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20/10/2010

Préparez-vous à aimer les mouchoirs...

dyn001_original_300_501_jpeg_2666720_bcdb32b20332d1f4347745bf4671b3e6.jpgSamedi à la manif avec C. je lui dit devant une affiche, "tiens, j'irais peut être voir ça" et elle de me tancer que décidément, on a peu d'affinités cinématographiques. 

Que voulez-vous, tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes, mais cinéphiles aussi; moi, à 9 ans, je regardais Avanti de Wilder pour me bidonner... Forcément, tout Cukor, Mankiewicz et Allen très jeune, ça te pousse à la rébellion. Du coup, à 15 ans mon film favori était Kickboxer, avec Van Damme... 

Mais bref, depuis j'ai appris à concilier les deux: je mate les chefs d'oeuvres en DVD et vais au ciné pour me détendre. Parfois, je vois des pépites, là plus part du temps des trucs qui me vident la tête, ce qui n'empêche pas d'être bon (the social network).

Et le film de Canet, j'hésitais, ça avait l'air tarte, un peu Kougloff... Ce matin, cette dinde d'Eva Betan l'a démoli sur France Inter et ça m'a incité à y aller (elle avait déjà dit pis que pendre de The social network) et puis le Canard en disait beaucoup de bien. J'ai pris le risque...

Les petits mouchoirs s'inscrit clairement dans le registre du bon film qu'on revoit avec joie alors qu'on ne revoir pas nécessairement les chefs d'oeuvre de peur d'être déçu. Un très bon cru bourgeois. Dénigré par la critique, mais "Vincent, François, Paul et les autres" ou "mes meilleurs copains" c'est de cet acabit et on est toujours ravi de les revoir.

Je suis un peu gêné aux entournures pour parler de l'intrigue puisqu'il ne faut pas déflorer le final, mais bon disons que c'est des potes de toujours qui vont en vacances pendant qu'un des leurs est à l'hosto dans un sale état. Il y a tout les ingrédients réunis pour faire du mauvais film français avec rebondissements amoureux improbables ou personnages trop lourds. Et non. Tout est juste. Pas forcément de nature à vous transporter devant une interprétation à la Kenneth Brannagh, mais même Marion Cotillard est très bonne, c'est dire...

Non, vraiment, on rit beaucoup, parfois un peu jaune car Canet n'épargne pas ses héros. Il n'en met aucun spécialement dans la lumière de sorte qu'il n'y a pas de premier rôle, que des bons seconds rôles, ce grand truc Français. Là où l'on sait qu'il a réussi un film de potes sans tricher c'est qu'à moins de tricher nous même, on se reconnaîtra forcément dans les travers des uns et des autres, leurs compromissions amoureuses. Le thème ultra récurrent de l'angoisse de l'attachement est très finement amenée pour une fois et les couples à enfants ne sont présentés ni comme les voisins des Ricoré ni des raseurs... Non, vraiment, bien vu Canet...

Demain, vous je sais pas, mais mi j'irais au fin fond de l'Essonne pour enregistrer un livre audio sur le besoin de gauche, mais j'en recauserai...

19/10/2010

Ni 1, ni 2, ni 3, mais 17 -très- bonnes nouvelles !

Debutants-oeuvres-completes-t1.jpgPlutôt que d'aller au bout de la manif' où quelques petits cons viendront, le film est déjà écrit, casser pour casser et la police laissera faire en protégeant les journalistes pour qu'ils puissent filmer la France qui a peur et les invasions barbares, mettons la flèche avant la fin de la manif' et prenons un excellent livre.

C'est un semi-inédit: quand Carver, après 10 ans à tirer le diable par la queue, avait fini par trouver un éditeur, il s'était plié à l'injonction de ce dernier de couper la moitié de son oeuvre. Ce qu'il fit. D'où la légende de l'écriture minimaliste de Carver, notre petit Ponge. Le Tchekov américain aussi. Mouaif, comparaison n'est pas raison de lire.

Là, donc, l'éditeur prend deux excellentes initiatives: primo republier d'ici l'année prochaine les oeuvres complètes de Carver, d'une, et de deux publier le manuscrit in petto du premier Carver, du meilleur.

Pour ceux, veinards, qui ne connaissent pas et découvriront, il est délicat de résumer Carver. On y croise souvent des pochards célestes, des alcooliques anonymes, des paumés, des contemplatifs, bref, la société productiviste est rare chez Carver, ou en filigrane, à l'encre sympathique. On boit beaucoup chez Carver, comme chez presque tous les grands américains du siècle. Roth n'a pas le Nobel ? Qu'il se mette à pomper comme un moteur de Maserati... Styron se finissait à l'eau de cologne, Lowry éclusait du mescal à ne plus savoir qu'en faire et Faulkner, Dos Passos ou Steinbeck doivent une partie de leur Nobel au réalisme exacerbé des vapeurs d'alcool dans leurs oeuvres...

Au niveau du format comme dirait un vendeur de la FNAC, donc, des nouvelles. Les imbéciles pensent souvent que la nouvelle est un entraînement pour le marathon romanesque. Débile... Ce sont deux exercices différents, si le roman est un marathon, qu'il faut maîtriser de bout en bout, la nouvelle est un 800 mètres, une course que l'on parcourt à fond du tout long. Exercice d'équilibriste de planter un décor, donner de la chair à 3 ou 4 personnages, marquer une ambiance et nouer une intrigue, le tout en 12 pages. Carver, lui, y parvient à chaque fois. Deux ou trois nouvelles dans le recueil détonne par leur longueur et elles ne sont pas forcément meilleures, ce serait comme opposer court et moyen métrage. 

Enfin, la nouvelle a ceci de jubilatoire qu'elle happe le lecteur qui ne peut se relâcher 5 lignes, avance, gourmand vers la suite et avale la suivante jusqu'à l'indigestion... A la fin, on a retrouvé une immense dalle de littérature, le palais expurgé de ces étouffants essais que l'on s'enfile pour briller dans les dîners en ville...

Demain, nous hasarderons le nez dehors pour voir si comme le prévoient les spadassins gouvernementaux, l'insurrection vient...

17/10/2010

Le PS se souviendra t'il de ses idées de gauche en 2012 ?

article_cahuzac.jpgLe PS était dans la rue, hier. Comme à toutes les manifs depuis le début et je n'ai vu personne pour leur jeter des tomates. Au contraire, ils avançaient dans le cortège en se pliant à l'humour potache de circonstance; certains militants arboraient un t-shirt à l'imprimé classieux "la retraite à 67 ans, pourquoi pas 69 ? Tant qu'à se faire baiser..."

Du coup, on en viendrait à aimer le PS comme force de gauche. Surtout quand on se ballade dans la manif et où l'on pense avec Clooney "what else" ? Le NPA a des relents puants, leur dernière campagne ravive un certain poujadisme vomitif et idéologiquement plus Drumont qu'autre chose...

Personnellement, je ne cache pas que l'oeuvre économique de Jacques Généreux et certaines sorties de Mélenchon contre les banquiers m'inclinaient à voter Front de Gauche fièrement en 2012. Sa sortie contre Pujadas en "laquais" ne me gêne pas le moins du monde. C'est le cas. En revanche "qu'ils s'en aillent tous" comme titre d'un livre programmatique qui pourrait sortir de la bouche de Marine le Pen, ça me navre...

Sinon, il y a Europe Ecologie, avec l'intransigeante Eva Joly à l'éthique d'airain. Bon, mais ce mouvement s'est constitué comme un paëla, avec fatalement un certain nombre d'ingrédients indigestes. Jean-Vincent Placé, ce Machiavel de parking de supermarché croqué dans Le Monde Magazine de cette semaine où l'on apprend qu'il a 17 000 euros d'amendes de stationnements impayées (il se déplace beaucoup en bagnole, l'écolo...) en serait la figure de proue. Augustin Legrand ? Je veux bien me défoncer la tête avec lui, mais je lui confierai pas mes subventions. Julien Bayou ? "La peur n'est pas une vision du monde", d'accord, mais le squat place Vendôme avec Kro à volonté, non plus.

Alors, bon, ça nous laisserait le PS.... Vous avez vu Moscovici, Valls et tant d'autres gens de droite drapés dans la dignité d'une carte qu'ils brandissent comme une amulette ? D'accord, ils sont infiniment plus brillants que Morano, Estrosi et Balkany... Quitte à choisir des libéraux, autant en prendre avec cerveau. Certes, mais le Grand Soir restera plus qu'en rade. Sur les retraites, le PS accrédite l'idée d'une montée en charge de la durée de cotisation, ne reviendra pas sur l'autonomie des universités, stoppera l'hémorragie dans l'éducation nationale mais ne réembauchera pas... Ils seront meilleurs gestionnaires, limiteront le clientélisme, mais la réduction des inégalités ne figure pas au programme.  

Et cette semaine, fiat lux, Jérôme Cahuzac, Président de la commission des finances à l'Assemblée, PS, a proposé une authentique mesure de gauche... inspirée pourtant des Etats-Unis. Plutôt que d'installer un bouclier fiscal, retenir les exilés fiscaux par une pression inversée, soit à la base. Id est: lorsque l'on gagne sa vie, on le doit à une éducation et un système social et éducatif dont on est redevable à vie. Si on s'exile, on paiera une part (de l'ordre de 5% à 10%) de ses revenus au Trésor Public Français. La droite va expulser la proposition pour ne pas pénaliser 2,5 millions de Français. Faux. En réalité, il suffit d'inscrire la mesure dans la Constitution et surtout, fixer un palier élevé: en clair, ne pas pénaliser les Français partis vivre une expérience mais bien rattraper les fraudeurs sportifs ou grands patrons. Je ne suis pas à l'inspection des Finances, 100 000 euros annuels par exemple, serait une base raisonnable. Cela permettrait de ramener de nombreuses recettes fiscales et ferait revenir un certain nombre d'exilés...

Alors, quand certains comme François Hollande appellent au grand soir fiscal en 2012, se souviendra t'il de cette idée ? J'en doute... Dans le fond, le meilleur analyste du PS reste Bénabar "t'approuves mais tu regrettes, c'est ton côté socialiste"...

Demain, nous épierons l'angoisse monter dans un pays potentiellement dépouillé de son pétrole...