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30/01/2014

Quand on est complotiste, on est complotiste

1544299_417559945014093_644152990_n.jpgLe temps ne fait rien à l'affaire, quand on est complotiste, on est complotiste. C'était bien la peine que le petit père Combes dresse un salutaire cordon sanitaire entre les rationalistes républicains et les religieux, pour que les thèses farfelues reviennent en force par la fenêtre du net.

C'est une chose que d'avoir conspué ceux qui croient qu'une vierge peut enfanter où encore qu'un altruiste forcené transforme l'eau en vin (tu me diras, aujourd'hui ce mec lèverait 200 millions de $ en quelques heures auprès de hedge funds. Idem pour le barbu qui t'ouvre les mers en deux ; les applications commerciales et militaires d'un business pareil, je te dis que ça), mais si c'est pour se voir rétorquer que les tours de bureaux ne peuvent pas s'écrouler à la verticale... Et celle-là qu'une des mille légendes qui se répandent sur le web avec une puissance si forte qu'elles concurrencent les thèses rationnelles, dénigrées et rebaptisées "thèses du système".

L'actualité est chargée en matière de nouvelles milices adoratrices des vérités alternatives. Il y a d'abord les masses persuadées d'être les nouveaux résistants, ceux qui défendent fidèlement le Che Guevara humoriste attaqué par l'ordre sioniste, Dieudonné. Depuis des années, ils psalmodient en silence et se transmettent les vidéos du gourou comme d'autres des missels. Mais depuis les coups de mentons stériles de Manuel Valls, ils sont persuadés d'être entré en croisade. Pire, quand le bonhomme est pris la main dans le pot de confiote pour des histoires de grisbi, ils trouvent encore des moyens de dénigrer. Et c'est là où ça devient intéressant. Car le complotiste puise sa force dans la défiance. Et tous les baromètres soulignent la montée en puissance inquiétante de ce sentiment.

Défiance à l'égard des politiques, des patrons et de plus en plus, des médias. Puisqu'ils nous mentent, puisque Radio Paris ment, puisque Radio Paris est allemand, alors allons y gaiement. C'est dans cette défiance généralisée, dans cette absence de référent crédible et de liant que les complotistes de tout crin s'enfoncent joyeusement. Les fans de Dieudo sont la face la plus visible de l'iceberg (encore un mot juif, coïncidence ?), mais il y a tous les amis du Réseau Voltaire qui pensent que le 11 septembre n'a pas eu lieu et désormais tous les illuminés de toutes parts qui ont allumé la mèche de la théorie du genre. Edgard Morin ou Jean-Noël Kapferer ont magistralement expliqué le fonctionnement mental et social de la rumeur, Gérald Bronner dans "la démocratie des crédules" a mis à jour ces ficelles à l'heure du web. Grosso modo, les méthodes restent les mêmes, mais l'accélération et le ciblage des crédules est multiplié par 1000. N'oublions pas qu'Instagram a mis 12h à obtenir 1 million d'abonnés. Chemin bien balisé... Celui-là même qu'a trouvé la proche de Soral souhaitant dénigrer l'enseignement de la théorie du genre. Ce qui a abouti, chose inouïe, à ce que le ministre de l'Education Nationale en personne doivent réaffirmer dans un communiqué qu'il n'encourage pas la masturbation dans les écoles maternelles. Quand on en arrive là, il faut commencer à se préoccuper sérieusement des conneries proférées par ceux qui hurlaient jadis sur des caisses à savons. Avec les tuyaux du web, on a donné un bazooka idéologique à ces détenteurs de lance-pierre. Sachant qu'on n'interdira jamais (et c'est heureux) le web puisque cela serait nous renvoyer au rang de régime scélérat, il faut encore et toujours renforcer l'esprit critique dès le plus jeune âge. Cette bataille, c'est notre nouveau Verdun, et Pétain n'est plus sur le marché pour nous tirer de là...

28/01/2014

Sacrés amateurs !

sacre-amateur.gifLe rédacteur en chef du Monde magazine, Didier Pourquery, y tient chronique autour d'un mot. S'il me laissait son billet pour une édition, je crois que je rendrais hommage à "Amateur". D'après le trésor informatisé de la langue française, il s'agit de ' Celui (ou celle) qui manifeste un goût de prédilection pour quelque chose ou un type de choses (plus rarement de personnes) représentant une valeur". Dans le langage commun, le terme est plus que galvaudé, déprécié.

Toujours intéressant de faire une recherche du mot dans Google Images. J'ai du descendre beaucoup pour trouvé la couverture de l'excellent livre de Patrice Flichy, Le sacre de l'amateur. Avant ? Des dizaines de photos de filles à poil, quelques références à la revue de Jean-Paul Kaufman -l'amateur de cigares- et des footballeurs amateurs. Peu engageant... Mais révélateur pourtant. Les amateurs seraient des sous-xx, mettez ce que vous voulez à côté de xx, un genre à part, mais un moins bon genre. L'amateur reste l'insulte suprême en politique "une campagne d'amateur. L'amateurisme des socialistes. L'amateurisme de l'organisation des primaires UMP.", mais aussi dans l'entreprise "une gestion de la crise qui relève de l'amateurisme. Une communication grand public d'amateur". Arrêtez le mitraillage en règle de l'ambulance. Appelez la Croix-Rouge à la rescousse et essayez deux secondes de regarder la cible sur laquelle vous vous acharnez. Quelle merveille, quels trésors d'humanité, se cachent dans l'antre de l'amateurisme.

Il y a peu je suis allé écouter ma femme en concert. Ma femme et ses 3 acolytes forment un quatuor, formation musicale que les statistiques déclarent majoritairement composée de quatre personnes. L'alto est un professionnel. Tout de suite, ça fait sérieux. Les deux violons et le violoncelle sont toutes professeures et musiciennes amateurs. Tout de suite, on entend des "boing", des couacs. Et bah bernique. Ce, pour des raisons évidentes qui ne tiennent pas seulement de la rigueur qu'elles mettent à répéter. Il suffit d'envisager deux secondes l'attachement que l'amateur met dans sa passion, un attachement souvent supérieur à l'engagement professionnel. Non qu'elles prennent leur emploi à la légère - au contraire- mais le cerveau, l'âme humaine (allez) n'est tout bonnement pas faite pour s'impliquer à 100% tout le temps. Et samedi dernier, le miracle eut lieu : l'intensité, le plaisir et l'entrain qu'elles mirent à jouer ravit la centaine de spectateurs présents, persuadés d'écouter des pros. Cette mystification n'a rien d'illogique.

On le voit fort bien avec la coupe de France de football, où des équipes amateurs battent régulièrement des équipes professionnelles dont la valeur intrinsèque est largement supérieure. Mais les pros ont d'autres choses auxquelles penser - ce match hyper important dans deux mois ou le défenseur central en plein divorce- , quand les amateurs font de ce moment un summum d'implication. Cette évidence dumb as cabage (bête comme chou, pardon) mais strictement imparable, nous devrions nous l'approprier et l'appliquer à tout un tas de domaines. Après tout, Wikipédia, entreprise amateure par excellence, n'est pas l'abomination que quelques cuistres veulent bien dire. Pour peu que l'on sache s'en servir, c'est un excellent outil d'apprentissage. Nombre d'artistes, d'acteurs, d'écrivains, de musiciens ou de cinéastes se réclament de l'amateurisme et excellent pourtant. Ils ne produiront sans doute pas une oeuvre aussi vaste, aussi ample, mais ils choieront ce qu'ils feront. Petite honnête cuvée, bien plus plus nécessaire que des tonnes de récoltes banales. 

A l'heure où l'on va voter la loi sur le cumul des mandats, l'évidence vous frappe et pas en douceur : le texte est un premier pas, mais élude le vrai problème du cumul. Celui du cumul dans le temps. Le problème majeur n'est pas tant celui du député maire, que celui d'élus pour quarante ou cinquante ans, qui jamais de leurs vies n'envisagent autre chose la politique que conçu comme une course de haies, faite d'élection et de ré-elction, avec ce que cela implique de compromis, d'arrangements. Le mandat unique par esprit d'amateurisme, au sens de celui qui aime vraiment, mais avec une rigueur et une exigence rare. Voilà pour mon utopie matinale. Sur ce m'en vais courir. En amateur.

26/01/2014

18 millions d'électeurs, François...

16920.jpgUne dépêche AFP a annoncé la fin de "la vie commune entre François Hollande et Valérie Trierweiler". Une autre annoncera peut être l'union officielle avec Julieu Gayet. Le Président ne respectera sans doute pas le délais de viduité, comme Nicolas Sarkozy naguère.  Il voudra officialiser à tout berzingue pour ne pas laisser s'instiller une rumeur atroce, son célibat. Mission aussi difficile pour Hollande que d'inverser la courbe du chômage : pas folle la guêpe, Julie Gayet n'a sans doute pas envie de s'enfermer dans un château. Non que cela nuise à son embryon de carrière, mais avouez que c'est pénible d'avoir des paparazzis venant vous voir alors que vous n'êtes même pas en promo...

Hollande n'est jamais passé devant le maire (encore moins un cureton) ce qui ne l'a pas empêché d'avoir 4 enfants, tant il semblerait que ces choses là ne soient pas forcément liées. Il est donc mur pour montrer une évolution des moeurs et affirmer que le célibat n'est pas pécamineux. Que ce n'est pas mal, sale ou insultant. Pour des questions d'ego, de peur infantile, Hollande s'affichera fatalement avec Julie Gayet comme d'autres exhibent une Rolex, une voiture de sport ou une tête de biche empaillée. Dommage. 

Lui qui a fait de l'égalité femme/homme une priorité de votre mandat, il devrait noter que les hommes sont en retard sur ces questions. Impossible pour eux d'arriver au sommet sans exhiber leurs femmes, qu'elles soient glamour (Anne Gravoin ou la Lolita de Moscovici) influente (Anne Sinclair ou Agacinski) ou autres, mais il faut qu'ils s'affichent. Quand Vincent Peillon ou Laurent Fabius ont refusé d'exhiber leurs alcôves, tout le monde en a déduit qu'ils n'avaient guère d'ambition nationale. C'est dire. Personne ne reproche à Martine Aubry, à Valérie Pécresse, à Christiane Taubira ou à NKM de ne pas exhiber leurs compagnons ? Nul doute qu'un alignement sur cette sobriété serait de bon aloi. Le vrai changement serait donc de leur emboîter le pas.

Hollande a enfin la possibilité de réussir un changement notable en politique : donner ses lettres de noblesses aux célibataires. Les sortir de l'opprobre. Stratégiquement, l'enjeu est d'envergure : il semblerait qu'il y ait 18 millions de célibataires en France, et qu'ils sont de plus en plus nombreux. Voilà un groupe sociologique d'une ampleur sans précédent à qui s'adresser. Plus large encore que les abstentionnistes. Un discours magistral aux forces vives et seules de la nation. Si j'étais spin doctor du Président, je lui conseillerais d'aller en ce sens. Je proposerai un Grenelle du célibat. Des états généraux débouchant sur des propositions concrètes, un RMC (revenu minimum de couple) ou une CMU (copulation mutuelle universelle) la question de la durée légale de travail en couple par semaine, de la question du couple le dimanche. Abordez sans faillir l'ensemble des aspects pour déconstruire cette norme aliénante et surannée du couple. Après tout, c'est une faillite du libéralisme économique que d'avoir déconstruit la vie des citoyens, en imposant l'accès à tout, tout le temps et en faisant de tout un marché y compris les êtres et les coeurs (thèses réac de Luc Ferry et Alain Renault dans leur hilarant -involontairement- ouvrage sur mai 68 où ils expliquent grosso modo que tous les maux du pays datent de là. Car avant il n'y avait pas d'adultère, de dépravation morale et de célibat. Ha ha). Hollande ayant fait sa conversion ou son tournant libéral, mais avec une caution sociale, ce qui consiste somme toute à "accompagner les excès" ou encore "encadrer les méfaits" du libéralisme à tout crin. De Gaulle a lancé son appel du 18 juin, Hollande devrait lancer son appel au 18 millions, un vaste "je vous ai compris". Ca, ça serait du changement.