22/01/2014
IVG, l'immonde opposition
Quand la France semble se débattre avec une énergie inouïe autour de l'éternelle question "peut-on rire de tout ? ", il semblerait que l'on puisse s'époumoner un peu plus largement pour se demander si l'on doit débattre de tout. Il y a environ 1000 sujets sur lesquels droite et gauche peuvent s'écharper joyeusement, pourquoi tenter au forceps, et en dépit de toute rationalité, de s'en infliger un 1001ème ?
Merci à tous les socialistes d'avoir tenu bon hier à l'Assemblée et d'avoir fait passer une loi de bon sens. Mais que penser des quelques renégats de l'intérêt général qui ont osé s'opposer au projet de loi et surtout, aux 14 salopards qui ont brandi un amendement demandant le déremboursement de l'IVG ? Le propos polémique du texte était de supprimer la notion de détresse contenu dans la loi Veil. Les contradicteurs ont osé y voir un encouragement à l'IVG ou du confort. Christian Jacob, jamais avare d'une outrance verbale, a déclaré que jamais une française n'avait été empêché d'avorter. La belle plaisanterie...
Sous Sarkozy, les planning familiaux ont connu des réductions budgétaires sévères et certaines voix les aurait même bien vu disparaître. Le vrai scandale était déjà là, attenter à la santé économique de véritables institutions d'intérêt général qui aident les mineures à s'informer. Car c'est à elles, majoritairement, qu'il faut penser. Les débats arithmétiques sur les cas de détresse sont sans fin et sans fondement : viol, agression, contrainte, couple séparée, bêtise, contraception défectueuse... A une époque où les occidentaux ont de plus en plus de mal à se reproduire, ceux qui décident de ne pas conserver un enfant ont forcément des bonnes raisons qui les regardent. Les salopards qui parlent de confort n'ont pas connu les couloirs hospitaliers ou tenu la main de celles qui sont passées par là. Délaissons cela et concentrons nous sur les mineures.
Nous avons 4 fois moins de grossesses chez les mineures qu'au Royaume-Uni et 10 fois moins qu'aux Etats-Unis. On sait que celle-ci débouche massivement sur une séparation des couples dans les 2 années suivantes, quand le père n'est pas parti avant l'accouchement. Sans parler des conséquences évidentes sur la scolarisation. Les "bons pères de familles" ceux-là même qui hurlent à la disparition de cette expression surannée dans le code civil, voudraient-ils cela pour leurs filles ? Considéreraient-ils que ce n'est pas grave, que tout enfant venant au monde est une bénédiction ? Christian Jacob et Jean-François Copé verrait-il avec ravissement leurs filles grandir comme mère célibataire à 16 ans ? Non, toutes les vies ne se valent pas et quand on a le droit, la liberté de choisir de ne pas s'embarquer dans un calvaire, il faut se battre coûte que coûte pour le garder.
Crozier disait à raison au sujet de l'économie qu'on ne gouverne pas par décret. Pour cela, la pensée magique décrétant que telle mesure fiscale créera ou supprimera tant d'emplois, relève du mensonge éhonté. La grandeur des lois est parfois moins visible, mais plus forte en ce qu'elle permet à l'éventail des destins de se déployer pleinement. Merci la gauche.
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21/01/2014
L'insoutenable impatience du Front de Gauche
Depuis la conférence de presse de François Hollande, la gauche compte des nouveaux millions de cocus, ou plus modestement, déçus. Et malheureusement, de nouveaux millions d'orphelins. Car le long lamento de toutes les âmes de gauche qui votent socialistes sont comme dans deux ronds de flan en songeant aux opportunités de ce qui s'offrent à eux. Quitter Solférino, soit, mais pour aller ou ?
Pas la peine d'aller à l'UDI ou à l'UMP, le pacte de responsabilité du Président comprenant mot pour mot les propositions des partis de droite. C'est le triomphe de la ligne Macron, l'ancien sémillant banquier de Rotschild, et étonnement ce dernier n'a pas cherché à faire trébucher la finance. Incroyable.
EELV a implosé en vol. Triomphant lors des élections intermédiaires entre 2007 et 2012, avec un pic aux européennes de 2009, le parti profitait de l'effet Grenelle, de la prise de conscience des enjeux internationaux de dérèglement climatique et de la ligne très ferme du parti sur la question des conflits d'intérêts, du cumul et autres magouilles. Hélas, l'arrivée de ce Mazarin de sous Préfecture, Jean-Vincent Placé a fait basculer le parti dans une logique mainstream de gros parti déconnant. Siphonnant les fonds de la formation pour payer des copains, imposant les compagnes et les compagnons de partout, EELV a distribué la rente des élections européennes en oubliant ses fondamentaux. Ils se sont ensuite vendus au PS en 2011 sans contrepartie programmatique forte. La campagne calamiteuse d'EVA Joly a fragilisé l'édifice. Les ministres en place sont sous liberté surveillée et en légitimité restreinte du fait des 2,3% de la juge. Depuis Hollande s'assied joyeusement sur toutes ces promesses concernant le nucléaire, le financement des renouvelables, la fiscalité écologique et même, Notre Dame des Landes... Circulez.
Reste donc un parti, un mouvement, un rassemblement des bonnes volontés qui devait empocher la mise. Sans souci. Taking candy from a baby. Alliance du Parti de Gauche naissant et de l'historique PCF, le Front de Gauche rassemblait deux boiteux qui unissait leurs forces dans un programme, l'humain d'abord. La montée en puissance de ce programme et non pas de Mélenchon permettait d'aboutir à un inespéré il y a quelques années 11,10%. De deux choses l'une, soit Hollande remplissait sa promesse sociale et ce socle de contestation, cette soif d'alternative de changement social, s'étiolait lentement, soit Hollande s'asseyait sur sa campagne et il y avait un boulevard. Plus qu'en Allemagne avec la création de die linke, la création d'un pôle de gauche radicale à même d'être aisément majoritaire. Nombre de modérés du PS pouvaient faire sécession, rendant intenable la position du chef de l'Etat. Les élections intermédiaires servaient à dépouiller le PS pour arriver en 2017 avec un parti historique en guenille et un Front de Gauche en ordre de marche pour gouverner.
Hélas, triplement hélas, je m'égare. Obnubilé par le FN plutôt que par le programme, lancé dans une vilaine quête personnelle, Mélenchon a tout siphonné, détruit toute la crédibilité du Front de Gauche en le cantonnant au rôle de pitre. En ce jour anniversaire de la mort de Lénine (et de Louis XVI, je sais), mon coeur saigne. Monsieur Mélenchon, vous êtes un sale gosse qui vient de briser un jouet qui ne lui appartenait pas : la propriété des idées politiques, c'est le vol. Et merde...
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16/01/2014
La dangereuse vague sur laquelle surfe l'UMP
Rendons grâce à l'UDI et au MODEM. C'est suffisamment rare. Eux qu'on accuse toujours de finasser, de ne jamais être contents ou de louvoyer, ont enfin trouver leur grand vizir. L'homme providentiel qui les comble de joie : François Hollande. Boorlo a une remarque constructive ; il demande des engagements par écrit. Pour des engagements d'une telle ampleur, cela n'a rien d'insultant. Si l'on y songe un instant, le Président de la République s'est tout de même dit publiquement qu'il voulait baisser la dépense publique de 4% en 3 ans et demi. Pour la même promesse -non tenue- à l'échelle d'un quinquennat, Sarkozy en 2007 s'était vu traité de Thatcher français. Difficile de trouver encore une goutte de sang de gauche chez Hollande.
Les 35 milliards de baisses de charges patronales ne seront pas compensées par autre choses que des économies. Cette année, Hollande adresse ses voeux à la presse, aux corps constitués, aux religieux et aux militaires et zappe les voeux à l'éducation ou à la culture. Même en termes de symbole, ce président à tout abandonné des oripeaux de la gauche honteuse. D'ailleurs, la première décision de l'année était un recul sur la PMA. Je pense qu'on peut arrêter le jeu de massacre à ce point.
A part l'UDI, toutes les voix de droite (moins le FN antisystème et sur ce point, toujours capable de hurler) tout l'UMP aurait du trouver un moyen de saluer l'avancée. Faire une pause. Dire "nous verrons bien comment s'amorce les choses, mais que vous voulez qu'on dise d'autre ? C'est notre programme". Raffarin le madré s'y est risqué. Mais on peut lire dans les philippiques de Bruno le Maire (dommage) ou bien pire de Jean-François Copé et Xavier Bertrand la mauvaise foi portée à un niveau inédit. Manque de méthode, d'efficacité, il y a d'autres problèmes, il a sa cravate de travers...
Outre que d'un point de vue argumentatif, cela ne tient pas debout une demie-seconde, c'est particulièrement irresponsable d'un point de vue d'aspirants aux statut d'hommes d'Etat. Le dernier baromètre du CEVIPOF souligne un degré inédit de défiance des français vis-à-vis de leurs élites. Et là, pour des histoires de boutiquailleries, à deux mois des municipales, l'UMP ne peut pas unanimement applaudir à son propre discours ? On voudrait en rajouter au foutoir ambiant qu'on ne s'y prendrait pas autrement....
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