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16/11/2009

Mailo, Ségo, même combat ?

Monétiseur d'audience. Ca sonne presque comme magnétiseur, mais c'est pas ça. Ce métier obscur c'est la version édulcorée du slogan officiel de Mailorama, le très classieux "vous lisez, vous empochez".

Mailorama, vous savez, la boîte qui a réussi à créer une plus grosse émeute que Johnny au champ de Mars ce week-end en prouvant que même en pleine crise on peut jeter de l'argent par les fenêtres. D'abord, pourquoi le champ de Mars? Si se sont les riverains qui se déplacent, ce ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin. les fondateurs ont ils eut peur de faire la même chose au Fort d'Aubervilliers ? Se disant qu'ils se seraient fait détrousser, ce qui était le but, mais sans caméras, ce qui l'était moins.

Au final, tout a été cassé, ceux qui se sont déplacés et ont attendu pendant des heures l'ont dans le cul -bien fait pour eux, faut pas croire des conneries pareilles- et les fondateurs sont contents, ils ont leur comptant d'UBM (unité de bruit médiatique) nouvel étalon or, malheureusement dépourvu de notion qualitative.

A y réfléchir, c'est exactement la même logique qui a prévalu au déplacement de Ségo à Dijon ce week-end. La seule différence entre les deux, c'est l'outrance... Mais pas où l'on croit. Les deux sont contents de leur coup de pub, mais le fondateur du monétiseur s'engage à reverser les 100 000 euros de l'opé au Secours Catholique (qui ira demander au directeur "grands comptes" du Secours Catholique si le don a été fait?) en remerciant les journalistes d'avoir cité sa marque. Ségo, elle, crache sur les journalistes en disant "ha, ça vous fait plaisir d'enfoncer la gauche". Et pendant ce temps, Nabot Léon donne la rosette à Danny Boon. La routine quoi.

Demain, nous serons heureux de ne pas avoir regardé le reportage sur les assistantes sexuels pour handicapés mentaux ce soir sur France 2 (complément d'enquête vers 23H, si vous avez le courage)...

14/11/2009

Kindle surprise ?

Hier soir, dîner avec un couple de jeune gens brillants. La fille était un peu éteinte car elle s'était fait vacciner contre la grippe A (elle est môman d'un très jeune bébé) et moi ça m'a pas donné envie d'en faire autant vu qu'elle pouvait pas bouger son bras et qu'elle s'étiolait plus vite qu'une bougie Leader Price.

L'homme lui, était volubile. Il esquivait le badinage et je sentais bien qu'il voulait me parler de sa "Mission". Oui, parce que, on parle de la mort des églises en France, mais c'est fou ce qu'on compte de missionnaires avec des gens très très convaincus. Sa grande quête, donc c'est "le livre électronique". Pourquoi pas ? " Lui dis-je...

Oui, sauf qu'il ne veut pas m'entendre. Pour lui, il n'y a que des abrutis aveugles qui ne voient pas "le sens de l'histoire". Ca m'ennuie profondément, c'est ma martingale favorite sur la question de la baisse du temps de travail. Donc, il rencontre toutes les huiles de l'édition pour leur présenter sa salade avec force nuance. Son gimmick est implacable: le livre est dans la même situation que le disque il y a 15 ans et va mourir. Mouaif... Il m'avance des arguments techniques, je lui réponds que je suis d'accord mais que j'oppose des arguments culturels. Je lui répète que je ne suis pas contre Internet et pour cause, que j'écoute de la musique sur deezer, lis énormément les journaux en ligne, mais que le livre c'est pas pareil.

Et je me lance:

- La musique, même si tu la portes sur tes oreilles, dans ton Ipod, elle est faite pour être partagée, c'est convivial. Un langage universel. A St Petersbourg, j'ai vibré sur du jazz alors que je ne pouvais partager mon amour pour Dostoïevski because No Rouski hablar senor. La lecture est une activité solitaire, de retrait du monde, quand bien même tu conseilles et prêtes des livres ou si tu assistes a des lectures publiques. La volonté initiale, est d'aller dans ta bulle, un univers.

- De plus, contre l'argument technique du piratage et les échanges. Aussi loin qu'il m'en souvienne, on essayait de pirater des 33 tours pour les mettre sur cassette. Le livre, on ne voulait pas le photocopier, ou le scanner pour l'imprimer. Contrairement à la musique, le contenu ne fait pas tout, le contenant est capital.

-L'idée que tu puisses télécharger les 3 premiers chapitres et acheter? Mais c'est complètement con ! Un livre, comme un fruit, se tâte au hasard, tu humes, tu vois et sait vite si ça te plaît, pas en goûtant le début.

-Par ailleurs, l'argument d'avoir tout sous la main... Ca rebute, évidemment. Si j'achète les Karamazov (qu'il a persisté a appelé les "Kamarazov" par un savoureux lapsus de chute du mur) je vois déjà la taille de la bête avant d'entamer tout Dostoïevski ou pas d'ailleurs...

Il a pas bougé d'un iota, me disant "le sens de l'histoire c'est que tu auras "en temps réel" la possibilité d'acheter le Goncourt ou le Renaudot moins cher qu'aujourd'hui et ça c'est le sens de l'histoire. J'adore ce mec, on court, on boit des coups, on fait la fête, mais penser qu'avec ses acolytes qui lisent 3 livres par an (ils ont pas le temps) ils vont expliquer aux éditeurs "l'avenir du livre", ça me fait un peu suer...

Demain, je lirais vos commentaires si vous avez un avis sur le sujet car je ne désespère pas de lui donner d'autres grains en moudre. Les missionnaires ne l'ont pas toujours emporté me semble t-il, dans le sens de l'histoire...

 

 

 

13/11/2009

Twitter de gloire ?

Ce matin, à 6h30 édito politique pour dire "Twitter invente un nouveau modèle politique". Ha... Je ne twitte pas personnellement, avoir internet dans ma poche m'angoisse. C'est vrai quoi, c'est pas hygiénique, de plus en plus de gens y laissent leur langue, par pudeur ou par crainte et leur laisse électronique portable par impudeur pour dire au monde "je lis dans un jardin public: enfin, le calme !".

Malgré tout d'après Bruce de Galzin (ce blaze, je suis jaloux...) Twitter c'est nouveau car une communauté se regarde en "temps réel" et échange sur ce qui est important. On en a vu l'importance pendant l'affaire Jean Sarkozy, nous dit-on... Mazette ! Premièrement, j'ai une passion fixe pour parler comme Sollers pour l'expression "temps réel", parlez moi du temps iréel... Ca me rappelle en termes médiatique, les villages Potemkine: "vite, vite regardez ce qui se passe sur Twitter, là, en temps réel, c'est maintenant, non non non, regardez pas ailleurs, c'est là, maintenant, que l'histoire se fait".

Mon scepticisme avec Twitter remonte à cet été, le premier sujet mille coudées devant tout le reste  était la mort de Michael Jackson... Qui elle même ensevelissait les élections en Iran. L'Iran a été "à la une" deux jours puis plus rien... Twitter, c'est comme son presque homonyme en barre : Twix deux doigts coupe-faim, et Twitter deux doigts coupe-info. On en prend une bouchée et on arrête. Malbouffe d'un côté, mal info de l'autre, avec les mêmes encombrements et les mêmes répercussions sur la santé, physique ou mentale (oui, je me gave de Nutella mais c'est pas pareil...).

Concernant la supputée "nouveauté" de l'usage par les politiques. Bof. et rebof. Obama est accroc nous dit-on. NKM en use et Estrosi en abuse avec force fautes d'orthographes (à "service public", ça la fout mal, quand même). Surtout, on voit que les hommes politiques se servent de Twitter soit pour titiller leur adversaires soit pour parler à leur potes. Un peu comme les enfants qu'ils étaient jadis s'envoyaient des avions ou des mots en papier. Rien de nouveau sous le soleil, en somme.

Je vous laisse pour aller donner un cours à des étudiants de cinquième année, dans une école privée. Ceci implique que mes étudiants sont sur Twitter et comme l'école est en Wi-Fi ils pourront tranquillement échanger sur l'inanité du cours, l'obsolescence des fringues du prof et l'irrépressible envie d'aller se griller une clope. Faut juste le savoir, ça rend humble...

Demain, nous regarderons dans le rétro pour voir si le vendredi 13 était bon ou mauvais présage...