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08/07/2011

Bourdieu + Corneille = Une séparation

Une séparation.jpg"Puissant, vertigineux, passionnant, haletant". Voici 4 qualificatifs glanés sur l'affiche du film. Je n'en aurais choisi aucun des 4. Par esprit de contradiction, bien sûr, mais également par incapacité : je ne saurais pas trouver un mot pour le film.

Pourquoi tu pleures ? est "consternant", Kung Fu Panda 2 "emballant" (j'assume) et ni à vendre ni à louer "charmant", mais le film encensé par toute la critique, en un mot, pas d'idée. Je vais donc essayer en 100.

Ce qu'il y a d'intéressant dans Une séparation (ça fait curieux à écrire) c'est la tension maintenue pendant près de 2h sur le spectateur d'un film qui vire au procès (je rentre pas dans les détails pour ne pas détourner l'effet de surprise) dans lequel on est balloté en permanence dans nos certitudes. Loin du manichéisme, le film oppose des aisés bien éduqués à des désargentés plus frustres (cette phrase géniale "je sors de mes gonds parce que je parle pas comme lui, mais c'est pas parce que je suis pauvre que je suis une bête" ) dans une lutte où les retournements sont plus nombreux que dans un combat de catch de la grande époque, celle qui pouvait opposer Hulk Hogan à l'Ultimate Warrior ou l'Undertaker à Jean le Géant, mais je m'égare...

S'ajoute à cette tension très bien campée entre riches et pauvres, celles entre hommes et femmes et croyants sans culture vs croyant cultivés; des injustices des innés et la plus grande injustice encore face aux potentialités des acquis. On cogite, on s'émeut, on est pris. On en redemande et il n'est pas dit que l'on ait grand chose à se mettre sous la dent d'aussi bon dans les semaines à venir, ma dernière gifle de cette puissance c'était "Incendies". Décidément en 2011, le 7ème art se lève à l'Est...

Demain, nous déplorerons le succès de l'expo Caillebotte qui fait que l'on ne peut plus acheter de places et nous rabattrons sur les lettres de Céline à la NRF en Folio, ce qui relancera immanquablement le débat sur l'engagement politique des écrivains quand on en causera... 

07/07/2011

Que penser d'une société capable de produire revelelescocus.com ?

corbeau_freux.jpgInternet n'a pas empiré les tendances voyeuristes, ou délatrices ou propices à déblatérer. Il les a juste accéléré, amplifié ou rendu plus grotesques par leur itération et leur propagation. Bon. Dans l'absolu tout a été dit, montré, filmé avec génie par Clouzot dans "le Corbeau"; mais tout de même, que penser d'une société qui produit ça ?  http://revelelescocus.com/index.php

11 000 et quelques dénonciations déjà réalisées promet le site. Anonyme et gratuit pour rassurer le chaland, les liens vers les réseaux sociaux qui vont bien... Emballé, c'est pesé. La promesse de la page d'accueil est tout un programme d'une éthique toute aristotélicienne : vengez vous ! N'importe qui peut venir (nous ne sommes pas chez Wikipédia avec des gardes fous, une communauté dénonçant les erreurs et rectifiant) vous dénoncez. Il ne s'agit pas d'envoyer les missives sur la place publique, le toilemestre ayant peut être une capacité en droit, mais bien d'envoyer directement un mail à la personne trompée en lui disant que sa moitié le trompe et donner les circonstances du méfait. Evidemment, cela signifie qu'il faut connaître le mail du ou de la cornu(e) mais de nos jours rien de plus simple.

A supposer que ce site franchisse la barrière des spams et vous pouvez vous retrouver avec des mails elliptiques et vaguement dégueulasses. Deux dégâts évidents: soit cela chatouille le cogito de la personne qui reçoit le mail, à la psyché poreuse à ce genre de conneries, soit vous envoyez d'autres rumeurs que vous répandez allègrement.  Ainsi, je vais sur le site et je dis François Hollande trompe ses femmes successives depuis des années avec Tristane Banon. Je l'envois à tous les contacts de Désirs d'Avenir et je trouve bien trois thuriféraires de la picto-charentaises pour alimenter la boufonnosphère et avec un peu de chances, 3 jours après cela se retrouve sur tous les sites dits d'infos, en réalité très sujet à caution type lepost, atlantico et autres...

Surtout, le site pose problème tant on imagine qu'il ne s'agit que de la première pierre d'un gigantesque www.revelelesvilains.com . Dans une vaste société de dénonciation courageusement anonymes, on peut faire une liste longue comme le bras, de fautes au travail aux profs absents, des alcooliques supposés ou fous, violeurs et cocaïnomanes en puissance... Le tout sans fondement, mais pour la beauté du geste, innonder les proches de ces délicieux petits messages de vengeance sur une adolescence mal supportée ou autre... Triomphe de cette définition de Desproges:  Elle est sale, elle est glauque et grise, insidieuse et sournoise, d'autant plus meurtrière qu'elle est impalpable. On ne peut pas l'étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l'anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C'est la rumeur".   Elle a gagné n'en parlons plus et allons voir "ni à vendre ni à louer" une fable muette qui dit beaucoup !

 

 

 

 

 

 

04/07/2011

Les curieuses philippiques populistes à propos de la démondialisation...

Votez-pour-la-démondialisation-.pngEn ce flag day, prenons quelques instants pour nous arrêter sur ce qui nous sépare encore du modèle américain, un reste de non-béatitude devant la mondialisation.

Je dis "modèle américain" et pas "peuple américain", car le peule exproprié de Nouvelle Orléans, le peuple réduit au chômage forcée pour cause de délocalisation à Detroit et Des Moines, ou le peuple agricole ruiné de la plupart des Etats du Midwest a une passion très modérée pour la mondialisation.

Voilà donc qu'arrive Montebourg dans notre primaire socialiste française avec une idée qui détone clairement de celle de ses petits camarades. "Mouais, posture, poseur, frime en toc" me disais-je. Mais à voir l'acharnement avec lequel il était attaché et surtout le fait qu'Alain Minc le traite de "connard" je me dis que son ouvrage ne pouvait que contenir quelques vérités. Allez, 2 euros, c'est populaire, à la portée de la bourse; ironique quand on sait que le livre les condamne justement, ces bourses. 

Ca commence mal, un mensonge : "préface" d'Emmanuel Todd annoncé en gros sur la couverture. En réalité, 20 lignes d'imprimatur poli, m'enfin rien de bien sérieux. Le scepticisme me guettait. O heureuse surprise, la suite du livre est une brillante imprécation contre la mondialisation débilisante et un plaidoyer assez séduisant pour la démondialisation ! Le terme lui même est à l'évidence mal choisi : "alter" est à l'évidence plus tentant. Altercroissance plus bandant que décroissant. Passons car la réalité est proche des alters mais les chroniqueurs ne veulent pas le relever.

Là où Montebourg (et ses conseillers, soyons sérieux) est finaud, c'est lorsqu'il démonte le "modèle" Allemand, rappellant qu'il tire en partie ses avancées de la loi Hartz IV qui oblige les chômeurs a accepté des contrats aidés à temps plein pour 1,5 euros de l'heure, soit 9 euros par jour. L'entreprise jubile, l'Etat achète la paix sociale, les salariés trinquent. En 12 ans (1998-2010), le salaire des Français a augmenté de 18%, moyennant l'inflation, stagnation de conditions de vie, voire régression pour les urbains. Dans le même temps, le pouvoir d'achat des allemands a ... reculé de 1%. On a les "modèles" qu'on peut... Seconde pique bien sentie sur ce qui se passe en Chine.

Ce qu'il défend n'est pas défensif ou frileux comme le disent ces détracteurs, mais avant tout protecteur: évitez le "des chômeurs au nord, des esclaves au sud" en refondant le contrat de travail sur d'autres bases où tout le monde peut mieux s'y retrouver. Premièrement, avec le retour d'une fiscalité punitive pour les pollueurs où les maltraitants sociaux. Dès qu'on est dans l'incantatoire, du Grenelle à une opposition façon Moscovici, ça donne rien comme le prouve les récents échecs en termes de responsabilité sociale des enteprises, http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/07/04/la-resp...

Montebourg et ses amis prônent au contraire l'imposition généralisée d'une tracabilité sociale des produits, d'une mesure généralisée de l'impact social des produits, de propositions inversant le balancier du dumping fiscal avec harmonisation progressive des salaires minimums européens. Le tout dans une logique de préservation sociale qui aura un apport écologique bien plus majeur que ce propose un Hulot en restaurant, de fait, les circuits court de production, de consommation. De fait, même si le titre ne le dit pas, nous serons de fait des alterconsommants en suivant ces principes. Personnellement, je vote pour ces idées. Après, le barnum étant personnifié, je reconnais que les rodomontades du baveux bressan ne me plaisent guère. Il a vraiment l'immense mérite de porter le débat. 

Ce matin, dans l'édito de Dominique Seux ce matin, sur Inter les inégalités les inégalités au rapport. Sa porte d'entrée : le populisme et notamment celui de la démondialisation. Le populisme est portée par des inégalités inacceptables. Vrai. Sauf que le journaliste met sur le même plan le salaire indécent de Carlos Ghosn et les 60 jours de congés de certains fonctionnaires quand ceux du privé en ont 30. Tant de mauvaise foi et de raccourcis sont à gerber. Deuxième confusion immonde : la démondialisation serait la même chez le Pen et Montebourg....

Certes, le Pen convoque Gréau, Todd et Saphir mais sans leur demander leur avis et surtout sans dire qu'aucun de leurs écrits ne mentionnent la "préférence nationale", triste critique journalistique non lisante qui reproduit les seules philippiques des gouvernants pour toute analyse.

Demain, démondialisation, décroissance ou décalage horaire, à un moment donné, n'importe ou dans le monde, nous serons mardi. Et j'attends que Dominique Seux m'oppose quelque chose à ça....