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06/02/2013

Grande cause nationale toi même !

autruche.jpgAvec nos amis de Terra Nova, le pire n'est jamais certain. Sous Sarkozy, je me contentais de hausser les épaules, amusé autant que désabusé par ces coups de mentons factices contre une politique libérale qu'ils chérissent tant. Sous Hollande, on passe l'échelon supérieur et j'explose de rire ! Cela confine au nectar de voir nos amis socio-librolâtres essayer de se démarquer. Sur certains sujets (éducation nationale, justice), il y eut de vrais changements, ne soyons pas chafouins, mais sur la lutte contre les discriminations... Comment dire, on se fout de la gueule du monde, non ?

Non, nous répondent les hérauts de cette nouvelle gauche ! Car l'islamophobie ultra-prégnante, les 74% de français qui pensent que l'Islam n'est pas compatible avec la République, c'est la faute de Guéant, Sarkozy et autre Besson... Ce n'est pas complètement faux, évidemment, juste un brin réducteur. Mais là, tout va changer et vous savez pourquoi ? On peut lire l'ébouriffante réponse dans cette tribune de nos ineffables amis de Terra Nova qu'on peut lire là . Ca vous la coupe, hein ?

Pour ceux qui n'auront pas eu le courage (je ne les blâme pas) de lire ce pensum, les deux auteurs - tous deux terra novesques, l'un des deux au moins enarque- , nous explique la main sur le coeur qu'il faut ériger "la lutte contre l'islamophobie et l'antismétisme grande cause nationale 2014" et que tout ira mieux. Bah avec ça...

Vous aurez reconnu le sémillant animal en illustration qui n'incarne pas toujours le plus grand courage dans le langage courant. Appliqué à nos défenseurs de la cause nationale, il en va de même. Quelle imbécilité ! Outre que c'est franchement mal écrit alors qu'ils s'y sont mis à deux, ce texte est un monceau de tartufferie et de conneries... Sur la tartufferie : juste, citez au moins 1 action concrète effectuée par Manuel Valls pour faire refluer l'islamophobie ? OK, il ne parle pas de pains au chocolat... Mais il passe son temps à expliquer que de nombreux nouveaux Merah sont sur le territoire ou en passe de le devenir. Ensuite, il a refusé d'appliquer la promesse présidentielle sur le contrôle au faciès. Enfin, il est dans la même fascination que ses prédécesseurs Place Beauveau pour la logique du chiffre... De l'autre côté -si j'ose dire- se rendre au dîner du CRIF ne fait pas refluer l'antisémitisme, voir l'alimente... Non non non, tout cela n'est guère sérieux. Je ne vois franchement pas de volonté de côté du politique d'inverser cette triste lame de fond du repli sur soi. Sur la politique de l'emploi, de la ville, du logement ou de l'accès à la culture : quelles mesures ont été prises pour être indifférent aux différences et favoriser pleinement l'égal accès à tout pour tous, moyen le plus sûr de lutter contre toutes les phobies. Un renforcement du service public là où il est le plus nécessaire, car le service public est "le patrimoine de ceux qui ne possèdent rien" pour reprendre la belle formule du député Jérôme Guedj.

Ensuite, "grande cause nationale". Les bras m'en tombent. Ces deux auteurs à l'intelligence discrète sont- ils si ignorants de la chose publique qu'ils croient que les rubans et autres labels suffisent à changer le cours des failles culturelles ? Laissons les grandes causes nationales aux combats ne concernant que des actions directes, pas des changements systémiques. Sur l'autisme ou sur l'illéttrisme, deux terribles maux l'un reconnu grande cause, l'autre tenant de l'être, le combat s'entend. Il faut que la puissance publique joue son rôle, défendent les faibles et affectent des moyens afférents. La réponse circonstancielle s'entend. Mais concernant le combat d'arrière garde de nos amis :

1/ C'est renforcer la dimension segmentée de la lutte contre les discriminations. La loi dit "lutte contre le racisme". Un jour, pour des raisons politiques autant qu'électorales, on a rajouté "et l'antisémitisme". Récemment, on ajouté "et l'homophobie" qui n'apparaît plus dans la proposition de nos amis de Terra Nova. Sans doute nos charmants blaireaux estiment-ils que les tarlouzes ont leur compte maintenant qu'elles ont leur loi pour le mariage... Crétins... Et puis on rajoute "islamophobie", mais une "islamophobie" marketée, puante de commerciale comme Repsect Mag qui se vendait quand on allait défiler le 1er mai... De la récup' caniveau...

2 / C'est nier le besoin de lutte collective. On se retourne contre l'Etat à qui l'on demande protection. Surtout, n'associons pas concrètement à une reprise en main individuelle pour aboutir à un collectif. Chers idiots pondeurs de notes à la chaîne, mettez là à la poubelle et organisez une vaste marche. Pas une pride, on a donné, mais une longue marche des musulmans de France, pour dire qu'ils ne sont ni les barbus de la télé, ni les histériques complotistes peints par Valls. Ensemble, des centaines de milliers de personnes rassemblées pour dégonfler un storytelling gerbant. Faites ça et je viendrais en exhortant tous ceux que je connais à nous rejoindre...   

04/02/2013

L'Etat de droiche

Droite_et_gauche-6aa3c.jpgJ'aurais aussi pu titrer "L'Etat de gaute", mais c'eut été une faute. Pas que de goût. Donner la primauté lexicale serait encore accorder trop d'importance à la gauche dans ce qui se trame à l'heure actuelle. L'éditorialiste le plus réaliste et le plus sévère n'a pas changé depuis 15 mois, même si les élections nous ont apporté de nouveaux dirigeants.

Pour le dire clairement, j'ai revu ce film génial, "L'Exercice de l'Etat" qui m'avait déjà emballé la première fois et j'en avais dit du bien . Vu sous Sarkozy, vu sou Hollande près de 9 mois après son élection et il est bien improbable de dire comme s'égosillait l'ineffable Jack Lang que nous sommes passés de la nuit à la lumière. Nous sommes restés dans l'ombre angoissante, sentant une espèce de bouillie neigeuse sous nos pieds et sans voir le chemin qui nous sortira de là. 

Dans le film, bien malin qui peut dire où penche le gouvernement. A première vue, on serait tenté de dire à droite au motif qu'il veut privatiser les gares. D'accord. Mais ils ne le font pas par idéologie absolu, mais par contrainte. On voit les tensions, les scissions même au sein du cabinet du ministre des transports comme d'autres membres du gouvernement. A la sortie du film, de nombreuses voix n'avaient pas souhaité s'exprimer, mais certains initiés comme Martin Hirsch avaient eu l'honnêteté de reconnaître que ce qui se passe dans le film est exactement conforme à la réalité.

Que se passe t'il exactement ? Une soumission au PR et au premier ministre absolu. Ce sont eux qui nomment les cabinets et directeurs de cabinets, impose les nominations et les feuilles de routes. Dès lors, le poids des ministres se limite à leurs capacités à créer des oukases en direct à la radio et gérer la crise. Ce sont d'ailleurs les mots clés du Président à Olivier Gourmet qu'il promeut ministre de l'emploi "ton maître mot, désamorcer, désamorcer, désamorcer". Cette réalité à minima incarne au mieux la mort du clivage : la droite désamorce avec l'auto-entrepreneur, la gauche avec les emplois d'avenir, dans un cas un curseur libéral dans l'autre social (même si ce sont des emplois précaires) mais dans les deux cas, pas de gouvernail. 

La même impression que la première fois, d'ailleurs. Le climax du film est cet échange entre Michel Blanc et Didier Bezace, deux énarques à la croisée des chemins qui ferraillent sur le pouvoir public et privé. Les ors du pouvoir sont du côté de Blanc, qui joue à domicile au ministère. Mais la capacité de pouvoir et la vista du côté de Bezace... A l'heure où les députés font des nuits blanches à l'Assemblée sur le mariage pour tous, la justesse du film est troublante : philippiques vivaces pour bien marquer les oripeaux du pouvoir, mais quelle vision ? Le fait qu'Ayrault, depuis Phnom Penh, conteste Dominique Bertinotti souligne l'absence de vision globale même sur des questions sociétales. Avec ce genre d'approximations, le contraste avec la droite n'est pas flagrant et on sent bien que le grand lendemain social attendra au moins jusqu'à après-demain...

03/02/2013

Chantier politique interdit aux amateurs

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Le calendrier est connu : après le mariage pour tous, les autres réformes sociétales seront l'euthanasie et le droit de vote des étrangers. Ce dernier sera un non-événement, 56% des français sont contre, la gauche n'a pas la majorité des 3/5 pour modifier la constitution dont on cognera du menton pour donner des gages à la gauche sans penser pour autant faire vraiment changer la loi. Non, le prochain débat qui nous fera vraiment marrer car il sera plus confisqué, biaisé et maquillé que tous les autres concernera le cumul des mandats.

Attention, débat de tartuffes à venir ! Les élus et en première ligne les sénateurs, vont nous expliquer la main sur le coeur (l'autre sur le porte monnaie) que la défense de l'intérêt général exige le maintien du cumul des mandats. On connaît les arguments des tenants de ce cumul. "Le besoin d'enracinement", le fait d'être "connecté à la réalité du pays" ou le plus honnête de l'ineffable JF Copé qui dans un moment de lucidité décomplexée s'était exclamée : "si on se limite à ceux qui se contentent de 5000 euros par mois. On aura que des tocards". Rappel : seuls 6% des français gagnent plus 4500 euros par mois (donc sans doute 5% pour 5000). L'argument pécuniaire de JF Copé signale qu'il ne sélectionne ses ouailles que parmi 5% du peuple français. Que pour lui les salaires des profs, même agrégés et en fin de carrière, se contentent de sommes de tocards. Idem pour les juges (jusqu'à 40 ans), les infirmières et une myriade d'autres métiers au service de l'intérêt général. 

Copé d'une part, tous les barons de l'autre, on voit bien le barrage des élus contre cette réforme. Pour ceux qui passent leur temps à fustiger les corporatismes des français, cocasse de remarquer que leur attitude sur ce coup là ne relève pas d'autre chose. Pourtant, selon une batterie de sondages, 9 français sur 10 seraient pour la fin du cumul. Pas une infime minorité type victoire à la présidence de l'UMP, non une écrasante majorité favorables à un changement de fond. Des 60 engagements du Président Hollande, ce serait donc celui qui ferait le plus consensus, celui que tout le monde appelle de ses voeux pour redonner de l'air à une vie politique nationale viciée par le professionnalisme et le carriérisme.

Malheureusement, les socialistes aujourd'hui au pouvoir ont une pratique qui ne plaide pas pour une vision plus simple et citoyenne de la politique. Lorsque l'on songe au pataquès autour de cette histoire de taxe à 75%, comment résister à la tentation du procès en amateurisme ? Dès lors, on vous explique que la politique est un métier, qu'il faut du temps, que cela s'apprend et on referme le piège en plaidant doctement sur l'impossibilité, en période de crise, de s'ouvrir aux dilettantes. Et le chantier reste fermé entre soi.

Il y a peu, j'écoutais une émission où l'on expliquait que ce début de XXIème siècle, ressemblait à la fin du moyen âge. Avec ses châteaux forts, ses baronnies, ses luttes serrés et viriles. A cette période a succédé la Renaissance où l'on a su comment exploiter la créativité nouvelle que l'on envisageait comme de l'oisiveté la veille encore. On sent ce bouillonnement dans la sphère des nouvelles technos, de la culture et autres nouvelles entreprises dans le domaine de l'énergie avec des collaborateurs/contributeurs. Ces nouveaux modèles décentrés, sortis d'une logique bêtement tubulaire pour muer vers l'horizontal, voilà ce qu'il faudrait importer à notre classe dirigeante. On peut toujours rêver, ça ne coûte rien, donc on ne nous reprochera pas d'aggraver la dette avec...