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16/03/2019

Comment ne pas voter blanc aux Européennes, quand on est de gauche ?

Longtemps j'ai regardé le vote blanc avec circonspection. Après tout, nous ne sommes pas dans un pays où le pouvoir est confisqué par une même personne depuis 40 ans comme au Cameroun, ou 25 comme comme en Algérie, avec des simulacres d'élections. Nous ne sommes pas non plus dans des pays à l'offre binaire comme les Etats-Unis ou l'Angleterre. Je peux comprendre qu'on peine à s'enflammer pour le changement social quand la personne sensée rassembler cette bannière s'appelle Tony Blair ou Hillary Clinton. Non, nous avons la chance du pluralisme, mais cette chance tourne aigre. 

Je n'ai jamais cru à la formule selon laquelle "trop d'impôts tue l'impôt" car elle bien souvent employée par ceux dont le seul but est d'en payer moins. En revanche, je crains que trop d'offre ne tue l'offre à gauche. On peut se permettre le luxe de la division quand on est à Montreuil et que la droite est ultra marginale. Mais au niveau national, pour des raisons diverses, le rapport de force doit nous intimer à une humilité immense et un nombre de listes restreint. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a six mois, un collectif avait proposé de faire discuter tout le monde pour éviter le désastre annoncé et voir quels sont les rassemblements possibles.

L'intéressant, dans la démarche de Place Publique, était dans la promesse qu'ils n'ont pas respectée (ça commence bien...) : mettre en avant des porteurs de projets, des acteurs engagés sur chaque sujet où ils sont concernés et mettre fin ainsi à une personnalisation mortifère. Résultat six mois après, non seulement ils n'ont rien fédéré, mais ils contribuent à la division puisque les partis qu'ils prétendent agréger (Radicaux de gauche, Nouvelle Donne) n'auraient jamais constitué une liste seuls et ils se rassemblent derrière la figure de Glucksmann qui avait dit qu'il ne lançait pas un mouvement pour se mettre en avant. Bingo... Au final, un mariage de cocus : le PS est mort et espère que ça ne se verra pas grâce au lifting qu'offre une tête de liste comme Glucksmann et Place Publique a raté son coup mais met la main sur les moyens logistiques et financiers du PS leur permettant de mener la campagne, ce qu'ils ne pouvaient faire seuls...

A côté des cocus, d'autres cocus : les écologistes. Tout le monde est d'accord à gauche pour dire que la question écologique doit dominer tout le reste et que c'est l'écologie qui guidera les droits sociaux futurs, qui guidera la justice sociale et fiscale future. Les mobilisations actuelles des jeunes rencontrent un succès à même de galvaniser les électeurs écolos. Mais qui choisir ? La France Insoumise a fait de la règle verte le pilier de son programme, mais ils ont tourné le dos à la gauche pour choisir et même revendiquer le "populisme, un retour systématique au peuple pour contourner des institutions antidémocratiques comme l'Union Européenne"... Peu engageant. Il y a aussi les écolos historiques, EELV, mais Jadot quitte aussi la gauche pour une écologie "centrale et compatible avec la libre entreprise et le marché". Merci pour le CETA vert et les cancers bios, Yannick.

Il y a aussi Benoît Hamon, mais j'ai toujours respecté la convention de Genève et ne tirerait donc pas sur une ambulance. Les communistes sont cohérents sur toute la ligne, mais une cohérence à 1% dans les sondages et ne cherchant pas une seconde à parler aux autres, est-ce raisonnable ? C'est triste, car ils ont le mérite d'indiquer un aiguillon. 

À une époque de guerre froide finissante, nombre de gens de droite sont rentrés en politique car ils ne se "sentaient pas de gauche". Sur des valeurs, des idées. Le communisme était leur repoussoir : ils ne voulaient pas de l'égalité, de l'alignement des salaires, de l'indistinction... Le projet de gauche les effrayait et renforçait leur envie de droite : mérite individuel contre collectif, charité contre solidarité, égalité des chances contre égalité, instruction contre éducation... Ça n'est pas mon choix, mais c'est une construction cohérente. Être de gauche, en revanche, se construisait sur un idéal : le progrès pour tous, le partage, la justice... Et puis avec la sociale-démocratie muant en progressisme, la gauche a oublié sa mission de tendre vers l'idéal pour se contenter de ne pas être de droite. 

Quand Google paye 1% d'impôt, celui qui propose 2% est vu comme dans le camp du progrès, nous en sommes là... Cette violence infinie appelle des réponses à l'avenant, radicales en inverse. Aux Etats-Unis, il a fallu l'effondrement définitif de l'aile progressiste des démocrates pour qu'enfin, la gauche se réveille. Chez nous, on finasse encore en tentant de donner une dernière chance à une gauche de droite appelant au rassemblement sur des bases, "pro migrants" (ce qui ne veut rien dire), "contre les inégalités" (Obama aussi, Macron aussi) et pour davantage d'égalité des chances. Où sont les exigences radicales de lutte contre le capitalisme prédateur et l'évasion fiscale, les mesures drastiques et contraignantes contre les écocidaires ? Pour rassembler, Place Publique s'est trompé de radicalité : ça n'est pas le programme de la France Insoumise (social démocrate bon teint, ils proposent des écarts de salaire de 1 à 20, pas de quoi effrayer Lénine) qui est populiste, mais leur rapport aux institutions aux contre pouvoirs et à la démocratie. Plutôt que de dire bêtement "ni Macron ni Mélenchon" il fallait inclure le programme Insoumis dans la convergence à gauche en ramenant les Insoumis sur les rivages de la démocratie. Raté. Tout le monde boude. Pas de raison que j'en fasse autrement. Des gens sont morts pour qu'on ait le droit de vote, je m'en servirai le 26 mai avec un bulletin blanc. 

 

 

 

10/03/2019

Si ça n'est pas de la corruption, ça y ressemble fortement

Suite aux déclarations de Marine le Pen selon lesquelles LREM était financé par Monsanto au Parlement européen, Le Monde est allé vérifier et la présidente du RN dit à peu près vrai. Le groupe au côté duquel siègera (ils n'y siègent pas encore, trop jeune, mais c'est la seule faute) LREM est bien financé par Bayer-Monsanto, et Disney, et Uber, et autres. Et ce, dans le plus strict respect de la légalité, mieux encore les partis y sont incités puisqu'ils doivent avoir une part conséquente de leurs budgets ne provenant pas uniquement de subventions et pour les partis dépourvus d'une généreuse (ou nombreuse) base militante, la manne des entreprises est inespérée.

Et là on se demande ce qui est passé par la tête des législateurs pour considérer que des dons d'entreprises constituaient un progrès pour l'intérêt général ? L'histoire politique est jalonnée par des scandales de corruption par l'argent privé caché, maquillé, de Loréal à la Lyonnaise des Eaux, de Véolia à Elf en passant par le Crédit Lyonnais, on ne compte plus les champions du dessous de table : en quoi le fait de montrer les financements rend-t-il cela vertueux ? 

Ce qui m'amuse, comme pour la vie politique française avec les dons en campagnes, c'est l'argument pour nier le caractère corruptif de ces dons. En bons experts du benchmark, les soutiens de LREM et autres tenants de ces financements évoquent le fait que "les sommes en jeu sont dérisoires et bien insuffisantes pour constituer de la corruption". En l'occurrence, au Parlement, les sommes sont plafonnées à 18 000 euros. Bien loin de Bygmalion, certes. Mais est-ce vertueux ou souhaitable pour autant ? A l'évidence, non. Que cache ses dons qui ne peuvent être désintéressés ? Pourquoi ne pas les donner aux salariés ? Ca ferait trop peu, d'accord. Aux Restos du Coeur, alors. Rien. Il n'y a rien qui justifie le fait que des dons d'entreprises soient vertueux. Aux Etats-Unis où les dons sont non plafonnés, on en voit les ravages toxiques : des grands groupes pratiquant l'optimisation fiscale financent ? Politiques fiscales avantageuses et à la baisse pour les grands groupes. Grandes banques financent ? Absence de régulation, assouplissement des prises de risques... Les pétroliers financent ? Les permis de forer, y compris en zone ultra protégées, pullulent. Uber finance ? On les protège contre les municipalités trop agressives. Etc....

La seule manière de maintenir l'intérêt général c'est de pouvoir tracer les fonds et d'être certains de leur neutralité. Ce qu'il y a derrière ces 18 000 euros, et potentiellement bien plus, voilà le problème. Car Uber a embauché Nelly Kroes, ex commissaire Européenne à la concurrence, Facebook a embauché Nick Clegg, ex 3ème homme du Royaume Uni, Goldman Sachs a embauché des bataillons d'ex ministres et on ne compte plus les anciens de cabinet ministériels dans ces grands groupes donateurs des partis libéraux européens. Si ça n'est de la corruption, ça y ressemble fortement et le climat politique actuel s'en passerait bien... 

05/03/2019

Macron et l'Europe : faites ce que je dis, pas ce que je fais

Plus c'est gros, plus ça passera ? En lisant la lettre de Macron, je songeais qu'il fallait impérieusement en informer l'auteur de la politique déployée en France car elle va dans une direction à 180° opposée à celle défendue là...

L'Europe des libertés ? En 2016, Macron fut le chef d'orchestre de la loi sur le secret des affaires qui a vu la France plonger au classement de la liberté de la presse établi par RSF, notamment à cause de la fragilisation des rédactions et le manque de protection des lanceurs d'alerte. 
Sur les libertés publiques, le dernier texte sur l'interdiction de manifester, après l'Etat d'urgence inséré dans la constitution a fait hurler tout ce que notre pays compte de défenseurs des libertés publiques. Mauvaise blague.

L'Europe de la démocratie contre l'invasion des puissances étrangères ? Ou est la banque de la démocratie promise par Macron qui permettrait à tous les partis d'emprunter à égalité... Le RN représente 25% des électeurs depuis 10 ans, on peut ne pas les aimer, mais il est fou et antidémocratique au possible qu'aucune banque française ne leur prête quand ils sont assurés d'être remboursés de leurs frais de campagne. On ne pouvait les envoyer plus directement vers les fonds russes... Et d'autres formations populaires comme LFI rencontrent les mêmes problèmes à rebours des principes les plus élémentaires de la démocratie. Mauvaise, mauvaise blague.

Enfin, face au "invasions numériques" qui a confié le compte Pôle Emploi à l'intelligence artificielle d'IBM ? Qui a convié Google et Facebook à Versailles en leur promettant monts et merveilles plutôt que d'essayer de construire des géants européens ? Mauvaise, mauvaise, mauvaise blague...

La seule planche de salut de Macron c'est de montrer Orban et Salvini en disant qu'il est moins pire qu'eux. Sans doute. Mais s'il est un tenant de l'Europe qui protège, alors la ligue du LOL sont les héritiers du MLF...