26/10/2010
Réflexions sur la question black...
Je sais pas vous, mais je sens une vraie crispation en ce moment...
Les politologues éclairés façon Marcel Gauchet parlent de retour aux années 30 en termes de montée de l'intolérance débouchant sur une radicalisation raciste sans régime totalitaire, mais plutôt avec une multiplication de mouvements façon droite conservatrice américaine. Là-bas, dans une Tea Party, un candidat s'est permis de contester Darwin avec cet argument imparable "vous voyez des singes devenir des hommes, vous?". Et oui, on aurait du y penser avant camarade...
En France, nous n'en sommes pas là. Evidemment. Mais les propos surannées et un peu gerbants de Guerlain ont réactivé le ventilateur à merde faisant en sorte que raciste et anti-racistes se foutent sur la gueule depuis quelques jours en commettant quelques excès.
Prenons le cas Frêches. J'aime pas les mégalos d'HEC qui se font construire des statues et qui baptisent les placards à balais "salle François Mitterrand", mais j'aime encore moins les facilités de comptoir: à propos de l'équipe de France... Il se lamentait de l'uniformité des milieux en France "il y a beaucoup trop de blancs en politique, pourquoi n'a t'on pas 100 députés noirs et arabes, pareil en foot, on ne devrait avoir que 3 ou 4 joueurs blacks et arabes, il y a trop de joueurs noirs en équipe de France"... Tout de suite, c'est plus la même chose, et les gros faux derches façon François Hollande qui l'ont conspué n'ont jamais fait de place pour des "gens de couleurs" eux...
L'inventivité du politiquement correct n'a pas de limite et traduit souvent notre incapacité à nommer les problèmes: plutôt que d'évoquer frontalement les problèmes d'intégration, quelques blaireaux communicants ont trouvé cette périphrase délicieuse et, si on réfléchit, d'un racisme exquis "Français issus des anciennes colonies" et moi qui suis formé aux colonies de vacances je t'emmerde...
Idem pour le grand combat de l'intégration: toujours plus de subsides pour la lutte contre l'illétrisme, notre drame commun, mais jamais un kopeck pour la lutte contre l'analphabétisme, leur lot d'emmerdes... Même les allemands ont compris qu'il fallait impérativement apprendre à lire aux turcs quand ils débarquent pour qu'ils bossent mieux... Si c'est le MEDEF qui doit donner des leçons de civisme, on est bien mal barré...
J'en étais là de mes réflexions sur la liquéfaction du vivre ensemble ce matin, quand je suis allé acheté mes journaux chez le seul point de vente ouvert à 6H45: le café du coin. Le matin, mon cerveau n'a pas encore prévenu mon corps du froid, j'y étais donc avec mon nouveau t-shirt à l'inscription ci en vignette (Tardi pour le dessin) acheté lors d'un vide grenier de ma mairie en faveur des sans papiers où j'étais venu apporter quelques fripes et bouquins superfétatoires (je donnerai pas de noms...). En regardant mon t shirt, le barman, un bourru marié à une polonaise et son acolyte de comptoir serbe me lancent "l'équipe et l'aberration comme d'hab'", quand on a une bonne blague... Je paie et alors que je partais ils me lancent "en France, officiellement, on est 65 millions, mais combien de blancs encore... Ils le disent pas dans ton journal, mais chez les allemands, Sarrazin il est déjà à plus de 15% et quand il passera, on verra ce qui se passera pour les autres"... J'ai haussé les épaules et leur ai dit qu'ils devaient être bien malheureux de penser comme ça... Toujours est-il qu'en rentrant chez moi, je me dis que c'est bien la peine d'avoir eu Charone et autres, d'avoir défilé pour l'égalité pour se retrouver à nouveau avec des Dupont Lajoie décomplexés aux manettes...
Demain, pour nous changer les idées, on se fera une toile, en regrettant le bon temps d'avant la couleur, quand noir et blanc étaient contraints de cohabiter pour exister....
16:21 | Lien permanent | Commentaires (4)
24/10/2010
Populistes vs laquais, l'arbitre bien pensant biaise le match
Maintenant que le barnum de l'info est en non-stop et consacre le vendredi a digéré ce qu'il a vomit pendant les 6 jours précédents, le dimanche prend une importance prépondérante: c'est là où toutes les tribunes se multiplient qui déboucheront immanquablement sur une palanquée de petites phrases, religieusement reprises tout le restant de la semaine.
Europe 1, Canal +, France 5, Dailymotion/Itélé/Le Monde et Grand Jury RTL/Le Monde/Le Figaro. N'en jetez plus, tout est servi et cela permet d'en faire passer, du ministre, du secrétaire d'Etat ou du conseiller d'Etat et de l'opposant de premier ou second rang voir du syndicaliste. Parfois, Drucker aussi en invite un sur son canapé rouge.
Or, depuis quelques semaines, il règne dans ces rédactions un parfum d'outrage: c'est le retour des populistes anti-médias qu'il s'agirait de dénoncer. A bas Mélenchon, ou Montebourg, ces petites frappes qui osent attaquer les médias... Salauds ! Mélenchon et son "qu'ils s'en aillent tous" me pose problème et Montebourg me paraît beaucoup moins intéressant que sa compagne qui a rappelé avec Césaire qu'elle pensait qu'il en va de Jean-Paul Guerlain comme de Shalimar: ils puent.
Mais ces légers défauts mis à part, je les soutiens plutôt 100 fois qu'une, moi, les deux assaillants des citadelles médiatiques. Car, enfin, depuis quelques années, les médias parlent beaucoup plus des politiques sans forcément beaucoup plus parler de politique et cette hypertrophie de l'espace a donné à nombre de signatures éminentes une enflure de l'ego; qui leur donne un sentiment d'impunité semblable à certains hommes de pouvoir déconnectés.
Il suffit d'écouter Christophe Barbier ou Franz-Olivier Giesbert ou encore Guillaume Durand pour voir qu'ils sont tellement imprégnés des arcanes du pouvoir que cela a déteint sur eux. Or, ce n'est que du tabagisme passif, ils n'ont que les rogatons mondains mais heureusement pas le pouvoir. En revanche, eux, décomplexés comme l'est le pouvoir, se livrent à une surenchère verbale qu'il faudrait passer sous silence. Les hebdos titre à propos de Sarkozy "nul" "fou", "racaille", "vouyou"... Je ne dis pas que je ne me prête pas aux mêmes épanchements dans des soirées, mais pas à la une d'un hebdo imprimé à 500 000 ex quand même. Outre le chef de l'Etat, de trop nombreux journalistes se sont laissés enfermer dans le piège de la présidentialisation et ne jugent les personnalités politiques qu'à l'aune de leur potentialité elyséenne... Ceci les pousse a ringardiser sans les écouter Bayrou ou Villepin, Eva Joly ou Manuel Valls. Je ne dis pas, là encore, qu'il faille être d'accord avec ces personnalités, mais peut être peut on tendre l'oreille sur leurs arguments plutôt que de leur opposer systématiquement des visées combinardes (vous faites ça pour faire plaisir/tort à un tel draguer un tel...).
Toute cette violence et ce mépris se reporte sur les faibles -ou supposés tels- politiquement alors même qu'ils sont, effectivement, serviles avec les puissants. Ecoutez Elkabach, Duhamel, Mougeoote, Ferrari et tant d'autres; la question n'est pas seulement qu'ils soient de droite, ils sont révérencieux. Et surtout, ils respectent la bonne marche des choses et soutiennent le côté viril, le pouvoir, l'argent donc au détriment des sans grade et sans porte-parole. C'est pour cela, qu'objectivement, Mélenchon a raison sur l'histoire de l'interview du syndicalistes des Conti, Pujadas a répondu en laquais. Comme beaucoup qui font des ronds de jambes devant les marquis du pouvoir mais rosseront les gueux... Les gueux de droite comme Nicolas Dupont Aignan ou Villepin aussi sont agressés alors qu'ils partagent des idées, mais pas des affinités électives, d'où la vindicte...
Evidemment, les puissants, les seuls à être respectés, n'ont aucun intérêt à tirer l'oreille des fautifs pour les rappeler à leur devoir de neutralité et l'on peut gager ainsi que le seul arbitre refusant de jouer son rôle, les laquais continueront malheureusement à l'emporter...
Demain, nous reprendrons une activité normale, car on ne peut éternellement vivre dans son lit avec du thé et des livres pour forcer le dimanche à passer tout seul...
17:51 | Lien permanent | Commentaires (6)
22/10/2010
L'amour rend nunuche... même la grande Simone
Etonnant... Déconcertant même. Rassurant au fond. Je n'aime pas que mes idoles soient trop parfaites et j'avoue que Simone de Beauvoir, comme Badinter (Babeth, mais aussi Bob d'ailleurs) j'ai un peu de mal à lui trouver des défauts. Et bah ça y est, je me suis enfilé ses 900 pages de lettres d'amour à Nelson Algren et c'est lénifiant de mièvrerie...
"Mon crocodile", "ma citrouille violette", "mon beau fainéant" en tête de lettre "amour amour amour amour" à la fin ou "je vous embrasse comme je vous embrassais"... Curieux non ?
Tout cela est assez déséquilibré car semblerait-il, le yankee hard boiled dick qui buvait sec fumait comme un pompier et écrivait nerveux s'épanchait moins que Simone. Elle lui parle de tonnes de trucs dont il doit se foutre, son rhume, les conflits entre maristes et communistes... Et c'est là où le livre devient fascinant: on cherche, inquiet, ou furete, l'intelligence supérieure qui irradie de tous les autres livres de Momone... Parfois des saillies vachardes sur Gracq, des analyses politiques au scalpel, quelques trucs sur l'édition mais c'est un peu court, jeune fille bien rangée. En plus, elle ne peux pas trop parler de Sartre et pour cause, mais toujours "amour amour amour, dans 20 jours nous serons à nouveau ensemble"...
Car ils laisseront toujours un océan entre eux et elle eût beau l'air de l'aimer de façon quasi magnétique, jamais elle ne put délaisser Jean-Paul et c'est ça qui est beau; une bigamie bien ordonnée, la filia avec l'un, l'eros avec l'autre... Elle est balèze Simone. Elle est modeste aussi, car les lettres vont de 1947 à 1964 et elle devient pendant ces années une icône incroyable et elle s'en fout alors qu'elle se pâme devant le Pullitzer de son amant chéri. Curieux...
On savait déjà que l'amour rend aveugle (chez Sartre, ce fut aussi la pharmacopée façon Raspoutine qui lui fit perdre la vue) on voit là qu'il peut rendre nunuche même l'un des plus grands esprits du siècle... Somme toute, je trouve cela très rassurant...
Demain, nous irons voir à la FIAC cette oeuvre au titre programmatique (authentique) E.T. fist fuck Bambi...
15:48 | Lien permanent | Commentaires (10)