07/07/2011
Que penser d'une société capable de produire revelelescocus.com ?
Internet n'a pas empiré les tendances voyeuristes, ou délatrices ou propices à déblatérer. Il les a juste accéléré, amplifié ou rendu plus grotesques par leur itération et leur propagation. Bon. Dans l'absolu tout a été dit, montré, filmé avec génie par Clouzot dans "le Corbeau"; mais tout de même, que penser d'une société qui produit ça ? http://revelelescocus.com/index.php
11 000 et quelques dénonciations déjà réalisées promet le site. Anonyme et gratuit pour rassurer le chaland, les liens vers les réseaux sociaux qui vont bien... Emballé, c'est pesé. La promesse de la page d'accueil est tout un programme d'une éthique toute aristotélicienne : vengez vous ! N'importe qui peut venir (nous ne sommes pas chez Wikipédia avec des gardes fous, une communauté dénonçant les erreurs et rectifiant) vous dénoncez. Il ne s'agit pas d'envoyer les missives sur la place publique, le toilemestre ayant peut être une capacité en droit, mais bien d'envoyer directement un mail à la personne trompée en lui disant que sa moitié le trompe et donner les circonstances du méfait. Evidemment, cela signifie qu'il faut connaître le mail du ou de la cornu(e) mais de nos jours rien de plus simple.
A supposer que ce site franchisse la barrière des spams et vous pouvez vous retrouver avec des mails elliptiques et vaguement dégueulasses. Deux dégâts évidents: soit cela chatouille le cogito de la personne qui reçoit le mail, à la psyché poreuse à ce genre de conneries, soit vous envoyez d'autres rumeurs que vous répandez allègrement. Ainsi, je vais sur le site et je dis François Hollande trompe ses femmes successives depuis des années avec Tristane Banon. Je l'envois à tous les contacts de Désirs d'Avenir et je trouve bien trois thuriféraires de la picto-charentaises pour alimenter la boufonnosphère et avec un peu de chances, 3 jours après cela se retrouve sur tous les sites dits d'infos, en réalité très sujet à caution type lepost, atlantico et autres...
Surtout, le site pose problème tant on imagine qu'il ne s'agit que de la première pierre d'un gigantesque www.revelelesvilains.com . Dans une vaste société de dénonciation courageusement anonymes, on peut faire une liste longue comme le bras, de fautes au travail aux profs absents, des alcooliques supposés ou fous, violeurs et cocaïnomanes en puissance... Le tout sans fondement, mais pour la beauté du geste, innonder les proches de ces délicieux petits messages de vengeance sur une adolescence mal supportée ou autre... Triomphe de cette définition de Desproges: Elle est sale, elle est glauque et grise, insidieuse et sournoise, d'autant plus meurtrière qu'elle est impalpable. On ne peut pas l'étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l'anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C'est la rumeur". Elle a gagné n'en parlons plus et allons voir "ni à vendre ni à louer" une fable muette qui dit beaucoup !
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04/07/2011
Les curieuses philippiques populistes à propos de la démondialisation...
En ce flag day, prenons quelques instants pour nous arrêter sur ce qui nous sépare encore du modèle américain, un reste de non-béatitude devant la mondialisation.
Je dis "modèle américain" et pas "peuple américain", car le peule exproprié de Nouvelle Orléans, le peuple réduit au chômage forcée pour cause de délocalisation à Detroit et Des Moines, ou le peuple agricole ruiné de la plupart des Etats du Midwest a une passion très modérée pour la mondialisation.
Voilà donc qu'arrive Montebourg dans notre primaire socialiste française avec une idée qui détone clairement de celle de ses petits camarades. "Mouais, posture, poseur, frime en toc" me disais-je. Mais à voir l'acharnement avec lequel il était attaché et surtout le fait qu'Alain Minc le traite de "connard" je me dis que son ouvrage ne pouvait que contenir quelques vérités. Allez, 2 euros, c'est populaire, à la portée de la bourse; ironique quand on sait que le livre les condamne justement, ces bourses.
Ca commence mal, un mensonge : "préface" d'Emmanuel Todd annoncé en gros sur la couverture. En réalité, 20 lignes d'imprimatur poli, m'enfin rien de bien sérieux. Le scepticisme me guettait. O heureuse surprise, la suite du livre est une brillante imprécation contre la mondialisation débilisante et un plaidoyer assez séduisant pour la démondialisation ! Le terme lui même est à l'évidence mal choisi : "alter" est à l'évidence plus tentant. Altercroissance plus bandant que décroissant. Passons car la réalité est proche des alters mais les chroniqueurs ne veulent pas le relever.
Là où Montebourg (et ses conseillers, soyons sérieux) est finaud, c'est lorsqu'il démonte le "modèle" Allemand, rappellant qu'il tire en partie ses avancées de la loi Hartz IV qui oblige les chômeurs a accepté des contrats aidés à temps plein pour 1,5 euros de l'heure, soit 9 euros par jour. L'entreprise jubile, l'Etat achète la paix sociale, les salariés trinquent. En 12 ans (1998-2010), le salaire des Français a augmenté de 18%, moyennant l'inflation, stagnation de conditions de vie, voire régression pour les urbains. Dans le même temps, le pouvoir d'achat des allemands a ... reculé de 1%. On a les "modèles" qu'on peut... Seconde pique bien sentie sur ce qui se passe en Chine.
Ce qu'il défend n'est pas défensif ou frileux comme le disent ces détracteurs, mais avant tout protecteur: évitez le "des chômeurs au nord, des esclaves au sud" en refondant le contrat de travail sur d'autres bases où tout le monde peut mieux s'y retrouver. Premièrement, avec le retour d'une fiscalité punitive pour les pollueurs où les maltraitants sociaux. Dès qu'on est dans l'incantatoire, du Grenelle à une opposition façon Moscovici, ça donne rien comme le prouve les récents échecs en termes de responsabilité sociale des enteprises, http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/07/04/la-resp...
Montebourg et ses amis prônent au contraire l'imposition généralisée d'une tracabilité sociale des produits, d'une mesure généralisée de l'impact social des produits, de propositions inversant le balancier du dumping fiscal avec harmonisation progressive des salaires minimums européens. Le tout dans une logique de préservation sociale qui aura un apport écologique bien plus majeur que ce propose un Hulot en restaurant, de fait, les circuits court de production, de consommation. De fait, même si le titre ne le dit pas, nous serons de fait des alterconsommants en suivant ces principes. Personnellement, je vote pour ces idées. Après, le barnum étant personnifié, je reconnais que les rodomontades du baveux bressan ne me plaisent guère. Il a vraiment l'immense mérite de porter le débat.
Ce matin, dans l'édito de Dominique Seux ce matin, sur Inter les inégalités les inégalités au rapport. Sa porte d'entrée : le populisme et notamment celui de la démondialisation. Le populisme est portée par des inégalités inacceptables. Vrai. Sauf que le journaliste met sur le même plan le salaire indécent de Carlos Ghosn et les 60 jours de congés de certains fonctionnaires quand ceux du privé en ont 30. Tant de mauvaise foi et de raccourcis sont à gerber. Deuxième confusion immonde : la démondialisation serait la même chez le Pen et Montebourg....
Certes, le Pen convoque Gréau, Todd et Saphir mais sans leur demander leur avis et surtout sans dire qu'aucun de leurs écrits ne mentionnent la "préférence nationale", triste critique journalistique non lisante qui reproduit les seules philippiques des gouvernants pour toute analyse.
Demain, démondialisation, décroissance ou décalage horaire, à un moment donné, n'importe ou dans le monde, nous serons mardi. Et j'attends que Dominique Seux m'oppose quelque chose à ça....
16:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/06/2011
La leçon de démocratie des adhérents EELV
"T'inquiètes pas, c'est plié". Ainsi parlait, non pas Zarathoustra mais Jean-Vincent Placé à propos de la primaire EELV. Il tint ce langage à un ami élu socialiste pour lui dire donc qu'on connaissait le résultat : Hulot et sans souci. Je ne voulais pas être outrancièrement pénible, mais quid des 30 000 personnes dotées de libre arbitre qui allaient voter ?
-Foutaises, s'il dit que c'est plié, c'est qu'il est sûr de son coup.
Ne tirons pas sur une ambulance et voyons voir quelles autres élections ont récemment défrayé la chronique (ou pas) pas leur manque de démocratie et tirons en les leçons avant la primaire socialiste.
Evidemment, tout cela rappelle furieusement le référendum de mai 2005 ou 90% des médias affichaient leur volonté de "oui" en des termes peu amènes pour les arguments du camp d'en face ; ils promettaient presque la plongée en enfer si nous votions "non" au nom de cet argument débile érigé par les technocrates incapables de débattre, TINA pour there is no alternative...
Cette tendance à oublier la volonté populaire et à la gommer dans le monde entier est inquiétante. Pire, certains sont capables d'étendre cette tendance nationale à l'ensemble de la planète, confondant étrangement l'avis d'une élite mondiale libérale et les peuples. Ainsi, à l'annonce de l'arrivée de Lagarde au FMI, Fabius déclara qu'il était amusant de nommer quelqu'un dont la politique économique est désapprouvée de 80% des français. Réponse d'Elkabach "elle est soutenue par le monde entier". Vraiment, Jean-Pierre ? Ou par les 20 chefs d'Etats et leur cohorte de consultants pensant pareil ? Acclamé des peuples grecs, portugais, espagnols, argentins, Lagarde ? Tout cela ne tient pas debout, mais notre vision de la démocratie est franchement archaïque... Et cela vérouille notre vie politique
Obama, en France, n'aurait jamais été élu. Pas pour sa couleur de peau ; un métis poli et souriant ayant fait HEC (il a fait Harvard) et ancien avocat des pauvres aurait ses chances. Non, mais Obama a été élu grâce à Internet, il a pu lever des fonds et collecter des ambassadeurs par millions devant des commentateurs qui ne préjugent pas du "1 homme, 1 voix". Pas de petites combines issues des baronnies où le comptage se fait en fédérations et où 400 adhérents votent comme un seul homme...
C'est à cause de cette triste spécificité que Placé pensait les jeux joués: un grand nombre de hiérarques avaient pris position pour Hulot. Ils ont du additionner le nombre de votants par circonscriptions : tout ceux de Bové dans le Larzac, de Gatignon en Seine St Denis... Sans voir que des hommes et des femmes qui ont adhéré à un mouvement pour un idéal non nucléaire, non compromettant et partisan d'une certaine décroissance punitive fiscalement ne pouvaient JAMAIS rejoindre un homme sandwich de TF1, L'Oréal et autres Bouygues... C'était pourtant limpide, mais bon. Gageons que Placé s'assied sur la démocratie, la politique est une chose trop sérieuse pour la laisser à des électeurs...
Or, que des groupes de pression manipulent les foules n'a rien de nouveau. Ce que ça a de vraiment ennuyeux, c'est que la démocratie n'est pas soluble dans l'oligarchie, pour reprendre la sémantique d'un essai vivifiant d'Hervé Kempf, (http://www.seuil.com/fiche-ouvrage.php?EAN=9782021028881). On voit bien comment les non dérangeants libéraux sont poussés en avant. Les Verts commençant à prendre de l'importance, il s'agissait de pousser à leur tête le moins dérangeant possible. Raté...
Maintenant, reste une primaire en fin d'année où tout le monde annonce déjà le match Hollande/Aubry. Sans doute. Mais si elles sont vraiment élargies à des millions de personnes, les caciques du PS ne pèseront que sur leurs adhérents, soit 5% du total; dès lors la surprise est possible. Montebourg fait indubitablement le plus parler sur le fond et pourrait monter jusqu'à peser sur le second tour. Quand à Royal, elle est à la tête d'une secte, il faut voir une réunion Désirs d'Avenir pour le croire... Je ne serai rassuré que le 9 octobre, quand elle sera battue et tous les sondages ne me rassureront pas avant le verdict des urnes.
Demain, le SMIC augmentera de 1,2%, nous écouterons religieusement le commentaire de Parisot sur le coût du travail...
07:45 | Lien permanent | Commentaires (4)