06/04/2013
Quels papas et quelles mamans pour ces millions d'orphelins de gauche ?
C'était il y a un an à peine, c'était il y a un an seulement. La présidentielle et ses programmes. 3 forces à gauche, une triomphale, une désastreuse et une prometteuse. Bravo Hollande, tant pis Joly et hissez haut companero Melenchon. Curieux de voir ce que ces trois forces sont devenues en l'espace d'un an à peine.
La campagne d'Eva Joly fut une catastrophe continue et seules les quelques ronds de cuir bénéficiaires de l'accord électoral peuvent dire qu'ils sentent que l'écologie constitue une force politique qui monte. Pour le reste, depuis un an, les dossiers environnementaux ont tous déserté l'agenda. Rajoutez l'Ayrautport et la facture écologique est même dégradée... Ne tirons pas sur une ambulance.
Pour Hollande, nous sommes des millions de cocus. Les lettres ouvertes et autres tribunes se multiplient sur le thème "François, on a pas voté pour ça". La première était signée Audrey Pulvar au sujet des Roms et de Manuel Valls et depuis on pourrait multiplier les philippiques dans le même sens, sur la politique fiscal, sur les stimulations à l'emploi, l'absence de grands débats sur la santé et autres... Lâché par sa gauche exaspérée de voir toutes les mesures prises pour le plus grand bonheur du MEDEF, Hollande a sans doute perdu beaucoup que cela avec l'implosion de Cahuzac cette semaine. D'ailleurs, nous n'en sommes sans doute qu'aux balbutiements des révélations dans cette affaire et si d'aventure Moscovici ou d'autres devaient exploser en plein vol, ils ne resteraient autour d'Hollande que la même bande de fidèles assez fêlés pour avoir cru en lui alors que DSK était toujours candidat aux primaires.
Vous me direz, EELV dans les choux et le PS en berne, quel boulevard pour le Front de Gauche. En théorie oui et après leur avoir donné ma voix l'an dernier avec beaucoup d'espérance, je constate, désolé, qu'ils s'alignent eux aussi sur les standards européens du populisme. C'est lamentable. L'an dernier, la campagne avait hissé haut les idées avec un livre programme vendu à plus de 400 000 exemplaires, des meetings gargantuesques et n'en déplaise aux détracteurs, une part belle aux idées uniquement. Mais depuis je ne sais ce qui se passe, mais c'est comme si le succès croissant de Beppe Grillo, asticotait Mélenchon. Passe quelques formules assassines, des panégyriques troublants sur Chavez, mais là, le coup de balai général, le "purificateur" et le retour de ce minable "qué se vayan todos". Là où il se trompe c'est que la gauche de combat de Lula et Roussef ne l'a pas emporté de la sorte au Brésil. Mais il faut surenchérir pense Mélenchon maintenant soutenu par Delapierre. Pierre Laurent avec son sens de l'autorité toute Ayraultienne ne parvient pas à les ramener à la raison... Quel gâchis ! La rhétorique de Mélenchon pédale trop vite, trop dur, trop folle... Je me fous des sondages, je me fous de savoir si le Front de Gauche remonte avec ça, j'espère juste que non, que nous sommes des millions d'orphelins de gauche à espérer que de nouveaux papas et de nouvelles mamans, animés par l'esprit du Collectif Roosevelt 2012 par exemple, nous mène vers de meilleurs lendemains.
Sur ce, il nous faut boire pour oublier et ça tombe bien, demain y a pas école...
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04/04/2013
Un Cahuzac d'école ?
Au fond l'affaire Cahuzac est-elle aussi neuve qu'on veut bien nous le dire ? Depuis le scandale de Panama la France n'a-t-elle pas connu un nombre de scandales politiques plus grand que les conquêtes de Julio Iglesias ? Pourquoi celle-là ferait-elle exception ? Parce qu'il a menti ? Quand j'étais petit, Coluche pliait la France avec une blague, "la différence entre les hommes politiques et les oiseaux, c'est que parfois les oiseaux s'arrêtent de voler". Parce qu'il a fraudé ? Ayons la décence de ne pas répondre à cela. Parce qu'il est un ministre dit de gauche ? En la matière, il convient d'appeler monsieur Cahuzac une petite frappe si on met en parallèle ces trucs de joueur de bonneteau avec un seigneur de l'entourloupe de la trempe de Roland Dumas... Non, tout cela ne tient pas, le cas Huzac est une énième affaire pas franchement différente des autres. A quelques détails près.
Le premier cas d'école est la célérité de la révélation. Cahuzac a craqué de lui même en quelques mois alors que rien ne pouvait le dénoncer d'autre que lui. Comme une espèce de petite frappe qui jure ses grands dieux qu'il n'a pas fait de conneries devant la maîtresse d'école, mais éclate en sanglots dès que l'inspecteur lui braque une lumière dans les yeux. Dans les scandales précédemment cités, la détonation médiatique et judiciaire avait souvent lieu dix ou quinze ans après. Dumas fut inquiété quand il n'était plus ministre, l'affaire de la ville de Paris s'est ouverte alors que Jacques Chirac était Président, on ne finit pas de découvrir les secrets de la Mitterrandie et sans doute quand d'autres seront retirés apprendrons nous qu'ils se sont mal comportés...
Second enseignement, les spins doctors sont des tocards flambeurs se prenant pour des rois. Nous le savions déjà avec DSK, et espérons le demain avec Manuel Valls puisqu'ils ont le même : Stéphane Fouks. Lui et sa bande sont persuadés de pouvoir évoluer au dessus la mêlée et qu'il s'agit d'être malin. L'ego ravage tout en l'occurence : comme l'écrit Marcel Gauchet, aujourd'hui, la démocratie oppose le peuple qui montre son caractère inférieur en jouant les règles du jeu et une élite capable de s'en affranchir. Savoir tricher avec les règles fiscales devient aujourd'hui un signe extérieur de richesse. Sauf que se faire toper ne devient plus être un mauvais mais de l'injustice et de l'acharnement car ils craignent pour eux. Les enjeux liés à la fraude sont colossaux et Cahuzac avec ses 600 000 euros n'est qu'un symptôme. La veille les créateurs de Dolce & Gabbana se sont fait chopé et condamnés à payer 343 millions d'euros d'amende pour fraude fiscale...
Troisième enseignement, et j'espère qu'il sera creusé : pas d'oie blanche au FN. L'homme qui a ouvert le compte de Cahuzac en Suisse est un conseiller de Marine le Pen, ex du Gud. J'espère que Plenel auréolé de nouveaux lauriers de limier ira fouiller plus avant sur la fortune du clan le Pen.
Voilà, encore quelques semaines dans l'oeil du cyclone et pour peu que le soleil revienne enfin dans le ciel de France, et on aura un nouveau sujet de conversation au bistrot.
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02/04/2013
Et si le vrai luxe, c'était l'unplugged ?
La première chose qui vous frappe en rentrant de 3 jours de week-end démolition, c'est le dos. Le cou aussi. Quand on n'a pas l'habitude, 3 jours à mettre des coups de masse dans les murs, à gratter, casser, déblayer et évacuer des monceaux de gravats, ça ravage. Mais c'est pourtant une douleur délicieuse, légère et dont on sait pertinemment qu'elle s'évacuera en deux jours, laps de temps pendant lequel on garde le souvenir charnel de moments rares : ceux où l'on a déconnecté.
C'était un week-end dans cette France sans transports en commun (la gare la plus proche est à 30 bornes), un bourg de 2500 âmes qui compte 8 coiffeurs et un PMU, mais aucune boulangerie ouverte le dimanche, ce qui nous obligea à nous rabattre sur du pain de mie (bio, c'est déjà ça). Le fou romantique qui a racheté une bâtisse du XVème siècle pour en faire sa demeure en même temps qu'une résidence artistique n'avait eu qu'un mot à dire : rappliquez. Et nous rappliquâmes. Il y avait ses amis de plus de 20 ans, avec qui ils se comprennent par clignement d'yeux (deux coups pour rhabille le verre de rouge, un coup pour le blanc). Ils ne se demandent pas de nouvelles du boulot (savent-ils bien ce qu'ils font les uns les autres ? Pas sûr) ou du petit dernier, mais s'amusent de tout plus que de rien et pour notre plus grande curiosité satisfaite, nous ont narré des cuites cosmiques prises à l'heure où les supermarchés de France se vidaient par peur de la 3ème quand l'Irak envahissait le Koweït. Il y avait les artistes perchés qui descendirent de leur univers onirique pour donner du burin. Et puis nous autres, les parisiens au quotidien faits de livres et de mots. De livres et de mots, non stop.
S'il serait malvenu de dire que nous travaillons trop, ou encore parler de notre pénibilité au travail quand on songe au quotidien des ouvriers du bâtiment qui éprouvent dans leur chair toute l'année ce que nous avons senti quelques 3 jours, nous souffrons malgré tout d'un mal insidieux : la surstimulation. Tous les jours à toute heure, nous recevons des messages, des injonctions à faire, lire, réfléchir et répondre. Un système pervers que nous entretenons, voir stimulons. Le temps de cerveau disponible, cher au regretté Patrick le Lay se réduit comme peau de chagrin. Difficile de dégager des idées autres, de se désintoxiquer du flux. Même lorsque l'on part courir, les idées s'entrechoquent et vous rattrapent jusqu'à la tombée de la nuit, moment idéal pour songer à tout ce qu'il y a à faire au réveil. Là, miracle, rien. Dormi du sommeil du juste comme en montagne. Lever sans rien d'autre qu'en tête qu'une envie d'un roboratif petit-déjeuner. Merveille des travaux, lorsqu'on les effectue, le cerveau déconnecte enfin complètement. On ne songe qu'au geste effectué et à celui qui suit. Pour autant, ce n'est pas une régression à un état primaire, au contraire : l'altruisme est de mise puisque l'on guette toujours le placement des autres pour éviter les éboulis intempestifs. Et puis, luxe de gourmet, notre hôte nous avait laissé quelques murs à casser. Le premier, solide, je l'ai abattu de vigoureux coups de masse. Alors, il a laissé place à un mur de briques esseulé, plus fragile. Si je ne pensais pouvoir en venir à bout en soufflant comme le loup des Petits Cochons, je voyais bien que les outils seraient peut être superfétatoires. Avec mon comparse Bertrand, nous testâmes la solidité du bout du pied et convaincus que cela pourrait suffire à faire tomber le mur, nous nous sommes mis à le zlataner. Lorsqu'au quatrième coup de tatane, le mur s'effondrait entièrement, le bruit des briques fracassées fut rapidement surpassé par celui de nos rires enfantins surmultipliés par des cordes vocales adultes. Pour un instant, pour un instant seulement, c'était beau et con à la fois. Et nous y reviendrons pour cela. Merci camarade Erwan, tu appelles quand tu veux.
08:29 | Lien permanent | Commentaires (2)