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07/12/2010

Portrait de la France en soutenance de thèse...

Thesard_b.jpgLe lundi au soleil, j'en sais rien, mais le lundi matin dans un sous-sol de la Sorbonne et quelques heures de débats avec des doctes spécialistes de l'histoire du haut moyen âge pour discourir sur des arguties épiscopo-juridiques, je vous en dirais pas plus, la dotcteur en histoire est une copine, mais bon, à mesure qu'avançaient les arguments cosmétiques par lesquels les professeurs justifiaient leur présence, je comprenais que le spectacle était ailleurs: l'assistance.

Peu de proches, beaucoup de collègues, de comparses, des thésards ou docteurs, la nuance est subtile quand on ne parle pas aux gens. Ou plutôt quand les gens ne vous parlent pas... Et c'est bien là le problème, pas pour moi ma petite âme s'en est fort bien remise; en revanche, ça m'a fait réfléchir à la dérive des continents dans l'hexagone, ces deux entités qui ne se parlent plus...

Ma mère m'a toujours dit que les gens les plus intelligents finissaient universitaires et qu'un crétin fini comme Arthur pouvait devenir richissime, ne pas confondre. J'entendais l'autre jour une émission sur ce thème énigmatique "pourquoi lire?" et Charles Dantzig de parler avec raison "il y a 30 ans, dans mes études, j'ai vu la montée en puissance des écoles de commerce et je me souviens des voix s'élevant pour dire que ça ne marcherait pas, qu'on ne peut réussir sans lire. Regardons les choses avec lucidité, ils réussissent et dominent; on peut le déplorer, pas le nier". Si les intellos pensaient comme Dantzig sur le sujet, tout irait mieux. C'est mon cas, je côtoie plein de gens à la trajectoire professionnelle ascendante qui me dise que les Pays-Bas auraient peut être battu l'Espagne si Spinoza n'avait pas été remplaçant et je me dis que, bon, ils savent déjà qu'il s'était réfugié en Hollande...

Mais les intellos pensent majoritairement comme Finkielkraut, à savoir que ceux qui ne lisent pas sont nuisibles et qu'ils gagnent trop d'argent... Sauf qu'ils ont eux mêmes entièrement intégré le paradigme libéral et veulent consommer... Peu de lecteurs du MAUSS, le mouvement anti-utilitarsite en sciences sociales, non non, plutôt des lectures de "la vie patrimoniale" car s'ils ne vont pas en bourse, ils veulent placer leurs éconocroques. Car hier, c'était l'empyrée éducative française, pas des profs de collège à 1600 euros par mois et trois heures de transports, non des agrégés et docteurs à plus de 3000 euros pour une bonne vingtaine d'heures de boulot par semaine, passant leur temps à se plaindre de la faiblesse de leurs émoluments. Et ça les rend rances. Il fallait voir hier comment ils jubilaient tous, se rengorgeaient de leur importance car ils savaient sans doute être les seuls en France à comprendre ce qui se disait dans cet alcôve...

On ne fait pas de bonne politique avec du ressentiment... J'étais profondément chagriné de ce spectacle: un concentré d'intelligence fabuleuse, proprement inutile, fermé à double tour dans sa tour d'Ivoire, vomissant tout le reste du pays. Moi qui devait être porté naturellement vers ces gens, mes presque semblable dans le sens ou nous sommes curieux devant un parallépipède de papier (je changerais cette expression avec le développement de l'Ipad), je m'en éloignais. A les voir s'enfermer dans une frustration liée à leur amour du modèle libéral, j'en venais à prendre la partie de l'original: je comprends les crétins en hedge funds de déplorer de donner leurs impôts pour financer ces mecs... Car non seulement ils ne cherchent pas pour le progrès de la nation, comme avec des sciences "dures", mais ils n'aiment pas transmettre et ça, c'est crime de lèse majesté! Bourdieu enseignait des sciences molles, mais en faisait profiter 200 000 fidèles et voulaient cette évangélisation, idem pour Piketty, Gauchet ou tant d'autres, même en histoire Corbin, Le Roy Ladurie et tant d'autres prêchent pour l'extension du domaine de la lutte de la connaissance... Là, j'ai vu 50 gars heureux d'être seuls à comprendre le sujet et qui se seraient mutilés plutôt que de simplifier le propos ou de chercher à en ôter l'opacité...

En sortant de la salle, la mélancolie m'envahit avec une envie de hamburger en écoutant Bigard. En fait, j'ai écouté une conférence de Michel Crépu puis finit le journal de Jean Clair; ça doit s'appeler l'instinct de survie... Mais, ces deux France boudeuses ne m'inspirent rien de bon...

Demain, à Lyon c'est la fête des lumières et j'ai beau chercher, les ressemblances entre Gérard Collomb et Diderot ne me sautent pas aux yeux...

04/12/2010

Peluche, nunuche, autruche : la devise des rétrosexuels...

autruche.jpgRobserpierre disait que l'égalité incarne ce pont qui relie la liberté des pensées vers la fraternité entre les êtres. Bon. On pourrait le paraphraser avec la l'insoutenable légèreté d'une Fonelle pour arguer que la nunuche est l'idéal indépassable qui permet au rétrosexuels de quitter ses peluches enfantines pour mener sa vie en bonne autruche en refusant de grandir.

Je n'ai pas déposé de brevet à la faculty of sociology of my balls et en suis pas allé vérifier s'ils existaient déjà, mais les rétrosexuels sont ces nouveaux machos grimés en nouveaux pères. Officiellement, ils sont cools, Adoooooorent leurs enfants, sont pour laisser le partage des tâches et n'ont aucun problème avec ce que leur nanas gagnent mieux leur vie qu'eux.

Le rétrosexuel lit Libé dans le Métro mais Les Echos et le Figaro au bureau, il s'indigne des inégalités salariales mais rentre dans le bureau du boss en hurlant "mais tu vas promouvoir cette pouffe qui devra se barrer à 18h alors que je me défonce: augmente moi ou je me barre". Le rétrosexuel n'est pas schizophrène: il a peur. 

Seulement, ça ne va pas avec son panache et ses idées généreuses, d'ailleurs le rétrosexuel est toujours le premier pour les déménagements des autres et leur filer un coup de main pour leur buisness plan. S'il n'aide pas plus à la maison, c'est uniquement parce que "mamour est tellement douée pour tout ça, elle m'épate, je sais pas comment elle fait, mais elle gère toujours tout", bah oui, c'est dingue quand il rentre, le rétrosexuels trouve ses enfants lavés et nourri, le dîner prêt et les factures payées. Le lendemain matin, il arrivera en retard au bureau en faisant savoir à tout l'open space qu'il est passé au pressing car en bon mari moderne, il est pour le partage des tâches et qu'en plus de ses 4 costumes, il a déposé une jupe de sa femme...

Quand il lui arrive quelque chose de pénible, le rétrosexuel appelle sa mère car elle ne le jugera jamais, alors que sa femme lui fera la morale et ça, ça va le gonfler, depuis qu'elle lit Roudinesco de toute façon, on ne peut plus discuter avec sa femme. Sa maman, elle, a toujours du quatre quart au beurre et n'a pas d'opinion sur la carrière de son fils, il sait ce qui est bon pour lui.

Quand la femme du rétrosexuel réussit au boulot, le rétrosexuel claironne partout que c'est génial, qu'elle est brillante, mais fors la cantonnade, il serre les vis: car avec toutes ces obligations, qui va continuer à tout gérer ?

Mais plutôt que de reconnaître son machisme ambiant, ce qui peut s'entendre, (le rétrosexuel trouve que Zemmour exagère mais qu'au fond, quand même, quand on y pense...) va dire qu'il est persécuté, qu'il faut lui foutre la paix et repartira plein de superbe foutre sa tête sous l'oreiller du salon, semblable à son animal totémique: l'autruche. Et pendant que l'autruche serrera très fort sa peluche en regrettant d'avoir choisit une femme libérée plutôt qu'une nunuche, il faudra bien que, comme par enchantement, le monde se gère de lui même... 

Après tout, comme disent les chinois soucieux d'apaiser les hyperactifs colériques persuadés de pouvoir tout changer avec leur seul hubris " au printemps, dans les champs, l'herbe croît d'elle même..."

Demain, nous tenterons dans un secteur de la presse sinistré de trouver une porte de sortie pour la reine Christine, parce que n'est pas Mata Hari qui veut...

01/12/2010

Olivennes, symbole de l'engagement à géométrie variable...

culbuto.jpgLa nouvelle est tombée hier et avouez qu'il y avait de quoi cesser de vivre: Denis Olivennes part à Europe 1 plus le JDD et autres médias de Lagardère. Je ne sais pourquoi, m'est avis que vous vous en foutez. Vous avez tort. Pas en tant que tel, leur sodomie de diptères ou ces petits éditocrates s'enculent en couronne dans une vaste blague de chaises musicales ne présente aucun intérêt; mais sur le fond, ça porte à réfléchir.

Pardon de ratiociner, mais tout de même, quelle déplorable leçon de plasticité mentale. Je ne dis pas que tenir sa ligne idéologique quoi qu'il en coûte est indéniablement une preuve de supériorité intellectuelle, mais là, c'est un gardien de but qui devient ailier droit après avoir été avant centre, stoppeur, latéral et milieu offensif...

Il paraît qu'à 15 ans monsieur Olivennes était proche de la LCR... Non, mais relisez ce truc qui est repris benoîtement par tous les journalistes dans les milliers de portraits: "proche" de la LCR. Engagé, tracté, formé, débattant, militant ? Non, "proche". Idem pour Franz-Olivier Giesbert qui "fréquentait les milieux maoïstes", comprenez par là qu'il était moins apeuré que ses potes manifestant contre 68 et qu'il allait fumer avec eux avant de sauter avec celles qui avaient eu la bonne idée de s'affranchir de l'ancien régime corporel. Comment on réinvente sa bio pour y ajouter le soupçon de poésie et d'originalité à laquelle votre vie très conforme de noceur aux dîners du Siècle vous empêche de prétendre... Depuis, Olivennes est "boxeur" et Giesbert n'aime rien tant que "des échappées solitaires dans sa thébaïde du Luberon" et fidèlement, les journalistes assermentés reprennent ses mêmes conneries dans les panégyriques honteusement qualifiés de "portraits".

Ces deux-là sont des siamois, Olivennes réaffirme son engagement à gauche tout en dînant régulièrement avec Carla, rendant un rapport édifiant sur HADOPI, réclamant des indemnités record à Canal +... FOG, lui, s'autoprocalme séditieux à l'envi pour continuer à être multicarte en restant très bien élevé et en faisant dire 2-3 grossièretés par Nicolas Rey ou Nicolas Bedos pour conserver un soupçon de jeunesse. FOG, c'est Dorian Gray mais comme il n'avait pas d'âme à vendre, il vieillit quand même et sa couperose trahit comment.

Pendant que tous ces petits marquis continuent leur valse à 1000 temps qui voient Bompard à la FNAC après Europe, Mougeotte au Figaro après TF1, FOG au Point après l'Obs et le Figaro, le Nouvel Obs est toujours dirigé par Jean Daniel et Perdriel qui ont crée le canard il y a ... 46 ans... Et il ne sortaient pas de l'école nom de Dieu. Soulignant dramatiquement, à leur corps meurtris défendant, le pourquoi des sinuzoïdes des générations suivantes : à quoi bon tracer son sillon tout droit si c'est pour se fossiliser. Amusant tout de même sur cette question: "l'insurrection" dans les rédactions consécutives au départ de Jacques Julliard, 77 ans, du Nouvel Obs pour Marianne...

Je serai un jeune journaliste, toutes ces histoires me dégoûterait à jamais de vouloir rentrer dans une rédaction: servir des serpents ou des cacochymes, cruel dilemme...

Demain, nous continuerons à stocker des livres pour hiberner car l'hiver s'annonce rude bordel de merde...