14/05/2012
Placé/Duflot: écolo car biodégradables ou recyclables à l'infini ?
Le barnum présidentiel et sa ridicule starisation des quelques fous qui acceptent de venir présenter les idées d'un collectif abîme inévitablement les courageux. Ainsi, Eva Joly dont la campagne fut critiquée (castor inclus) pour son caractère foutraque et le manque de lisibilité de sa ligne politique est aujourd'hui fragilisée à cause des attaques réitérées de son propre camp. Pourtant, elle avait été plébiscité en interne justement pour sa ligne radicale de l'écologie politique. Les tenants de Nicolas Hulot et surtout tous les socialo compatibles n'ont jamais digéré le score des primaires et ont préféré aidé Solférino que leur propre candidate. Une conception de l'intérêt général aussi forte que le désintéressement matériel de JF Copé...
Là où ça devient vraiment triste c'est qu'aujourd'hui les favoris pour des postes de ministres chez EELV n'ont prouvé comme compétences que leurs capacités à roucouler chez les socialistes (Duflot, Placé) quand Joly qui présente à l'évidence toutes les qualités pour être Garde des Sceaux sera blacklistée justement au titre de cette intransigeance avec Solférino.
Pire que les algues vertes, en termes de ravages, plus dure à éradiquer que des sacs plastiques dans les bois, revoilà ces deux engeances de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé en passe de définitivement discréditer cette belle idée de l'écologie politique. Le pire étant évidemment Placé, qui a déjà des casseroles financières superbes pour un écologiste comme les 34 000 euros de tickets de stationnement non payées. Classe. Ou les douloureuses de minibar champagne quand il représentait la région IDF à Shanghaï. Mais Placé plaît au sein d'EELV, de l'aile gauche à l'aile droite du mouvement, car pour tous les tenants société civile qui ne connaissent que pouic à la manigance politique, plaisir de voir ce Mazarin de sous-préfecture faire tout le sale boulot lui même... Pour remerciements de son inlassable travailleur de l'ombre, on lui donnera peut être un maroquin. Plus sûrement Duflot en héritera d'un, ce qui lui permettra de laisser sa circonscritpion, la plus à gauche de France (dans le XXème, ou Danièle Hofman Rispal fut élue à 69% des voix en 2007) à une plus méritante qu'elle avec possibilité de revenir si jamais elle échoue comme ministre. Mais ministre pour quoi, et comment faire ? Duflot à l'écologie avec la vision hollandaise du nucléaire ? Non sens. Aux transports ? Idem...
Au final, Duflot et Placé sont eux mêmes des produits écologiques : ils se recyclent politiquement à l'infini, leurs idées et conviction sont biodégradables. Avec des ministres comme ça, une chose est sûre, le gouvernement sera pluriel pour la photo, pas dans les faits. Le PS c'est vraiment le jaune de l'oeuf, vous mélangez avec d'autres composantes, il ne reste toujours que lui à la fin...
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13/05/2012
Corruption au dernier étage seulement
C'est un livre déprimant, mais de salubrité publique. Un livre qui ne se cache pas, ne se vante pas de tout savoir, ne se paie pas de mots ou de formules ronflantes, mais décortique minutieusement l'irresponsabilité généralisée au sommet de nos sociétés, qui s'accompagne d'un rapt de démocratie patent. Le titre et le sous-titre ne sont pas usurpés: la corruption des élites, expertise, lobbying, conflits d'intérêts. On doit au même auteur cols blancs, mains sales, c'est dire que notre homme est une espèce de descendant de Don Quichotte qui ne se résout pas à tout voir partir en lambeaux dans ce qu'il observe de la circulation de l'argent.
Dans sa conclusion, il donne d'ailleurs une piste d'espoir de bon sens: le ras le bol généralisé des populations par rapports aux agissements des élites stipendiés appellera nécessairement une poursuite de la lutte. Mais avant d'arriver à cette conclusion, il a longuement décortiqué l'état actuel et la soyons honnêtes, la révolte n'est pas pour tout de suite.
L'irresponsabilité est notamment analysée au travers de la crise des subprimes, crise qui a vu cette aberration, moralement abjecte qui veut que l'on est individualisé les profits et socialisé les pertes, ce qui débouche aujourd'hui sur une nouvelle crise, celle des dettes souveraines, que subissent précisément ceux qui n'y sont pour rien. On peut le dire avec les mots choisi de Noël Pons et l'acuité de l'analyste, où avec le bon sens populaire de Coluche et sa prétérition pas si comique des années 80 : "les enfoirés se rejetant la faute les uns sur les autres, qui c'est qui l'a dans le cul ? C'est nous, c'est ceux qu'ont un cul".
L'auteur, Noël Pons a été inspecteur des impôts, fonctionnaire au Service Central de prévention de la corruption sait de quoi il parle. Du coup, il faut souvent relire. Comme disait Alan Greenspan, l'ancien directeur de la FED si quelqu'un a compris ce que je viens de dire, c'est que je me suis mal exprimé. Ainsi commence le rapt démocratique, on a tant technicisé l'économie que le bon peuple n'y comprend plus rien et doit s'en remettre à des haruspices financiers qui, eux mêmes, ne sont plus certain de ce qu'ils avancent.
Autre problème, comme le montre très bien la série américaine de HBO the wire, dans laquelle on voit que les brigands, qu'il dealent dans la rue où escroquent dans le hall municipal, ont toujours un temps d'avance. Problème, les truands et les décideurs politiques ou économiques sont liés contre les flics, ils installent entre eux et les autres des hommes de paille on institutions fantoches comme les agences de notation qui vont sciemment regarder ailleurs. Comme dit Galbraith, "on ne cherche pas parce qu'on sait où trouver" et Accenture faisait semblant de regarder ailleurs quand il contrôlait Enron ou Goldman Sachs les comptes de la Grèce...
A la fin, Pons rappelle que la prime à la casserole n'a rien d'une nouveauté : en 190 après JC, l'affranchi Calixte crée une banque des Thermes dont il dilapide les valeurs et finit quand même pape. Va promouvoir la morale après ça...Longue est la route, donc, mais le bout de celle-ci vaut sans doute la peine que l'on s'épuise.
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11/05/2012
Larmes fatales...
D'abord, un mea culpa. Ne plus jamais parler d'un livre que je n'ai pas lu, alors que j'ai dépassé les limites éthyliques admises en Pologne et qu'en face de moi une libraire cultivée et peu conciliante en matière de débat l'a lu, elle. S'en est suivi un échange où je sentais peu ou prou que je m'enfonçais dans le ravin du raisonnement et que ni ma débattante, ni mon amoureuse consternée ne viendrait me sauver. Bon. Je sauvais à peine les apparences. Dès le lendemain, j'allais acheter ledit livre et l'entamais. Surlendemain, fini. Sans doute Mona Chollet n'aimerait-elle pas ce rapport compulsif à son travail, mais difficile de lire autrement "beauté fatale, les nouveaux visages d'une aliénation féminine" (la Découverte).
Ensuite, donc, un second mea culpa. J'ai dit des conneries, c'est un très bon livre. Je pourrais longuement disserter sur les quelques anecdotes avec lesquelles je suis en désaccord pour montrer que j'ai bien lu. Que les "pauvresses" auxquelles elle fait parfois référence en évoquant les bénéficiaires d'actions de reconstruction de l'estime par des soins de beauté me semblent plus que consentantes et que ces actions sont louables. Passons.
Un défaut tout de même à ce livre, qui énerve d'autant moins qu'on le lit vite mais d'autant plus pénible que c'est probablement volontaire; assez mal écrit. Comme si les écarts avec le beau style et la bienséance renforçaient la crédibilité de l'ouvrage. Comme si le style oral ou les emprunts populaires conféraient à l'ouvrage une tonalité de rue plus puissante pour mieux démonter les salons qu'elle descend. Là dessus, je suis dubitatif. Je trouve un peu chagrin que la journaliste du Monde Diplomatique n'ait pas mis plus de soin à se relire que le Castor pour des notes de blog (il n'y a pas de fautes, d'accord, mais ça transpire le bâclé quand même) et pour un ouvrage ayant vocation à perdurer, c'est dommageable.
Qui reste, donc. Car son enquête est implacable et n'a pas de raison de perde en force dans les années à venir. Sauf prise de conscience planétaire de la gravité des dérives d'une industrie qui fait rêver, le monde glaçant que nous dépeint Chollet demeurera. Elle a enquêté sur le pourquoi, le comment, et le combien de l'industrie de la beauté sous un angle nouveau : comment, à une époque qui n'a que l'égalité homme/femme à la bouche, les canons, standards et autres clichés que nous vendent les oeuvres mainstreams rabaissent les femmes, y compris (surtout ?) les égéries néoféministes de sex and the city. Le point de départ de son livre s'inspire d'une autre série, Mad Men sous titré "quand les hommes étaient des hommes et les femmes portaient des jupes"; l'auteur nous montre comment en réalité les clichés se sont décalés, renouvelés ou transformés mais toujours là, donc. Percutant.
Implacable aussi les réquisitoires au sujet des corps en forme de cintres qu'on nous vend. L'univers de la mode est montré sous un jour peu glorieux, pour les mannequins comme pour les stylistes qui pensent tous en gros comme ce que dénonçait Desproges dans son sketch "ma soeur, marche pas dans la mode, ça porte malheur" avec Pietro Saltani s'exclamant "ce n'est pas au vêtement de s'adapter au corps de la femme mais au corps de la femme de s'adapter à la coupe des vêtements". Pas d'industrie sans propagande, sans caisse de résonance légitimant ses déviances. Vogue, Cosmo, les blogeuses mode et Anna Wintour en prennent pour leur grade mais c'est ELLE qui encaisse les charges les plus rudes pour sa volonté de vouloir être féministe et rétrogade à la fois. Rétrogade sur la vie des femmes telle que vendu dans l'hebdo où les femmes sont hystériques autour de leur It bag, adepte du pilates et de la salade de noix... Le Castor lisant souvent ELLE, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver un brin de culpabilité mais sans pour autant donner tort à Chollet. Mais ce ne sont pas les chapitres les plus percutants.
Ceux-ci sont ceux consacrés au triomphe de la beauté blanche. L'Oréal et autres en prennent pour leur grade. ELLE encore et les autres magazines qui trafiquent leurs unes. Que les blanches soient trop mises en avant c'est une chose, mais le plus tragique est le blanchiment des chinoises, des indiennes et des africaines. Les yeux débridés en ambulatoires, le fait que les femmes noires en France ont un budget beauté 9 fois supérieur aux autres pour se défriser les cheveux sans parler de dépigmentation. Tout cela fait froid dans le dos. Heureusement, l'auteur ne nous laisse pas sans espoir, elle conclut son oeuvre par une preuve de bon sens issu d'une femme au cou dit de girafe "si tu trouves mon cou trop long, c'est un problème pour toi, pas pour moi", avant de rappeler à ses détracteurs qu'elle n'est pas pour s'habiller en sac, mais que l'un n'est pas exclusif de l'autre: "bien sûr il n'y a aucun mal à vouloir être belle, mais il n'y en a pas non plus à vouloir juste être".
Demain, nous serons en week-end sans la trêve de la campagne officielle. Alors, puisque les commentateurs analyseront la façon dont François Hollande dit bonjour ou ouvre les portes pour savoir qui de Martine, de Jean-Marc Manuel et les autres sera où, nous fermerons tout pour lire du jack London.
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