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04/08/2011

L'inavouable existence de roses-bruns...

h-20-1464829-1237556375.jpgSurtout n'en parlez pas, on vous traiterai de misérable sycophante à la solde de l'UMP. Pensez, des roses-bruns comme il y a des rouges-bruns, des rouges-verts-bruns ou une droite populaire qui se brunit pas seulement pour Carla.... 

Et pourtant, la science politique électorale ment moins que les sondages. Comme le rappelaient fort justement Dominique Reynié et Jérôme Fouquet chez Calvi lors des cantonales 2011, au second tour, en cas d'affrontement FN/PS, le FN gagnait 10 points par rapport au premier tour, c'est entendu et prévisible ; ce qui est moins dit c'est qu'en cas d'affrontement FN/UMP le FN gagnait aussi 10 points dans les 200 cantons concernés et cela ne saurait être lié à l'abstention... Toute l'émission sur la montée en puissance du FN dans les thèmes de campagne est visible là :

http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resu...

 

Cette évidence arithmétique est peu discutée. On referme tout de suite la porte en prenant des exemples caricaturaux comme Mussolini qui était d'abord socialiste (pour Hitler, on évite généralement les références au termes socialiste de son parti, tout de même) comme pour dire que la gôche, la gôche socialiste n'avait jamais eu dans ses rangs d'adeptes flirtant délicieusement avec les thèses racistes. Comme si Marcel Déat n'avait pas existé. Plus socialiste que Déat, c'est délicat, plus de 20 ans adhérent SFIO, ministre chez eux puis créateur du rassemblement national populaire. Pourquoi on ne le ressort jamais de la naphtaline pour évoquer les dérives possibles et faire le ménage ?

Plus récemment, son avatar moderne s'incarne chez Eric Besson, socialiste d'on ne sait trop où acquis avec une célérité déconcertant à la haine de l'étranger. Les socialistes n'ont pas le monopole du coeur, c'est acquis, mais certains d'entre-eux ont même de l'humanisme une conception toute opus deienne...

En Allemagne, Thilo Sarrazin bat des records : l'ancien ministre socialiste a vendu plus d'un million d'exemplaires d'un livre que je n'ai pas pu lire n'étant pas germaniste, mais dont les extraits traduits que j'ai pu parcourir fleurent bon le Gobineau ; la race allemande est menacée par son métissage avec les turcs et les arabes... Voyant que 18% des allemands seraient prêts à soutenir Sarrazin (émouvant hasard patronymique...) s'il montait un parti, les instances socialistes ont refusé de l'exclure, mais condamnent le livre. Ils font comme Charles Martel et repoussent Sarrazin à moitié...

Chez nous, Frêche ne fut jamais exfiltré de Solférino non plus, Montpellier vaut bien une messe-basse. Les dérapages sur nos concitoyens non-gaulois de la part de Manuel Valls, Bockel ou autres que j'oublie ne sont jamais relevés non plus.

On peut relativiser ces déviances et tenter de se rassurer en se rappelant qu'en 2002, au deuxième tour de la présidentielle, les voix de Jospin s'étaient intégralement reportées sur Chirac ; mais le contexte d'alors n'était pas le même et la crise de 2008 a ravivé ce syndrome "les nôtres plutôt que les autres" et ce second tour des cantonales ne passe pas. Espérons que nous n'aurons pas à vérifier cela à plus grande échelle le 6 mai 2012...

02/08/2011

Very pleasant trip

The-Trip-006.jpgPour le mot on eût pu dire "very good trip", mais ça orienterait vers une fausse piste. Ce n'est pas nécessairement "bloody good", mais assurément plus que plaisant. Pour un 1er août c'était même délicieux. Surtout après. Pas comme pour le dentiste ou "l'après" signifie le relâchement de la trouille, la fin de la douleur. Plutôt comme l'après-goût d'un whisky vieux qui remonte doucement.

Là, c'est le message du film qui se distille le temps de sortir du cinéma et de traîner jusqu'au bus. Pendant quelques stations, même, on garde en hypophyse (l'équivalent cervical "d'en bouche") le goût de ces échanges verbaux syncopés et l'on regarde Paris la nuit en pensant sens de la vie, crise de la quarantaine, imbéciles heureux, génies incompris, à quoi bon le succès ou encore pourquoi on fait des enfants. Le film parle de tout ça avec ce style inimitable des anglais, mordant comme ils mordent pour se venger d'avoir de la si mauvaise bouffe.

C'est d'ailleurs, ça, le pitch. Un acteur en passe de rompre avec sa nana invite un autre comédien qui connaît moins le succès pour remplacer sa nana au pied levé dans une tournée des grands ducs. Officiellement, donc, le film parle de bouffe. Mais ça c'est le chic anglais, chez nous ça donne les Grands Ducs, le Bonheur est dans le Pré et on salive devant l'écran. Là, malgré l'heure tardive, mon estomac ne m'a pas tiraillé une seconde, on les voit baffrer et ça ne fait rien. Boire, déjà, les muqueuses salivent... Les anglais quoi.

Parfois, ne le cachons pas, 1H46 de discussion, il y a des creux. Pas des blancs, car les deux compères meublent tout et l'on déjà arrivé. Mais des moments où la discussion s'enrayent un peu, comme une blague que l'on ne sait pas arrêter à temps. Mais un verre de Chablis premier cru (aux frais d'un journal, cette vision de la presse !) plus tard, ils relancent la machine. La fin ( sans coup de théâtre, rassurez-vous) s'étale un peu comme pour mieux contraindre le spectateur à réfléchir à ce qu'il a vu comme un agent immobilier qui s'exclamerait 'vue imprenable sur la mer" devant une grande bleue qui nous fait face. Il y a ces légers défauts qui le rendent d'autant plus plaisant et vu la concurrence du moment, si l'on veut se faire une toile, avant le resto (ou les bières), on aurait tort de se priver.

 

31/07/2011

Impôts: sommes nous revenus au temps honni par Vauban ?

can-stock-photo_csp4609564.jpgUn ami libraire gaucher contrariant (il emmerde la droite, qui commence chez lui dès que l'on sort de chez Mélenchon, en somme) me demandait ce que je pensais de la fiscalité française. Pas pour placer ses éconocroques en Sellier, Boorlo ou autre niches fiscales, mais pour tester ma capacité à relativiser.

Bon élève d'une gauche abonnée au Monde Diplo, je lui disais ma consternation devant la cécité des sociaux-démocrates à ne pas vouloir taxer (du moins de ne pas ériger le sujet au rang des priorités) sévèrement les ultras-riches, les 0,1% à 1% de la population qui sont véritablement dans une logique confiscatoire de l'argent comme l'a superbement montré Piketty dans "la révolution fiscale" (Raisons d'Agir). Je déroulais sur quelques souvenirs cuisants, comme cette malheureuse sortie de François Hollande disant ne pas aimer les riches "à plus de 4000 euros par mois" (le pauvre garçon ne doit pas beaucoup s'aimer...) quand ceux-là ne posent pas souci: jusqu'à 10 000  euros par mois, le système d'impôt est juste en France, c'est au-delà que ça part en quenouille. Bref, mon exposé était rôdé. Alors que j'arborais ce sourire de contentement typique de l'acteur en promo ayant fait un bon mot chez Denisot, je me reçus un retour en pleine poire : 

- As tu la Dime Royale de Vauban ?

- Je... Pas connaître.

- Vas. Et on recause.

J'ai beaucoup de défauts (sans commentaires), mais le manque de curiosité n'est pas le premier de ceux-la. Renseignements pris, il s'agit d'un texte publié en 1707 en France, puis en 1708 en Belgique et en 1710 en Angleterre. Si je précise les versions ultérieures c'est que la première édition française fut clandestine, mais valut quand même à l'auteur, cet homme loué du Roi, d'être disgracié. Vauban qui aimait autant le roi que la patrie en est mort quelques mois après. L'histoire a retenu le bâtisseur de génie, dont toutes les fortifications sont classées par l'UNESCO et rangé la dîme royale au rang des prurits de vieillesse. A tort. C'est un texte fondateur, un texte visionnaire, plus d'un demi-siècle avant les lumières.

Un texte mal republié aussi, puisque la dernière édition date de 2010, certes, mais elle est chez l'Harmattan et consternante de mise en page, d'approximation avec présentation bavarde. Le tout pour un texte bref à 18,5 euros. Foutage de gueule, je reposais le livre sur la pile. Je vous assure, le texte vaut le détour, on peut le trouver gratuitement là, en grossissant la police à l'écran, le temps d'un ou deux thés verts et hop, on ressort interloqué. Ca n'est pas rien. Faites ce que vous voulez, mais on le trouve là:

http://www.youscribe.com/catalogue/livres/savoirs/politiq... 

Etonnant, non ? Diminuer de moitié l'infâme gabelle, faire participer les riches. Juste quelques lignes "En effet l'établissement de la dixme royale imposée sur tous les fruits de la terre, d'une part et sur tout ce qui fait du revenu aux hommes, de l'autre; me paroît le moyen le mieux proportionné de tous: parce que l'une suit toujours son héritage qui rend à proportion de sa fertilité, et que l'autre se conforme au revenu notoire et non contesté. C'est le système le moins susceptible de corruption de tous, parce qu'il n'est soumis qu'à sont tarif et nullement à l'arbitrage des hommes". 

La suite de l'ouvrage propose beaucoup d'interrogations qui paraissent surannées, mais remplacez "fermier" par "dirigeant" "âcre" par "zone de chalandise" et vous verrez les similitudes. Bon, à la fin aussi il prie Dieu de l'aider à mener à bien son projet et on a vu que "aide toi le ciel t'aidera" est sans doute une maxime plus efficace, mais ne contestons pas à Vauban d'avoir vu juste. Car honnêtement, 304 ans après, alors que que l'on traverse une crise économique gravissime et que dans un pays produisant énormément de richesses, l'heure impose de voir qui contribue, on arrive à ça : 

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/29/aucune... 

Que tout le monde sue, sang et larmes, disent Baroin et Pécresse avec des trémolos dans la voix, mais pas nos ploutocrates favoris. Un signe de plus de ce que Peillon appelle "l'abaissement national". Notre système a réussi a imposer équitablement 95% de la population, 99% même. Mais c'est pour le 1% que les soulèvement eurent lieu dans le passé. Faut-il donc une nouvelle révolution avec têtes qui tombent ? Si élaguer Lagardère, Courbit, Bettencourt et Arnault ne serait pas forcément une perte pour l'humanité, les voir remplacés par les mêmes quelques semaines ou mois après nous ferait soupirer comme la réapparition des poils après une épilation douloureuse. Il nous faut trouver la méthode au laser, pour que ça ne repousse pas.

Ne pas se laisser influencer par l'argument lénifiant des justificateurs du système en place qui expliqueront qu'il produit plus de richesses et que cela fait sortir les gueux de la pauvreté. Les progrès techniques le font très bien. Idem pour l'hygiène et l'alimentation qui aide à repousser les limites de l'espérance de vie. Mais ce n'est pas je ne sais quelle incantation divine du Dieu $ qui aide les manants à mieux vivre, seulement les luttes de ceux qui veulent mieux répartir.

Pourquoi répartir ? Pour ressembler plus à la Norvège (pas de réflexion sur l'épiphénomène de la semaine dernière...) où les fruits du pétrole permettent au système social de fonctionner qu'à Barhein ou autre Etat à Pétro Dollars, où 95% des habitants bossent comme dans les romans de Zola, à en crever, et quelques uns ne savent plus comment dépenser leurs pétrodollars au point d'investir à grandes pertes dans le football européen. Comment ne pas s'interroger sur l'arrivée des qataris dans le foot ? Ce sont les seuls aujourd'hui qui peuvent se permettre d'investir 100 millions d'euros en deux semaines dans le PSG, dont ils savent très bien qu'il n'en reverront jamais la moitié, pas même le quart.... C'est une économie dans laquelle les nabas trompent leur ennui en loges, le lumpen trompe sa misère en kop et cette joyeuse valse funèbre continue pour des raisons que l'on ne saurait comprendre. Il en va de même du capitalisme financier, à bout de souffle, mais que l'on regarde avancer en zigzagant comme une poule à qui on aurait tranché le cou et qui n'est plus mue que par son système nerveux. 

Alors, on nous rétorquera aussi que les choses ont changé récemment, que le problème est devenu mondial. C'est tout à fait exact. En 1971, les 0,01% d'américains les plus riches étaient imposés à hauteur de 75%, aujourd'hui, ce taux est retombé à 35%... Etonnant, non ? Non. Navrant et surtout révoltant. Ce n'est pas parce que le problème est plus complexe qu'il faut l'ignorer, au contraire. Il est devenu plus injuste et plus complexe en même temps, cela n'en rend que plus ardente la nécessité de renouveler l'appel de Vauban : que les riches, les 0,1%, payent équitablement pour assurer la bonne marche du monde. Car pour l'heure c'est une litote de dire qu'il claudique.