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13/06/2013

Y a pas bon Awards...

PAS-BON.jpgSi tu es anti-raciste tape dans tes mains... Si tu trouves que les noirs et les arabes sont gentils tape dans tes mains... C'est en somme l'exigence apparente de nos amis des Indivisibles, association sous-titrée "français, sans commentaires" et organisatrice d'une cérémonie analogue aux Gérards de la Télévision -qui récompense les pires protagonistes du petit écran-, les Y a bon Awards. 

Ces champions de l'antiracisme, dont la figure la plus connue est la chroniqueuse Rokhaya Diallo et le président Gilles Sokoudjou. J'ai toujours regardé de loin le clapotis de cette bande à l'humour réchauffé et aux vannes faciles. Je trouvais la détestation du beauf très minable, très "Esprit Canal". Et puis l'an dernier, j'avais franchement considéré qu'ils étaient difficilement sauvable puisqu'ils donnaient un trophée à .... Caroline Fourest. Crime de lèse majesté de l'intellectuelle à qui l'on peut reprocher 1000 choses (son côté intellectuelle systémique, intervenant sur tous les dossiers ; sa lecture économique éminement hétérodoxe) mais pas d'être raciste. Problème : Fourest avait fustigé certains abus islamistes en France. Crucifiez là ! On ne touche pas à l'Islam, aujourd'hui, dans l'anti-racisme. Jamais. Connards...

En 2013, ils ont récidivé en décorant Christophe Barbier (ils ont aussi salué l'action de Véronique Genest et de JF Copé, mais cela vaut-il une célébration ad hoc ? Esprit Canal bis). En cause pour le patron de l'Express, deux éditos déplacés sur... L'Islam. Frapper le patron le plus centriste, le plus mainstream, pour des propos sur la viande Hallal ou le port des signes extérieurs religieux. Mais ça va pas, non ? Barbier qui écrit des éditos hallucinants d'aveuglement sur l'égalité en France, qui avait balancé des scuds d'une violence de conflit rwandais sur Mélenchon titillé pour une histoire de viande hallal qui doit légitimement questionner tous les républicains. Faut pas pousser...

Il suffisait de regarder la composition du jury de cette année pour voir le hic. Je ne sais pourquoi Rony Brauman est allé se perdre dans un jury qui rassemble Pascal Boniface -l'absence de neutralité incarnée, l'homme qui prend fait et cause pour les musulmans avant de connaître les faits- et Didier Lestrade - le fondateur d'Act Up, anti-mariage gay et aux tribunes souvent très inquiétantes d'autoritarisme rêvé... Tout, de la composition des membres du jury au choix des cibles, souligne l'objectif de cette coterie qui se cache sous le paravent acceptable de l'anti-racisme Républicain pour mieux faire avancer une vision nauséabonde et communautariste en prétendant vouloir en rire... Leur rêve séparatiste très Black and Muslim Power ne peut que renforcer le climat de racisme actuel et d'ailleurs ils se délectent de ce climat favorable à leur business. La lutte anti-raciste est une cause trop sérieuse pour être laissée à des bouffons arrivistes. Desproges avait raison, on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde, et l'exclusion ne doit pas concerner que le clan le Pen...

12/06/2013

Paradis (avant liquidation)

CVT_Paradis-avant-liquidation_5743.jpegJ'ai d'autant plus goûté la lecture de ce récit de voyage, qu'elle est venue après une trop longue liste de lectures bâclées. Depuis huit jours, je mordais dans des livres mous, spongieux, pénibles à finir. Alors un dimanche, je fonçais chez ma libraire juste avant sa clôture et lui expliquais que j'avais la dalle. Il me fallait de la bonne. J'empoignais un pavé de 1000 pages de Munoz Molina, un essai sur l'extension urbaine et la réédition du 1er roman de Jules Renard. Parfait pour me relancer !

Soudain, je voyais dépasser un livre de Julien Blanc-Gras. Ses reportages dans les  coins inconnus de la planète, parus dans le Monde Magazine m'avaient souvent emballé. Je m'emparais du livre et le commençais peu après. Le commençais et le finissais peu après, bien qu'il fasse 250 pages. Mais on ne lâche pas impunément un tel festival. Ce n'est pas un roman et il faudrait vraiment une folle imagination pour produire pareil récit. Il est donc allé aux Kiribati, un archipel d'Ile perdues de chez perdues mais menacées de disparaître à cause du changement climatique et de la montée des eaux. Ca, c'est le prétexte au suspense. Sinon, il se promet de sillonner toute l'Ile, parler au président (il le fera) comme à l'homme de la rue, ce qui est d'autant plus simple qu'il n'y a qu'une. La formule est de lui. Et le livre en est truffé. Blanc-Gras est un infatigable puncheur. Il tient la distance et parvient à ne jamais baisser le rythme des crochets en clins d'oeil et des formules directes. Pour cela, on rit sans cesse. Des malheurs du narrateur à la chambre d'hôtel pourrie, à son regard à la fois tendre et désabusé sur les locaux. La curiosité le mène à parler avec le seul taxi de l'Ile, mais aussi des fonctionnaires de la banque mondiale, des étudiants et autres retraités. On apprend beaucoup, on réfléchit souvent et on se marre toujours.

On réfléchit souvent car Blanc Gras n'est pas un militant du voyage, mais nous fait réfléchir sans le vouloir. A la fois sur nos vanités de standards de consommation car ce n'est pas l'accumulation matériel qui rend heureux ; et à la fois en tordant le cou par la preuve au mythe du gentil sauvage, heureux de vivre en pagne. Le livre est d'autant plus réussi de ce point de vue que Blanc-Gras parvient ce petit miracle de ne jamais juger en n'épargnant personne : ni glorification des locaux, ni accablement des occidentaux, colons ou autres. Il promène ainsi un regard curieux et affamé d'humanité sur une diversité de peuplement de la planète dont on comprend qu'elle est la quête de sa vie. Amen frère Julien, continues ta longue exploration et ramènes nous d'autres récits aussi savoureux.

09/06/2013

De l'inégalité des marches

rauzier-cite-ideale.1238758696.jpgDepuis quelques jours, la France se passionne pour savoir s'il y a un risque de retour massif des nervis de l'extrême droite. Elle scrute les déclarations de Serge Elie Ayoub qui a habilement gommé son second prénom, jugeant sans doute que dans les milieux nationalistes, une ascendance israëlite ne constitue pas un avantage de taille.

Cette histoire me touche aussi, bien sûr. Que l'on puisse mourir à 20 ans pour des idées à quelque chose d'immonde. Là où je trouve que les journalistes et les politiques sont consternants, c'est lorsqu'ils évoquent le retour de je ne sais quelle barbarie et invoque l'Union Nationale comme si nous étions au bord du précipice. Le gamin est mort de la faute à pas de bol, après avoir reçu un coup de poing américain, ce n'est pas le Bronx des années 80. Ce n'est surtout pas le Paris des années 80 et 90. Ville dans laquelle mon grand frère faisait parti des anciens Mérics, des chasseurs de skins. Les Redskins sortaient en meute et le poing américain était le service minimum. Alors, monsieur Ayoub avait souvent une batte de baseball dans la main quand ça n'était pas une hache. Oui monsieur. Et photos à l'appui... Il ne s'agit pas de minimiser la mort de Clément Méric, mais il est faux de parler de plus grande violence aujourd'hui. 5000 personnes se réunissent et le premier ministre parle de dissoudre le groupuscule des nervis. Méric est tombé du bon côté du périphérique. S'il était tombé à Bondy ou à Meaux, peut être n'en aurait-on pas parlé. J'exagère ? 

Le Monde a repris une étude qui avait paru il y a 2 ans dans l'Express, que l'on peut retrouver  et qui démontre un taux de mortalité accru de 82% selon le côté du périphérique. A Meaux, siège de JF Copé, petite ville de 50 000 habitants, le taux de mortalité est infiniment plus grand. On peut lire l'excellente enquête d'Arthur Frayer ici où l'on peut suivre Reda qui a moins de 40 berges, à déjà perdu plus de 10 jeunes qu'il connaissait bien. Par connaissances vagues, ce chiffre macabre peut monter à 30 ou 40. Ou est l'union nationale pour ces mômes ? Tout le monde s'en fout parce qu'on considère que les gueux s'entretuent pour des histoires de drogue ou autre. Tant qu'ils ne viennent pas répandre leur hémoglobine dans Paris, tout va bien. Pour eux, il n'y aura pas de marche. Il y a 3 ans, un incendie criminelle à Sevran avait décimé une famille qui refusait de se plier à la loi des dealers. Le maire, Stéphane Gatignon a appelé toutes les autorités pour le recueillement. Personne n'est venu, personne n'a répondu. C'était au mois d'août et ces morts maliens ne valaient pas que l'on écourte les vacances....

Ne pas banaliser la violence, disent-ils. Mais c'est déjà le cas dans certaines zones. C'est pour ces morts non cathodiques qu'il faudrait une union nationale. Avant de mourir, Pierre Mauroy avait accordé une longue interview à France Culture où on lui demandait ce qui avait le plus changé en 30 ans. Réponse du dernier premier ministre de gauche, "la jeunesse. Elle est beaucoup plus exigeante. Et elle a bien raison". Mauroy avait raison, et l'époque étant aux marches et autres manif, on aimerait un ras de marée humain pour tous. Pour tous les jeunes. En plus, c'est une promesse présidentielle, alors les flics pourraient défiler avec pour grossir les chiffres.