17/12/2020
L'occasion d'un mea culpa
La posititvité au Covid d'Emmanuel Macron pourrait être une excellente nouvelle, politiquement et démocratiquement. Sanitairement, le jeune président en pleine forme et hyper suivi pourra bosser comme d'habitude, c'est un non sujet. Mais démocratiquement, cela pourrait être l'occasion d'un sursaut, si d'aventure il se livrait à un mea culpa.
Depuis huit mois que ce virus se promène, nos dirigeants ignorent l'aléatoire et nous parle comme à des garnements, nous grondent sans cesse. C'est le préfet Lallement qui disait aux malades en réanimation qu'il "l'avait bien cherché en ne respectant pas le confinement", c'est Richard Ferrand, récemment qui renchérissait, "Si on est malade c'est qu'on n'aura pas fait aussi attention que nécessaire(...)Nous devons être en grande vigilance(...). Ce n'est pas une question de faute, c'est une question de responsabilité" . Et voilà que Jupiter lui même est malade, diantre !
On apprenait que la veille au soir (et il est sans doute testé très souvent) il a dîné avec 8 autres hommes. Pas une femme (l'égalité grande cause, épisode 8 437...). Huit hommes : Castex, Ferrand, Guérini, Kholer, Séjourné, Mignola, Castaner, Solère. Neuf convives qui ont dîné pour refaire le monde et les élections jusqu'à 00h30. Ce dont nous rêvons tous, mais qu'on nous interdit, ne sortez pas après 20h, bonnes gens, le virus rôde !
Nos dirigeants ont tout autant envie de vivre que les autres, mais plus de moyens de le faire. Quand on gronde la population, il faut être au-delà de l'exemplaire. Je souhaite un bon rétablissement au Président et ne lui souhaite pas de mener une vie recluse après sa quarantaine à observer strictement. Je ne souhaite à personne d'avoir une vie de Trappiste (ni d'Amish, soit dit en passant...), ce sont des gens qui n'aiment pas la vie. Il faut que la vie reprenne le dessus. Pour toutes et tous. Qu'ils concèdent une bonne fois pour toutes que ce truc circule, qu'on doit toutes et tous être prudents, mais qu'on nous laisse vivre, qu'on nous laisse refaire le monde et qu'on arrête de nous sermonner. Je ne peux imaginer plus beau cadeau de Noël.
13:40 | Lien permanent | Commentaires (8)
15/12/2020
Référendumb
Interrogée lors d'une Conférence Up sur le possible référendum suivant la convention citoyenne pour le climat , Quitterie de Villepin disait que ça ne constituerait pas une avancée démocratique, au contraire. "Il faut un vote du Parlement. Les citoyens ont travaillé et produit des propositions intéressantes, que le Parlement avalise ou se dédise". Elle avait -comme toujours- raison. Avec élégance, elle ne tançait pas les promoteurs de ce référendum (Cyril Dion en premier chef) qui pensaient jouer l'opinion contre le Président et qui voient le piège se refermer sur eux. Car enfin, le travail est fait, les mesures concrètes sont là, les propositions à acter présentes : oui ou non une taxation sur les dividendes, oui ou non un moratoire sur la 5G, etc etc... Hier, Macron a rajouté un 783ème grand oral à son quinquennat et aux 150 propositions concrètes et dures, a répondu par un référendum flou et mou : "êtes-vous favorables à rajouter la défense du climat dans la Constitution ?"
Quelle régression... Il y a 15 ans, Chirac instaurait le principe de précaution dans la Constitution. Une avancée faible, mais qui a bloqué nombre de projets et qui a empêché Arnaud Montebourg de se lancer dans le gaz de schiste pour son redressement productif. Le principe de précaution était limité, mais au moins il avait des effets concrets. Mais "la défense du climat", voilà bien une ligne Maginot juridique si facile à contourner que Total pourra continuer à construire des usines de raffinerie d'huile de palme en vantant son "bio carburant". Misère...
Quels benêts fallait-il être pour demander un référendum non fermé. Que faire avec ça maintenant ? Voter contre un texte qui vante la protection du climat ? Impensable. S'abstenir ? Sans doute, oui, mais si le "NON" menace de l'emporter (ce qui, en l'espèce, correspondrait à un statu quo, pas à une régression, mais bonjour le symbole) la tentation d'aller voter "OUI" tout de même sera forte. Au final, quand bien même la détestation de Macron est folle et son bilan écologique nullissime, je vois mal comment il peut perdre ce référendum. Et une fois que ce texte sera passé, on ne pourra pas l'accuser de ne pas avoir pris la chose au sérieux. Pensez ! Il aura même modifié la Constitution...
Dans la même conférence que celle mentionnée initialement, Dominique Bourg rappelait qu'une forme de "populisme démocratique" consistait à demander des référendums pour tout et n'importe quoi. Le chercheur et soutien d'Urgence Écologie de souligner qu'il vit en Suisse ou on procède à des votations 3 ou 4 fois par an, et pas 150. Sur des textes étudiés en amont et avec des débouchés clairs.
Songeant au rapport accablant du Sénat soulignant que la suppression de l'ISF profite avant tout au 0,1% des plus favorisés des français, m'est avis que nous tenions là un objet référendaire parfait. Restait à voir la formulation, soit négative : "êtes-vous favorables au maintien de la suppression de l'ISF?" soit positive "souhaitez-vous le rétablissement de l'ISF ?".
Nous voilà avec un référendumb, un pile ou face dans lequel Macron gagne en pile et nous perdons la face...
09:18 | Lien permanent | Commentaires (8)
11/12/2020
Nous sommes toutes et tous patron.nes de boîtes de nuit
Clochermerle, edit 2020.
A l'aune du confinement, nous nous querellons et nous renouons avec ce sale pêché de l'envie. Envie de celui qui peut encore ouvrir, peut travailler, peut gagner de l'argent, peut vivre normalement... Les gens d'église ont hurlé quand on les empêchait de communier, puis se sont tus dès lors que les églises pouvaient accueillir des fidèles. Ils avaient une satisfaction catégorielle, une fois remplie, tant pis pour les autres. Tant pis pour les théâtres, les cinémas et les musées. Quand ceux-ci rouvriront, peut-être cesseront-ils de hurler contre l'inhumanité d'une politique qui oublie les restaurateurs et hôteliers. Quand ceux-ci, enfin, seront graciés, pourront rouvrir, songeront-ils encore à leurs camarades discothéquaires, fermés depuis neuf mois ? Pas sûr... Or, il nous faut le rappeler, le marteler, nous sommes tous dans la même houle, la même tempête, mais pas le même bateau. Certains d'entre nous ont des yachts ou des paquebots, d'autres des voiliers, d'autres des canoës et d'autres encore, se noient. Le seul problème, l'unique, c'est d'éviter les noyades et qu'avec les paquebots et les yachts, on porte secours à celles et ceux qui se noient sans réfléchir.
Depuis des années, j'ai beaucoup vu circuler sur les réseaux sociaux, comme une évidence, une citation du Pasteur Martin Niemöller à propos de la lâcheté des intellectuels allemands, face à la montée du nazisme : « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Et bien c'est ça qu'il faut faire. Faire bloc pour exiger la vie. La vie c'est l'ouverture, pas la claustration. Écoutez celles et ceux qui travaillent, elles et ils savent quand on les empêche... Les discothèques ne demandent pas d'ouverture aujourd'hui, elles demandent de la considération et des perspectives. Mais comment comprendre qu'elles soient fermées depuis 9 mois, qu'on les aient laissé fermées cet été, alors qu'elles font 50% de leur chiffres d'affaires sur ces trois mois ? A cette époque, dans nombre de pays, les boîtes de nuit ,étaient ouvertes sans que l'on ne déplore de nouvelles contaminations. Ces trois mois d'ouverture suffisaient à les sauver, à leur laisser la tête hors de l'eau, à donner fierté, reconnaissance, joie aux équipes, sans compter évidemment le gigantesque défouloir pour une jeunesse qui n'en peut mais. Pas chez nous.
"Les boîtes c'est trop compliqué, mais d'accord pour les restos. Non, mais là, les restos c'est trop chaud, mais OK pour les théâtres. Les théâtres, à la rigueur, mais les musées, ça me semble pas sérieux"... La claustration est un cercle vicieux que nous acceptons sans ciller, sans penser aux conséquences dramatiques pour celles et ceux à qui l'on dit qu'ils sont happés par le vice. Le cercle vertueux de l'ouverture est pourtant, là, à portée de décret. Tout le reste est littérature bureaucratique. Bien sûr qu'il y aura des arbitrages compliqués, des choix difficiles à faire, mais si la politique entre le mieux et le parfait, nous n'aurions pas besoin de nous réunir. Soyons réalistes, exigeons l'impensable réouverture totale.
21:57 | Lien permanent | Commentaires (6)