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24/06/2010

Le culte de la performance est-il soluble dans l'exemplarité ?

arnold3.jpgQuel bordel, aujourd'hui, quels amalgames débiles sur l'équipe de France de foot et nos hommes politiques. Je trouve navrant de rater une occasion pareille de pointer des dérives performatives pour mettre le doigt sur des bassesses de formes. Donc, je le dis d'emblée, on peut faire un parallèle entre l'équipe de France de foot et nos politiques. Et nos grands patrons aussi. Ce n'est pas une histoire de tenue langagière ou de rapport à l'argent. Ca en fait grandement partie, surtout pour l'argent, mais c'est plus profond que ça: nous sommes englués dans un culte de la performance, ontologiquement inconciliable avec toute forme d'exemplarité ou pour le dire plus vite, d'éthique.

Le livre d'Ehrenberg sur le culte de la performance n'a malheureusement pas pris une ride. Au travers de la figure de Bernard Tapie, il montre comment les années 80 ont glorifié le winner, en politique, en sport, ou dans les affaires. Or, cette figure du winner est biaisé dès le départ: seule la réussite compte. C'est le Patrick Bateman de Bret Easton Ellis dont on ignore les névroses tant qu'il ramène du chiffre. Pourtant, Bateman se livre a des actes aussi délictueux que le héros de Orange Mécanique, mais qu'importe, puisqu'il affole la planche à billets.

Aujourd'hui, pour ces trois corps constitués, une donne s'ajoute: les médias. Tant que rien ne transpire sur les mauvaises pratiques, continuons. Signe des temps, relevé par le sagace second flore http://secondflore.hautetfort.com : Interrogé sur l'affaire Christine Boutin, Eric Woerth avait intimé à la Bernadette Soubirou de sous-préfecture de renoncer au grisbi "pour que cesse la polémique". Le souci n'est pas le fait, mais la polémique. La main d'Henry, "pas vu, pas pris", les retraites chapeau et les parachute dorés ne sont refusés que lorsqu'ils causent des esclandres médiatiques, sinon lesdits patrons les empochent. CQFD et surtout pas CGT quoi...

Or, ce genre d'attitude encourage évidemment une radicalisation du poujadisme de l'opinion: tous les élus trichent, font payer leurs cigares et leurs bonnes par la collectivité, tous les sportifs sont dopés, tous les patrons sont des escrocs... Le poujadisme, on sait ce qu'il vote et les régionales récentes l'ont rappelé de façon sinistre, le grand borgne à l'héritière blonde se frottent les pognes.

Face à ce constat désolant, une question : cela peut-il changer ? Ah bah oui, ma bonne dame. Hélas, je crains que le problème soit très lourd à inverser car il faut pour s'en sortir changer de paradigme. Ils ne suffit pas de sortir les sortants, mais de les faire penser autrement, car ceux qui trépignent à la porte des élections, de l'équipe de France ou des conseils d'administration feront la même chose. Ils sont programmés pour : le culte de la performance, comme l'amour, rend aveugle. Hélas, si le mariage rend la vue à l'amour, le pouvoir renforce encore la cécité en la rendant irréversible. Nos élus, dirigeants et footeux ne sont pas mauvais de nature, ils sont tous coupés du monde.

S'ils vivaient un tant soit peu avec nous, ils cesseraient, mais ils sont dans leur bulle qui ne répond qu'à cette logique de bulle. Les footeux ne voient même pas en quoi leur attitude est révoltante puisque leurs seuls contacts sont d'autres morveux millionnaires ou des agents les poussant à l'appât du sponsor. Nos patrons s'imitent: dès qu'ils arrivent quelque part, ils déjeunent, s'informent de ce qu'ils peuvent prendre et le prenne.

Quand à nos élus délictueux, le pire, c'est que dans leurs cervelles, je suis sûr qu'ils n'ont pas conscience de tricher : à cotoyer la ploutocratie qu'ils ont eux même engendré, ils se persuadent que cumuler quelques indemnités pour atteindre un crasseux 18 000 euros quand il pourraient gagner 10 fois plus dans le privé les autorise, toute vertu dehors, à bénéficier des largesses de Marianne. Je vous assure qu'ils ne comprennent pas les procès qu'on leur intente. Quand vous voyez l'ami Thierry Breton, devenue PDG d'Atos, se foutre 3 millions d'euros dans les fouilles l'an dernier, vous pensez pas que les ministres à 170 000 euros par an se prennent pour des nains ? Ils ont perdu pied, ne savent plus qu'ils vivent dans un pays ou le salaire médian est de 1700 euros, que seuls 5% gagnent plus de 4000 euros par mois; depuis longtemps, donc, ils vivent loin de tous ces tracas et ça nous vaut tous les "clapotis" actuels, pour parler comme le premier d'entre nous...

Après avoir été consterné par les Bleus, je me dis que dans le fond, ils sont les moins déplorables du trio: leurs ridicules frasques, leur ignorance crasse du reste du monde est à gerber, d'accord. Ils favorisent le poujadisme "anti-cités' et donnent un triste spectacle, entendu. Mais ce sont quand même des incultes qui s'en sont sortis à la force du jarret, qui s'exposent et sautent quand ils font des conneries. Les sponsors vont délaisser Anelka, par exemple. Surtout, leurs conneries n'affectent qu'eux. Alors que notre élite, pour des raisons de coteries ou d'amabilité sucrées envers l'association des fonds de pension prend des mesures en dépit du bon sens qui affecte des dizaines de millions de personnes, en laisse sur le carreau sans jamais salir leurs petites pognes. Ils trouvent toujours des lampistes pour trinquer à leur place, Kerviel écope pour Bouton, Minc accuse des sous-fifres...

Alors, en réponse au titre, puisque l'exemplarité n'est pas soluble dans le culte de la performance, il va falloir faire des Etats Généraux, voir un Grenelle de la beauté du geste... Je dois vraiment pas être fait pour la politique, mais c'est pas grave, je vais le monter celui-là...

Demain, nous chercherons à savoir si l'humour est soluble le fait du Prince...

 

23/06/2010

Le monstre du fairness

Ligne 1, chemin retour de la Défense, peu de jeans pour disputer l'hégémonie des complets-cravates. Deux jeunes cadres dynamiques qui ne sont plus forcément si jeunes, mais si dynamiques, si volontaires qu'on leur accorde.

Costume à rayures, grosses cravates et sac à dos nouvelle génération où l'on range son ordi. Ils parlent d'une voix puissante, de celle qui veut conquérir, à défaut du monde, l'adhésion du wagon. Je n'ai aucune envie d'adhérer, mais leurs beuglements me tire de ma lecture. Ils doit être question de prime de fin d'année, et l'un des deux se lance dans un commentaire éthique:

-Ouais, mais non, faut pas lisser les primes, ça entraîne de la démotivation. Moi je pense que ce qui est juste c'est une moyenne, mais les mauvais z'ont que dalle et les autres ils ont le max, c'est à dire 80. Moi j'ai eu 80 donc ça me choque pas... C'est une question de comment... De "fairness". Ca porte un nom.

Silence

-Oui, c'est con, je sais plus. Dit l'autre.

-D'équité ! Voilà, c'est ça c'est une question d'équité, quand tu fais gagner 1 million d'euros, c'est normal que t'empoches, c'est une question d'équité...

Ils se lèvent en souriant. Je les regarde s'éloigner, les mains sur les bretelles de leurs sacs à dos comme des petits écoliers de LU. Sans doute ont-ils proposer des recommandations de plan social pour LU à l'époque, d'ailleurs. C'est une question de Fairness.

21/06/2010

Festivus Maximus

fete-bbq.jpgLe 21 juin, c'est chouette, on peut profiter de la lumière très longtemps. Le régal des yeux est contrarié par le supplice des oreilles, tous nos coins de rue étant envahis par des épigones de David Bowie dans le meilleur des cas, mais le pire n'étant jamais certain, ne parlons pas du meilleur...

Avec un peu d'imagination avec ou loin du pouvoir, ne peut-on pas encore inventer d'autres dates ? Non, c'est vrai Pétain nous a filé la fête des mères, Gilette celle des pères et Tena celle des grands-mères. Lang a planté sa fête de la musique et la Techno Parade, la marche des fiertés, et Delanoé a rajouté Paris-Plage et la Nuit Blanche, mais quand je vois tous les trous qui restent dans le calendrier, j'ai honte....

Commençons par le plus simple: puisque l'envers vaut l'endroit, il faut créer Paris-Montagne et la marche des hontes. Pour Paris Montagne, ce n'est pas plus ridicule qu'autre chose, piste de bobsleigh sur le trocadéro, slalom entre les colonnes de Buren et le tour est joué. Pour la marché des hontes, là aussi, on peut capitaliser, tous les socialistes de gauche, tous les gaullistes, les anciens fans de Domenech, de Denisot et autres...

Ensuite, il faudra trouver une fête des tontons, avec Sigmund, Cristobal et les flingueurs. Une fête des tantes et pas seulement Décathlon et la fête des pièces rapportées, non pas chez Darty ou Midas, mais les beaux-frères et belles soeurs...

Je trouve que cela ferait un beau programme de quinquennat, même si sans doute un peu ambitieux, mais les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.

Demain, les jours commenceront à raccourcir, espérons qu'il en ira de même des jupes des filles.