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19/08/2011

"L'espérance de vie" est-elle un indicateur aussi stupide que le PIB ?

drumming-bunny.gifQuelle étrange force peut bien pousser les scientifiques à orienter leurs études autour de la durée de vie ? Le mythe de l'immortalité a au moins le mérite de nous foutre la paix : il ne chipote pas pour savoir si l'on gagne 6 mois ou pas, on gagne le gros lot.

Impossible de faire un pas dans la réflexion sur le mode de vie sans que 600 enquêtes vous dicte la leur au travers du dogme irréfragable de "l'espérance de vie". Dans les lectures récentes, on apprend, grandes découvertes, que faire 15 minutes d'exercice quotidien par jour fait vivre plus longtemps http://www.slate.fr/lien/42577/bonne-sante-quinze-minutes... ou ailleurs que regarder la télé trop longtemps vous rend si oisif que vous mourrez plus vite http://www.slate.fr/lien/42503/tele-esperance-vie 

Vouloir vivre plus longtemps et en meilleur santé, objectivement, il faudrait vraiment être mal luné pour aller contre. Cela dit "l'espérance de vie" en tant qu'indicateur arithmétique neutre et froid, est débile. Car quelle vie ? Voudriez-vous vivre dans une bulle avec un tapis de sport, de l'eau minérale et pas de télé, où l'on vous ferait rentrer un partenaire sexuelle deux fois par semaine (réduit le cancer de la prostate pour les hommes ; l'enquête féminine n'existe pas) avec un verre de rouge - french paradox - sans un second, du poisson non grillé (cancer) de la viande rarement (artères); on laisserait filtrer une demie heure de soleil pour le teint (au delà mélanomes, cancers) vous donnerai un travail épanouissant mais pas stressant, donc ne jamais prendre un boulot de planqué (trop plat) ou ne jamais prendre d'initiatives (trop stressant) on prendra soin de rire 6 minutes par jour (un bout de sketch de Desproges ?) et ainsi de suite...

Il nous faudrait un de nos écrivains obsessionnels, un Régis Jauffret, pour compiler toutes les études et les conseils sur l'espérance de vie pour les aligner bout à bout et montrer le caractère proprement absurde de ces vies dites "espérées", personne ne voudrait les vivre... Regarder les centenaires qui sucent des têtes de maquereaux, ont-ils l'air heureux ? Quitte à s'auto-détruire, qui ne préférerait vivre la soixantaine d'années qu'a vécu Gainsbourg ? Churchill avait une hygiène de vie discrètement monacale et n'en a pas moins bien profité. Hier, dans le film de Téchiné, une femme de 70 ans regarde Bouquet, lui explique qu'elle savait que sa viendrait, vodka, clopes rythmant ses journées mais elle lui dit "ne t'inquiète pas j'en ai bien profité". Personnellement, je voterai pour un candidat me proposant une "trajectoire de vie profitable".

L'obsolescence et surtout l'aberration arithmétique de nos indicateurs me laisse parfois pantois. Que fait-on encore avec le PIB ? Il y a 50 ans déjà, Bob Kennedy en disait cela "le PIB peut tout mesurer. Sauf l'amour, l'amitié, la passion, l'éducation... Bref, tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécu" . Inutile de dire que les promoteurs du PIB sont les mêmes que ceux de "l'espérance de vie".

Surtout, le PIB ne se focalise que sur la création de richesses, ce qui induit que lorsque Xynthia ou Katrina surviennent, on calcule les maisons à reconstruire... C'est tellement débile que la seule raison de sa résistance aujourd'hui est que l'on a pas encore trouvé comment matérialiser les réflexions de Sen, Stiglitz ou Patrick Viveret (cocorico quand même) de créer une espèce de BNB: du bonheur national brut. Dans une excellente "controverse du progrès" Jean-François Khan et Cécile Duflot ferraillent la dessus dans une discussion non cadenassée, non formatée, et du coup assez agréablement surprenante : 

http://www.dailymotion.com/video/xcm16x_controverses-du-p...

Un jeune homme du nom d'Alexandre Jost est même persuadé que le BNB est l'alpha et l'oméga du futur, il a alors eu l'idée d'y consacrer un think tank (un think bike m'aurait semblé plus indiqué) sous le patronage de Baruch Spinoza et qui veut mesurer le bien être http://www.fabriquespinoza.org/ d'après son baromètre, nous serions le 28ème pays le plus heureux au monde. Comme nous devons être le 18ème plus riche par habitant, il y a  problème. Par habitant, ça place le Luxembourg en tête, devant la Norvège et le Qatar (si vous voulez déménager). Bon, le think tank du bien être tout cela m'a l'air aussi casher scientifiquement que le programme économique de Nicolas Dupont-Aignan, mais quitte à croire écoutées des billevesées chiffrées, celles-ci me plaisent bien plus...

Demain, nous rappellerons qu'en art lorsque la base est fétide, les adaptateurs ne peuvent rien : partir d'une bouse de Djian et arriver à un film qui se laisse voir c'est déjà une prouesse, monsieur Téchiné. 

 

 

17/08/2011

Le passage menchevik assure-t-il la victoire à Hollande en 2012 ?

p09_oktober_8_(800_x_600).jpgCeci n'est ni une pipe ni un billet d'opinion. Personnellement, il est fort probable (à moins d'un événement extraordinaire en fait, type un infarctus de JLM) que je vote Mélenchon au premier tour de la présidentielle et je me rendrais à la primaire socialiste pour voter Martine Aubry. Donner Hollande comme vainqueur n'est donc pas un souhait, mais une croyance qui s'ancre un peu au quotidien. Ce serait donc mon troisième choix (de loin...) mais s'il remporte la primaire, je voterai avec lui au second tour sans regret. 

Depuis que la France élit son Président au suffrage universel, le vainqueur à toujours connu un passage Menchevik qui l'a sauvé en le reliant au peuple, en lui donnant l'audace de proposer et en le mithridatisant contre la peur de la défaite. Il y a deux exceptions, mais qui légitiment encore plus la règle (très français...) : Pompidou est l'enfant légitime de De Gaulle et n'a eu qu'à se présenter sous cette couverture pour être élu. Giscard a tenté le coup de la modernité dans une France qui n'avait pas tant aimé 68 que cela. Passé en 74. Raté en 81...

Tous les autres, donc, sans exception, ont dû leur salut au fait d'avoir touché le fond. De Gaulle est au sommet de popularité en 1946, mais rate son OPA sur le pouvoir et doit attendre 58 pour revenir. Les douze années d'attente lui ont permis de se faire désirer et patiner son costume de général pour être accueilli comme l'homme providentiel, que sept années d'exercice du pouvoir n'éroderont pas : 1965, élu triomphalement. Triomphalement car il a traversé des épreuves qui lui permettaient de se penser invulnérable et d'étouffer l'opposition avec la gloutonnerie d'un Moloch. Le peuple aimait cet homme seul très entouré. Elle n'avait pas voulu de son coup "au dessus des partis" mais appréciait qu'il n'en ait pas besoin. Paradoxe français: on veut l'ascenseur dans l'immeuble à condition que le champion soit capable de prendre l'escalier. 

1969, il part sur un coup de tête, il bougonne. Arrive le pompidolien qui n'a pas d'homme providentiel en face ou alors j'ai raté quelque chose sur la vie de Poher. Pour gagner il lui suffit de coller un autocollant sur sa veste "ça vous plaît, bah c'est De Gaulle qui m'a fait". Hop, élu.

1974, Giscard affronte Mitterrand qui n'a pas encore embrassé son destin providentiel. Il a certes fait fort, bien mieux que prévu même en 1965, mais il a raté mai 68, dommage pour un leader de gauche. Pour reprendre la légitimité,  il a du reprendre la mécanique et penser à maîtriser son jeune PS, crée en 1971 et puis il faut affronter le PC. Il perd d'un souffle, mais perd aussi la faveur des enquêtes d'opinion. On le dit trop vieux. Ce qui le sauvra. Celui qui est mort 100 fois, a réussi à maquiller ses amitiés vichystes (qui fleurit la tombe de Pétain jusqu'en 1994 et qu'il faut attendre Chirac pour cesser cette infamie ?) son auto-attentat foireux de 1959, ses sympathies coloniales et réussit un 101ème tour de force : le congrès de Metz. Après avoir blousé tout le monde en 1971 à Epinay en rassemblant gauche et droite du mouvement pour étouffer les légitimistes, il joue la force contre l'opinion en 1978 et écrase Rocard, archi-favori des médias qui méprise Mitterrand qu'il sous-estime. La foi absolue de Mitterrand dans sa capacité à gagner, il la puise dans le fait qu'il a tutoyé si souvent le vide que cela ne lui fait pas peur et il triomphe des épiciers qui compte les marocains en cas de victoire. 1981, round 1, 1988 round 2 avec un violent 54% contre le pauvre Chirac. Comme pour De Gaulle, Mitterrand a une cour autour de lui, mais peu (Lang, Dumas, Lauvergeon, Vedrine, Fabius et Rousselet) à qui il conserve une amitié indéfectible. Il ne côtoie pas, l'opposition n'existe même pas, il a délaissé le PS depuis qu'il n'en a plus besoin et dans l'opposition seuls l'intéresse Chirac puis Balladur avec qui il bavarde au sujet de la cohabitation. Mitterrand n'avait plus la force de monter l'escalier, mais en Machiavel du XXème, il s'est fait construire un ascenseur à l'abri des regards dont lui seul avait la clé. Personne ne l'a pris après son départ du pouvoir en 1995.

Chirac martyrisé, Chirac humilié, mais Chirac libéré des pesanteurs partisanes. C'est d'être seul, lâché de ses amis d'hier qui permettent à cet autre phénix, capable de prendre le parti devant des foules hostiles de triompher en 1995. Etre donné à moins de 10 % au premier tour en décembre 1994 lui permet de porter les idées iconoclastes qui font mouche dans le peuple: dîner avec Marc Ladreit de Lacharrière qui convie un démographe très écouté mais peu courtisan, Emmanuel Todd qui parle de la "fracture sociale". L'idée d'un rapprochement libéral social s'incarne chez l'escogriffe corrézien qui dézingue aisément l'orléanais Balladur... Ensuite ? Chirac est un solitaire qui se soigne. Un affectif qui boit des coups et protège son clan à grands renforts d'emplois peu actifs, d'appartement aux loyers extrêmement modérés et autres prébendes à la tête d'agence fantoche. Pas par rouerie, pour s'entendre dire qu'on l'aime ; s'il compte sur Bernadette, c'est pas gagné... Ce traducteur méconnu de Pouchkine connaissait son histoire russe et ne s'est jamais inquiété lorsqu'il fut dans la posture Menchévik, au grand dam de tous ceux qui voulaient le faire trembler.

Commenter 2002 ? I would rather not too... Je persiste simplement à penser que tous ceux qui ont voté pour des candidats ayant voté 5 années de législature Jospin soit Mamère, Chevenement, Hue ou Taubira peuvent continuer à se sentir bien merdeux et coupables d'avoir fait perdre le meilleur bilan gouvernemental de ces vingt dernières années...

2007. Là encore Sarkozy n'est pas le patron de la droite, c'est un homme de clan et de sang ayant martyrisé une UMP qui attendait un chef et a élu celui qu'elle avait le plus conspué. Se souvenir des européennes de 1999 où il s'est pris une mandale comme peu d'autres avant ou depuis. Conduire une liste avec Madelin et finir derrière l'UDF (en ce temps là le MODEM n'existait même pas)... Plus personne ne lui parle à part Karl Zéro. Il porte ses blazers minables et tout le monde le traite comme un beauf vulgaire, traître au petit pied en hommage à  1993. Ils tressent sans le savoir les lauriers de sa victoire: Sarkozy passe ses journées à ruminer ses défaites, exsude sa haine dans le footing, rencontre et interroge tout ce qui sort du sérail. Peu aimé sous Chirac, mais ayant séduit toute une presse en mal d'histoires, il se rend indispensable tout seul. De 2002 à 2007, il n'a pas d'amis aux gouvernements. Il méprise Raffarin, déteste Juppé, Villepin, prend Douste pour un con, vomit MAM. Il est seul et il jubile, ça lui permet de recruter Emmanuelle Mignon, Guaino et de chercher les idées dont personne ne veut. On connaît, malheureusement, la suite.

6 mai 2012. Sarkozy n'est plus menchevik. Il ne peut jouer cela, d'ailleurs. Contrairement à Mitterrand en 1988 qu'il rêve de singer, il n'a pas l'aura du sage,  et n'a pas le courage d'y aller seul après avoir été trop critiqué pour sa gestion autarcique du pouvoir. Il a composé avec l'UMP, pactisé avec l'UMP qu'il secoue comme un talisman pour se protéger du FN, de l'ARES (Boorlo) de Bayrou... Ridicule. Du coup, il s'abaisse à demander de l'aide à ses ennemis de l'intérieur, Bolchéviks (au sens majoritaire uniquement) Copé, Le Maire qui s'occupe de son programme. Mais le Maire n'est pas iconoclaste, c'est un techno qui n'aura pas les lignes de failles dont un candidat à besoin.

Et en face ? L'illuminée picto-charentaise est seule, c'est vrai. Mais elle déambule seule en camisole ce qui ne facilite pas la rencontre avec le peuple. Aubry, je le crains, n'y arrivera pas. Elle ne veut pas y aller et ça se voit beaucoup malgré son excellente tribune sur la règle d'or. Elle a des idées, de gauche en plus, mais veut Matignon ou Valois. Elle a connu son moment de solitude (défaites aux législatives 2002) mais s'est recentrée sur sa mairie pour renaître. Comme Royal. La théorie du laboratoire des bonnes pratiques à fait long feu. Face à une crise mondiale, l'argument de "ce que j'ai fait pour Décathlon et Bonduelle, je le ferais pour Total et Axa" ne prend pas. Par ailleurs, elle s'est blolchévisé en 2008. Difficilement en plus, contre son coeur. Mais elle combine et cela se voit dans son staff dont elle est proche. Trop de boulets à traîner, de Bartolone à Cambadélis...

Reste Hollande. Monsieur 1% d'opinions favorables dans la primaire il y a un an et demi. Monsieur trois ans de moquerie sur ses 10 ans de gestion de Solférino. Monsieur "petites blagues" comme disait Fabius. Tout cela est vrai. Comme il est sans doute vrai qu'il ne savait pas faire bosser Solférino comme Aubry. Trop coulant, trop souple, trop élastique. Mais ce sera sa force pour 2012, il n'a rien à craindre ni à perdre. Il retournera dans sa Corrèze ou empochera le Zambèze. Autour de lui, des vagues de plus en plus hautes de soutien qui l'encadrent et le portent mais ne le noient pas: aucun soutien ne parle plus haut que lui, il fonce seul. Par ailleurs, d'avoir été blackboulé ainsi en 2008 lui a donné un avantage de taille sur les autres: il a renouvelé le cheptel des experts... A part Camille Peugny qui soutient Aubry, tous les experts autour d'Aubry et de Royal étaient là en 2007, 2002, 1995... Wieworka, Daniel Cohen, Rosenvallon dans l'ombre...

Hollande n'avait plus accès à eux ? Tant mieux, il est allé chercher le jeune et brillant Nicolas Duvoux (sociologue EHESS) dont la voix détone sur les jeunes. Il est allé voir l'épouvantail Bernard Maris, Charlie Hebdo et France Inter mais aux analyses économiques non polissées dans un contexte qui attend cela. Ca donne un "contrat de génération" ou juniors et seniors se redonnent la main dans une entreprise qui a besoin elle aussi de retrouver ses deux bouts de la chaîne car elles crèvent de n'être  que trentenaires et quadra....

François Hollande va ralentir la foulée, lui seul sait où il a mis le raccourci avec lequel il doublera tous les autres, les autres s'agiteront et lui répétera inlassablement à la Nation : je suis avec vous d'une voix de plus en plus effacée. Mais tout le monde sait que les enfants qui gueulent prennent des claques et exaspèrent quand ceux qui parlent doucement sont écoutés comme l'oracle.  

16/08/2011

Portrait de la capitulation financière en nouveau Munich

munichnew.jpgPour ceux qui ont profité de l'été pour lire "le XXème siècle pour les nuls" et pour tous ceux qui n'en ont évidemment pas besoin, vous aurez tous reconnus sur la photo ci-contre nos champions souriants naturellement pour deux, plus crispés pour deux autres.

Vous vous souvenez, l'allemand nerveux et l'italien faussement rigolard, qui avaient forcé Daladier et Chamberlain à de peu glorieux accords. On avait alors parlé de "lâche soulagement". Depuis la fin de la guerre froide et l'impossibilité de traiter son adversaire de "pourriture impérialiste" ou de "vipère stalinienne", le munichois occupe une place de choix dans l'injure.

Libération en raffole et en colle un ou deux par numéro "cet accord munichois grave dans le marbre le sort des salariés précaires, qui finiront victimes des délocalisations" ; "Aubry et les choix munichois des courants". Avec tout ça, on s'éloigne un peu du sens originel qui consiste en des concessions très larges (les Sudettes) à un détraqué en lui demandant de ne pas agresser les gentils démocrates. On connaît la suite. Dans un monde apaisé entre les pays développés (les autres s'entre-tuent, mais se souvenir de la règle de Manille : 10 00 sur cette île valent moins qu'un seul dans le XVIIIème à Paris...) nos grandes batailles et espérances sont financières et la situation actuelle ressemble à un nouveau Munich

Triste destin pour les plus hargneux des hommes nés après 1945, ne pouvoir être eux aussi des spadassins adulés, des héros de guerre. La paix aura duré une grosse génération, mais dès les années 1980 , les plus excités d'entre eux ont refusé l'armistice, se sont armés de leur école de commerce ou d'ingénieur et ont rejoint les rangs des "nouveaux conquérants" comme était sous-titré le magazine Challenges en référence aux hommes d'affaires... Ils sont allés sur les bourbiers des salles de marchés et ont triomphé dans une guerre aveugle. Les généraux de droite privilégiaient historiquement cette théorie, mais, fait nouveau ils étaient rejoint par l'écrasante majorité de l'Etat-major socialiste. Aux grenades immobilières, ils répliquèrent par des tirs de mortiers de produits dérivés. Voyant que l'ennemi social bougeait encore, ils ont frénétiquement déversé des monceaux d'armes chimiques qu'ils ne maîtrisaient plus ; des subprimes, de la spéculation sur les matières premières, le climat, les nouvelles technologies, l'éducation des enfants... Mais les gazs chimiques de leurs propres armes se retournèrent contre eux et ils étouffèrent et tombèrent inanimés en 2008. 

Les arbitres étatiques vinrent siffler la fin de la partie. Ils agitèrent le drapeau blanc de non agression et prodiguèrent les premiers soins. Les troupes étaient salement amochées. Mais les arbitres les sauvèrent avec une générosité inouïe en leur donnant leur propre sang. En retour à cette incroyable bonté, ils demandèrent une seule chose : une fois rétablis, les nervis devaient ne pas réattaquer, eux mêmes n'y survivrait pas d'ailleurs.

Les arbitres avaient pourtant d'autre choix que de sauver ces bêtes. L'un, sadique : abattre ces tigres fous et inéducables de la finance. Mais on ne fait pas cela chez les démocrates. Alors, les désarmer, leur couper les griffes en quelque sorte. Mais, en bon rousseauistes, ils firent confiance... A Munich aussi, ils firent confiance avec la même absurde crédulité dans la bonté des fauves. Demandez à un tigre de ne pas planter ses crocs dans un gnou ? Mais non, il le lacère, c'est dans sa nature. Comme le scorpion qui pique la grenouille au milieu du point d'eau. Alors les spadassins se sont relevés, groggy quelques mois ils tirèrent encore plus à l'aveugle en vidant leurs chargeurs sans trop savoir ce qu'ils contiennent : de la spéculation sur les dettes publiques, des bombes à fragmentation sur les finances publiques. Tout est question de manipulation et de bluff dans les deux camps, mais les snipers n'en ont plus pour longtemps à vivre. A ce rythme, ils arrêteront de tirer quand toute la planète sera à terre. Car leurs balles, cette fois, touche les arbitres qui vont avoir plus de mal à les empêcher de perpétuer le massacre tant ils sont anémiés par leur sauvetage récent.

Heureusement, comme les super-héros, les arbitres sont animés par un pouvoir magique: la volonté humaine. Avec ce super pouvoir, ils peuvent se relever le corps criblé de dettes et tordre les armes des tigres des marchés. Déjà, certains alliés objectifs des tigres donnent des trucs aux arbitres:

http://www.liberation.fr/c/01012354331-c 

Buffet est chaud (pardon...) mais il n'est pas le seul. Qu'un seul vienne et les autres suivront et les encore autres, il ne faudra pas leur laisser le choix en allant récupérer le grisbi là où il est. Panser ses plaies qui affecte des centaines de millions d'innocents et les protéger en piétinant les quelques milliers de salopards qui tirent à l'aveugle. Déjà, au XIXème siècle, Pétrus Borel désignait la bourse par cette expression "le casino des fous". Quand on voit ce ques ces établissements font aux sains d'esprit, la méfiance aurait dû être de mise.

Alors, quitte à piocher dans l'histoire, on aimerait pouvoir réécrire la fable des Etats et des marchés en nouveau Yalta. Ouaip, comme disent ceux qu'il faut s'y mettre Yalta faut qu'on...