06/01/2015
Qui pour lancer l'insoumission ?
En goguette à Amsterdam je suis tombé sur une magnifique librairie qui contenait, ô malice, Soumission, le nouveau roman de Michel Houellebecq pas encore paru en France. Cette fois, je ne me ferais pas avoir. L'expérience finit par rentrer. J'ai lu extension du domaine de la lutte, sans doute le roman le plus mal écrit que j'ai jamais lu, mais je reconnais qu'il y avait quelque chose de bien retranscrit de certaines médiocrités de l'époque. Soit. Alors, alors, j'ai subi Plateforme et la nullité absolue de la misère sexuelle de l'auteur érigée en dogme. Sous pression de gens bien informés, j'ai donné une ultime chance à l'auteur avec la possibilité d'une île, grotesque fable sur le clonage. Rideau. Depuis je n'ai pas une once d'estime pour Houellebecq, mais encore moins pour ses laudateurs. La carte et le territoire évoquait donc un peintre de Cartes Michelin avec des vrais bouts de Wikipedia dedans ? Quelle audace !
Là, donc, dans son nouvel opus, le margoulin en chef des lettres française imagine un parti islamique qui triomphe de Marine le Pen et impose la charia à tous avec des bons Gaullois collabos, trop heureux d'être polygames. Mais que c'est faible ! Que c'est gros, vulgaire et surfant mollement sur les peurs de l'époque. Qui peut se laisser prendre à une connerie pareille ? Manifestement, beaucoup de monde eu égard au tirage initial. Heureusement, Sylvain Bourmeau l'a mécaniquement démonté dans Médiapart, Ali Badou a clairement dit son dégoût sur Canal + et j'imagine que nombre d'autres détestations suivront. Soit, il n'empêche que l'air, aujourd'hui, est chargé d'islamophobie avec un Zemmour triomphant comme allié de l'homoncule romancier. A eux deux, ils squattent un nombre considérables de plateaux, ondes et colonnes pour nous expliquer que nous sommes menacés par un Grand Remplacement de l'homme blanc aux belles valeurs qui va se faire exploser par les barbus.
J'en viens à rêver que nous tombions plus bas car c'est bien connu, il faut toucher le fond pour rebondir. En Allemagne, des manifs anti-islamisation de la société ont réuni 17 000 personnes... Mais les contre manifs ont rassemblé, elles, 200 000 personnes. Un sursaut salvateur, une insoumission devant l'horreur rampante que j'aimerais tant voir débarquer chez nous, plus encore que la Galette des rois, c'est dire.
08:24 | Lien permanent | Commentaires (2)
31/12/2014
La stratégie Soulages
Ca dépasse sans doute l'entendement, mais Hollande est bien en train de se placer dans une posture de réélection pour 2017. Sans rien changer à son bilan, le dévoiement complet de son programme de 2012, sans avoir à se lancer dans des changements radicaux. Mais en changeant de ton. Fini l'optimiste béat, le souriant crétin aux vents mauvais de la conjoncture internationale. Place au charbonnier, à l'homme en noir qui arbitre sans cesse en faveur du camp libéral, à l'homme qui peignait tout en noir. Hollande c'est Soulages, le talent et la lumière en moins.
Les ficelles sont grosses, mais fonctionnent sans heurts. Valls distribue encore plus de mauvais points, avec son interview à El Mundo où il n'avance ni une, ni deux, mais bien 3 années de sacrifices. On dépasse ainsi le cap de 2017, circulez y a rien à voir, ça va continuer à être la mouise, mais faites nous confiance. Sur le front de l'emploi, on oublie ainsi cette histoire de ne pas se représenter en cas de non inversion de la courbe du chômage. On lui ressortira à l'envi lors de la campagne 2017, mais il assumera et dramatisera en jouant la tempête à laquelle il fait face avec courage et dans laquelle il ne faut pas tergiverser, ne pas réagir aux oscillations sondagières.
Au final, quand on regarde ce que fait ce gouvernement, loi par loi, texte par texte, depuis 2012, il faut vraiment chercher dans les rogatons législatifs pour trouver une trace de gauche. La loi ALUR sur le logement a été fracassé pour complaire à la FNAIM, la priorité éducative a été diminué de moitié et la santé continue gentiment d'être détricoté. A côté de cela, la dérégulation à tous crins et les cadeaux sur les cotisations patronales atteignent des sommets. Difficile, en somme, de défendre quoi que ce soit devant des électeurs informés. Et pourtant, ils le font avec constance. On parle de foi du charbonnier, eux ont la leur de noircisseurs en chef qui ne perdent même plus de temps à défendre leur texte, ils n'ont plus qu'à exhiber leur peine comme certificat de leur bonne volonté. On ne tire pas sur des ambulances semblent dire les sondages qui voient l'exécutif remonter. Je me demande si ça ne vaudrait pas le coup de réécrire un peu la convention de Genève, pour le coup...
10:33 | Lien permanent | Commentaires (2)
29/12/2014
L'impatience inégalitaire
Dans son introduction à Accélération, Harmut Rosa insiste sur le fait que le temps reste trop absent des études en sciences sociales. En matière économique, on ne peut que lui donner raison. Il y a 30 ans, la durée moyenne de détention d'un titre du CAC 40 était de 7 ans. Aujourd'hui, 3 mois. Autant dire que les nouveaux grands argentiers investissent leur argent avec la pleine conscience visuelle dont on dispose à Colin-Maillard.
Sur la photo à gauche, on voit le nombre de département français qui sont plus pauvres que les grandes familles françaises. Proprement révoltants. Pour autant, pour autant, pour autant. L'Oréal a prospéré pendant plusieurs générations (et sous l'occupation avec un zèle certain) idem pour Auchan et Hermès déploie ses savoir faire depuis le XIXème siècle. On peut mettre LVMH à part, eux étant vraiment les pires : gavés de subventions publiques, sauvés par Fabius 1er ministre, Bernard Arnault est devenu la fortune mondiale qu'il est grâce aux politiques et il les remercie en plaçant son testament sur une fondation néérlandaise pour échapper à l'impôt sur les successions. Vomissons...
Ces inégalités doivent demeurer évidemment ce que nous condamnons, nous controns, ce à quoi nous nous opposons. Certes. Mais dans un capitalisme de comparaison où chacun regarde combien à l'autre sans voir combien de temps il a mis pour y arriver, combien d'emplois il crée et quelle est son utilité sociale, il faut voir que bien pire nous arrive avec le capitalisme ultra impatient. Les 4 groupes cités dans la photo crée de l'emploi, surtout Auchan, et ont une utilité sociale plus ou moins grande. Dans les nouvelles pépites françaises, on cite souvent Critéo. 800 emplois en 10 ans. Soit 4 fois moins que Paprec, spécialiste du recyclage des déchets, dont on parle beaucoup moins. Car Critéo c'est la création de 2 milliards en 10 ans. 2 milliards pour qui ? Mauvaise question nous rétorquera t'on. Ha. Bon, donc zéro partage de valeur crée. Bon... Retournons donc vers l'utilité sociale de ce truc : il s'agit d'un harpon à pub sur Internet. En gros, vous cherchez une paire de pompes, vous allez vérifier votre compte en banque et réaliser que ça n'est pas raisonnable et retournez sur lequipe.fr, votre mail ou lemonde.fr et bim, la pub des chaussures apparaît. Utilité sociale non pas zéro, mais bien archi négative. Et c'est ça que vante Gattaz et consorts. Je dis juste ça pour pas se tromper de cible lors de la prochaine...
09:25 | Lien permanent | Commentaires (0)