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27/06/2011

Un roman raté, un essai transformé

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La seule chose raté dans le livre consacré par Caroline Fourest et Fiammetta Venner à Marine le Pen, c'est le sous-titre; "biographie". Comprend pas. C'est une enquête et une des plus percutantes. Sur une femme politique en passe de devenir incontournable et dont on se dit en refermant le livre qu'elle est sans doute infiniment plus complexe, donc plus dangereuse, qu'il n'y paraît.

Voir comment elle a réussi à coaliser autour d'elle, d'anciens Verts pour reprendre au mot près le discours d'EELV sur le nucléaire, d'ancien gauchistes pour penser le social et la fiscalité. Voir et lire surtout toute cette galaxie de néo nazis, de cryptos fachos et autres tarés qui circulent : entre les anti-islamistes fanatiques et les judéophobes qui pensent sincèrement que Marine le Pen s'exprime "au nom du lobby".... On y voit aussi son rapport frénétique à l'argent, qu'elle tient de son père, ses qualités oratoires à l'oeuvre dès 15 ans. L'enquête, fouillée, très très très informée et ne versant pas dans la charge gratuite, montre comment elle s'organise pour faire bien mieux que son père : capter un héritage social idéologique, s'approprie les quartiers populaires et attaque le "système"... On voit surtout, comment elle sombre dans la parano pour se défendre et comment elle séduit les médias au point d'être traitée avec 1000 fois plus d'égards que son père. D'ailleurs, tous les journalistes l'amusent, sauf Fourest. Elle ne répond à aucune question soulevée par la journaliste, préférant dénigrer "le système" (encore). Ici, par exemple, c'est à dire jeudi dernier sur France 2, on la voit en très grande difficulté face à Fourest, sauvé par la bêtise insondable de Joffrin qui se prend pour un procureur en robe de soie http://www.dailymotion.com/video/xjhqvz_marine-le-pen-vs-... . 

Pour 2012, l'UMP chargera sans doute Buisson de freiner le train du FN en empruntant ses rails idéologiques, espérons que les forces de gauche passeront du temps avec Fourest (et Venner) pour décrypter les mécanismes de celle qui, politiquement, n'ont été démonté qu'une fois récemment. C'était sur la laïcité, la République et sa tentative d'OPA: le type qui l'a mis K.O. s'appelle Jean-Luc Mélenchon. Je dis ça...

 

ticket-d-entree-de-joseph-mace-scaron.jpgLes livres d'idées débordent des tables des librairies c'est un fait. Ils me happent trop souvent et me détournent des romans, ou je vais souvent acheter des poches et des classiques pour laisser le filtre du temps faire son choix pour moi. Les romans d'actualité du coup, à part les auteurs que je connais déjà, n'attirent ma curiosité qu'avec les critiques.

Là, l'auteur et le livre jouissaient d'une presse unanimement dithyrambique : Macé-Scaron, directeur-adjoint de Marianne ancien du Fig Mag doit avoir plein de potes qui parlent d'un livre qui n'est pas celui que j'ai lu. Deuxième entourloupe : une interview de Macé-Scaron avec Zemmour où je me rends coupable d'un délit de sale idéologie. Horreur, je réalise que Zemmour a raison... Je ne pouvais le soutenir, parce que les arguments du Torquemada de sous-préfecture fleurent bon l'homophobie et on sent le différend avec le romancier biaiser son jugement. Pourtant, à la lecture, c'est bien l'archéo affreux jojo qui a raison : on s'ennuie terriblement dans 'Ticket d'entrée". Le livre à codes propose de retracer les difficultés d'un quadra gay chez les réacs de droite et les pressions de son employeur (Dassault) pour le forcer à soutenir Sarkozy. Hélas ! Sur les 325 pages du livre, près des trois quarts sont consacrées à d'assommantes descriptions de leurs ébats divers. Leurs envies alors qu'ils sont au bureaux, leur fantasme de lutte huilée... Alors, oui, l'argument selon lequel on ne peut comprendre ce qui se passe dans les lieux de pouvoir sans parler de sexualité, je peux l'entendre, mais là... Quand je vois que Macé-Scaron parle des "illusions perdues" comme d'un modèle... Un homme qui a travaillé sur Montaigne, qui a parfaitement brossé les travers et tics de nos gouvernants dans "les politocrates" devrait rester là-dessus ou faire un roman champêtre ou marin, mais ne pas confronter ses deux passions car là, on baille.

Demain, nous observerons l'engorgement des urgences, remplies de personnes âgées atteintes de potomanie: depuis la canicule de 2003, on dirait que les aidants les abreuve comme des plantes vertes et c'est pas meilleur que de les déshydrater...

24/06/2011

Pourquoi tu pleures ? Bah, parce que je l'ai vu.

19624394.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101220_101129.jpgNormalement, mon radar a panégyrique mensonger fonctionne à plein.

Aucun souci pour démêler le vrai du faux dans les "un film puissant", "déjà culte", "drôle à en pleurer" et autres artifices du paresseux pisse-copie grimé en critique. Je dis normalement car le premier film de dame Leikowiwcz avec Biolay, Devos et Garcia me plaisait, malgré toutes les précautions que m'inspiraient le casting. La bande-annonce m'avait vraiment fait rire et je me disais que si Biolay est un sale gosse qui dégueule son talent plus qu'il ne l'exploite dans ses chansons et Emmanuelle Devos un lamantin hystérique, peut être que la metteur en scène leur avait trouvé des rôles de composition. Et puis Nicole Garcia, c'est toujours la classe. Donc banco, en conditions idéales, sortie de boulot à l'heure où l'on ne veut rien d'autre que se dérider les zygomatiques. Raté.

Raté plus que mauvais. Le film rate sa cible, sans maintenir le tir. Le sniper distrait s'est endormi devant la bête et nous devant le film. Qu'en dire ? C'est irritant plus qu'étrange, pour cette raison on ne sort pas de la salle, mais limite. Un film trop bizarre, trop énervant, on peut se lever et hurler "messieurs les censeurs bonsoir" et s'en sortir manger des moules frites chez Léon (ce billet n'est pas sponsorisé). Là, non, c'est simplement beaucoup trop long.

Car le pitch de départ est également, malheureusement, celui de l'arrivée: un trentenaire ayant "des heures de vol" se pose des questions existentielles sur l'amour éternel, ad vitam aeternam, symbolisé par le mariage qui l'attend quelques jours plus tard. Vous avouerez que comme thème plus éculé, on fait difficilement. Ca part bien, des plans inédits et drôles sur l'enterrement de vie de garçon, un peu de baroque avec la belle famille au folklore yiddish et puis, re les garçons, le folklore, l'alcool, l'alcool, les engueulades baroques, le folklore des enterrements, l'alcool... 

La plupart des films français pénible sont bavards. Là, le film bégaie si fort qu'il ne finira qu'une phrase. Répétant inlassablement les mêmes 3 pensées, hésitant jusqu'au bout à se lâcher vraiment, à aller vers le n'importe quoi, "Pourquoi tu pleures" est un calvaire que l'on gravit pendant 1H39 avec cette folle espérance qu'au plan d'après, Mesdames et Messieurs, dans un instant, ça va commencer... Mais non, ça finit sans avoir jamais commencé, tout juste aura t'on eu le temps de voir que les acteurs jouent très bien. Mais quel que soit leur talent, ils s'agitent sur une base vaseuse... Alors que la canicule pointe, préférons les nocturnes de musée pour nous rafraîchir ou d'autres salles obscures.

En sortant, je commençais "Ticket d'entrée" le romand de Joseph Macé Scaron qui excelle dans le style, l'intrigue, les descriptions et dialogues tant et si bien qu'alors que je baillais à m'en décrocher la mâchoire, j'en lisais 100 pages avant de m'endormir; donc je vous en recauserai....

 

21/06/2011

Entendre Moscovici, écouter Montebourg et souffrir pour Hollande ou Aubry...

Ecart.jpgAlors que se rapprochent les primaires et que se renforcera inéluctablement la pression sondagière, nous conduisant sagement vers les deux figures les plus centrales du PS - Hollande et Aubry - arrive la seule question qui vaille:  aura t'on le temps d'écouter le fond pour voir les problèmes du même ordre qui se poseront l'an prochain lors de la campagne autour d'un projet ?

Bon, je me doute que vous n'avez sans doute pas le temps, moi c'est en partie mon boulot, mais si vous preniez quelques instant pour écouter le Grand Jury RTL Le Monde, émission où les journalistes sont inquisiteurs, tous Torquemada en petits pieds, mais où l'on parle la moitié du temps, du fond. 

Version 1, Arnaud Montebourg : http://www.rtl.fr/emission/le-grand-jury/ecouter/le... 

Je passe sur la partie où il doit répondre aux questions lénifiantes sur la primaire ("les assocs de gauche avec des non-votants, vous les jetez ? Vous excluez les Présidents d'associations?"). Hormis cela, je passe aussi sur la question de savoir si c'est une posture où non (j'ai mon intime conviction). Néanmoins, Montebourg tient des propos radicaux sur la dette, sur la régulation des échanges financiers, sur la mise sous tutelle des agences de notation (important, ça...) sur le rôle de l'économie sociale, de la parité, de la gouvernance des entrerprises, sur le salaire maximum... Clairement, s'il reconnaît une certaine filiation à l'époque Jospin par fidélité, mais il se détourne d'un axe Clinton / Blair, rappelle son nom à l'Europe et insiste sur l'importance d'un protectionnisme européen. Sur les idées uniquement, il existe donc indéniablement une porosité politique avec Jean-Luc Mélenchon. 

Version 2, Pierre Moscovicihttp://www.rtl.fr/emission/le-grand-jury/ecouter/pierre-m...

Je passe là aussi avec la partie où on le turlupine sur son mentor et sa possible culpabilité. (Mougeotte & Revel devraient vraiment s'exiler...). Qu'entend t'on ? Régulation des fluxs avec accompagnement des banques. Encadrement plus fort, au niveau européen des produits boursiers... Pas de critique de l'économie casino, mais une demande de vigilance "forte". Une croyance absolue que la politique ne doit jamais être coercitive. Pas plus de profs, mais de meilleurs profs. Plus de flics en revanche. La sécurité est un droit absolu, y compris avant l'emploi. En clair, une ligne démocrate new-yorkaise : clairement, libérale-libertaire et progressiste où la sécurité et la gentrification permettent de l'emporter. A New-York, à Paris ça marche. Forcément, on repousse la misère dans des ghettos (salut Sevran ! Bonjour Corbeilles, Stains, Creil...). 

Cette ligne, historiquement gagnante de par le monde (Schroeder, Blair, Clinton ) s'est cassée les dents quand les électeurs souhaitaient des projets génétiquement de gauche... Cette ligne a souvent rassemblé des sarkos compatibles: Bockel, Besson, Lang, Stéphane Richard (cab Strauss Khan puis dircab' Lagarde) Pigasse et autres... Pour autant, en des temps où la gauche est déboussolée, elle a cru au leurre de l'homme providentiel qui incarnait cette ligne. Aujourd'hui, Moscovici pèse 3% d'intentions de vote, derrière Valls, ce n'est donc pas cette ligne qui gagne, mais DSK qui incarnait la victoire contre Sarko pour une raison : il n'effrayait pas le centre. C'est vrai, en 2007, peut être aurait-il gagné. Bayrou n'aurait jamais fait 18% avec DSK et au second tour, la pensée magique en économie de Sarko se serait brisé sur le mur arithmétique de Strauss-Khan. Certes... Mais avec des "si", Boorlo ou Villepin seraient président, donc revenons à juin 2011.

Ni Montebourg, ni Valls, ni Moscovici ne gêneront le duo de favoris. Royal non plus, le souvenir de 2007 est trop vivace, même si elle garde une base solide (Désirs D'Avenir) les bourdes à répétition, le fait de ne pas être politiquement vertébrée, pas de ligne économique, a lassé. Donc, Aubry / Hollande.

Aubry ralliera les partisans de Montebourg plus aisément, Hollande ceux de Moscovici. Ce n'est pas tant la dentelle électoraliste qui compte. Au fond, savoir si trucmuche et trucmuche deviendront secrétaire d'Etat à l'immobilisme bancaire ou sous-ministre au progrès et à l'audace des régulations financières n'est pas le débat. Le problème est qu'une présidentielle se joue toujours à très peu, des miettes. Or, à ne pas vouloir choisir, à tenter cette improbable synthèse pour gober deux fois plus de miettes le PS finit par tomber en en avalant aucune. Comme le grand écart en photo, il tient au départ et s'écrase sous les scuds de Copé, NKM, Lefevbre, Morano, Balkany et autres Rottweiler politiques. "Comment concilier imposition des hauts revenus et libertés de mouvements des capitaux ? Recruter massivement des fonctionnaires ou continuer une politique lucide de limitation de ceux-ci ?" Voilà le genre de missiles que recevra l'impétrant socialiste. Et honnêtement, il n'y a pas de réponse à donner...

L'avantage du magma de la droite, même s'il y a des énervés et des modérés sur les questions d'immigration, c'est sa beaucoup plus grande cohérence idéologique, le projet de société se ressemble. A gauche, c'est beaucoup plus dispersé...  

En 2011, pour éviter de se vautrer à nouveau, il faudra donc choisir. J'admets volontiers une certaine impartialité, mais devant les échecs répétés du projet social-libéral, je me dis qu'à une époque où les lignes de repères sont plus que floues ce qui donne un boulevard à Marine le Pen;  proposer un programme clairement identifiable comme de gauche, rappelant l'importance capitale des services publics, confirmant et proposant des mesures punitives aux excès capitalistes, des mesures coercitives et obligatoires pour réduire les inégalités à l'école, au travail et au logement; alors, je crois que ce programme s'imposerait bien plus aisément...

Demain, nous débrieferons de l'arrivée de l'été en temps d'automne, avec quand même sa fête progressiste pour musiciens amateurs qui nous aura surement conduit au cinéma où les salles seront vides ....