procès qui ait fait à Zemmour est décalé: pourquoi lui dire "vous êtes un fasciste" et ne pas lui dire "vous dites des conneries, rendez votre carte de presse". Honnêtement, immonde Zemmour ? Et Ivan Rioufol ou Michel Schifres, François d'Orcival (le Fig, le Fig Mag et Valeurs Actuelles) et un Alexandre Adler déclarant sans honte dans Courrier International il y a quelques années qu'on comprenait bien, au fond, que les pauvres voulaient rester dans leur fange plutôt que d'avoir le courage d'entreprendre. Leurs analyses autorisées, y compris celles de kessler et autres, n'est-ce pas également vomitif ?

Bien sûr que Zemmour a ses haines partisanes et ses boucs émissaires ! Mais tant d'autres aussi et ça plaît: le Figaro a reçu des centaines de lettres de menace de désabonnement si Mougeotte licencie la hyène... Allez dans les cafés vous verrez bien que Zemmour ne fait que répéter ce qui se dit au comptoir ce qui, pour un journaliste, relève de la faute professionnelle.

L'homme public et politique. Là, c'est plus emmerdant. On accepte sciemment d'exposer sa parole à la foule "chambres à gaz détail de l'histoire" ça fait tâche. Et tant d'autres. Il semblerait malheureusement qu'il reçoive toujours l'onction des urnes... Je devrais dire il a"réhabilité le racisme" qui rodait non loin des urnes, en fait. A une époque, second XIXème premier XXème, Maurras et consorts ne faisaient pas campagne de façon plus modérée. Mais, en face de Maurras, Blum avançait les congés payés, la semaine de 40h, la défense de la santé pour tous, alors qu'aujourd'hui, tous les imbéciles regardent le doigt et en oublient la lune...

La défense de la liberté d'expression c'est bien, mais il faudrait voir à pas oublier de continuer à défendre la liberté tout court: syndicale, sociale, de soins, d'étudier, de travailler...

 

 

24/03/2010

Remaniement à quatre bandes ?

J'ai appris le remaniement en regardant la télé. Denisot recevait lundi trois éditocrates, Joffrrin, Barbier et FOG et un politique rigolard qui a décidé de s'en foutre, Cohn Bendit. J'ai trouvé la scène très à l'image de notre époque: dégoulinante de cynisme, presque irréelle aussi.

Au fur et à mesure que Denisot confirmait les dépêches AFP, les blagues fusaient. Barbier, "la droite veut retrouver ses racines, Sarkozy nomme Tron", même Joffrin rigole. On parle surtout des noms comme on évoque des ronds de serviette, pas un ne s'abaisse à évoquer le contenu des portefeuilles... En temps de crise, le budget a tout de même une importance considérable et on évacue le seul croque-mort que ces choses-là intéressait, Eric Woerth. N'importe qui ayant eu à gérer un budget sait qu'une des principales qualités requise à ce poste est la longévité, la pérennité... On prend le seul type qui aime ce job, intempérant au possible, pour le mettre précisément là ou il faut de la tempérance: les retraites. Nous v'la bien. Pour le remplacer, on appelle, Jo beau brushing, éternel jeune premier, trop pressé pour s'abaisser à bosser. Contrairement à ces collègues jeunes loups de droite, Copé, Wauquiez et autres, Baroin pense toujours au coup d'après et soigne sa mèche et ses pages people (il fut avec Marie Drucker puis Michèle Laroque)... Chouchou de Chirac, baron troyen, Baroin n'a que faire du budget, pas du tout, mais ça ne refusait pas... Même deux mois après avoir pourri le sarkozysme avec force déclarations sur le débat identité nationale.

Darcos, comme dans beaucoup de révolutions d'opérettes, paie pour les autres. C'est pas tant le mauvais bougre, mais il a agacé le palais... Reste les autres entrants. Hirsch a fait chier tout le gouvernement, avec ses oukases permanentes, son incapacité à dire merci pour les subsides du RSA... On met Daubresse, tellement heureux d'être là qu'il n'ennuiera personne et fera ce qu'on lui dira de faire.

Quand à Tron, il va expliquer aux fonctionnaires qu'il faut faire des efforts et le jour de sa prise de fonction est pris la main dans le pot de confiture de son appartement HLM à moitié prix... Je me demande d'ailleurs, tellement c'est gros, si ce n'est pas un coup de la Sarkozye type Guéant pour monter le bourrichon d'un villepiniste et de le carboniser d'emblée... Il est mort pour les deux camps. Un ennemi de moins...

Reste une question pour laquelle nous n'aurons jamais de réponse: que s'est il passé dans la tête de Sarko sur le remaniement ? Il a un côté joueur de poker qui a perdu la baraka et qui, énervé, perd son sang froid et change des cartes majeures pour tenter la quinte flush... Je peux me gourer mais je le sens pas.

Ou alors, il tente encore plus gros: persuadé la gauche qu'il perd pied, pour voir le retour de la lutte des égos au PS et à Europe Ecologie qui se partagent déjà les portefeuilles de dans deux ans en oubliant de bosser. Dans un an, tranquillement, il reprend la main en mettant aux manettes le fidèle gros Bertrand et c'est re la gifle en 2012...

Demain, c'est l'inauguration du salon du livre, peu de risque d'y croiser le Président ma foi...