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10/04/2011

Portrait de nos nuits new yorkaises jazzy en joueurs de tennis

Notre séjour touche à sa fin même si avec cette ville il ne faut jurer de rien, un dernier Cohen au Niu Blu pourrait bousculer la photo qui m’est venue hier alors que mon Albatros m’a emmené au Blue Note pour mon anniversaire. Cet endroit n’est pas légendaire pour rien. On verra par la suite donc, mais pour l’heure je tiens ma typologie des nuits jazzys en joueurs de tennis…

D’abord on a écouté des tennismen français au Tillman’s. Assez fort techniquement, mais incapable d’élever le niveau. Un quartet de bonne facture, mais dès les premières dysharmonies, ils ont forcé et se sont fracassés sur l’autel du groove… Etonnant spectacle que ces quatre supposés pros incapables de foutre leur égo de côté et se ramassant…
Ensuite, au Fat’s Cat, on a écouté Nalbadian. Des éternels outsiders, très bonnes bases mais incapables de se faire mal pour élever le niveau jusqu’à l’empyrée, jusqu’au vertige. Quelques passages virtuoses dont ils se contentaient et retombaient ensuite dans des travers pépères.

Au Small’s, nous avons cotoyé Nadal : les Jazz Prophets. Un sextet d’une puissance animale qui emporte tout sur son passage, qui te lamine par ses cuivres, ne te laisse pas le temps de respirer et te contre au piano. Tu ressors de là saoulé de 2h de très gros son littéralement enivrant en te disant que ce sera sans doute indépassable. De fait, les types assurent comme des bêtes et on écoute leurs CD en boucle depuis…

Et puis. Et puis on est allés au Blue Note, intrigués par le Kenny Werner Quintet. Nouvelle formation autour de ce pianiste qui jouait avec Duke Ellington à 20 ans… A la fin du concert, on est allé tchatcher avec les zicos, seuls 2 étaient ricains, les autres parlaient mal anglais. Mais ils parlaient le son…
Bon sang quelle gifle. C’était Federer. La richesse absolue des compos, harmonies incroyablement complexes, reprises, changements de rythmes, le meilleur batteur que j’ai jamais vu et tu ressors de là épuisé, incapable d’écouter autre chose, défait et heureux. Rodger, quoi.
Après avoir vu ça, on peut rentrer sereins. Tristes, mais serein.

Demain, lundi au soleil sans doute, puisqu’on sera au-dessus des nuages…

07/04/2011

Le dernier stade de la soif (post non autobiographique)

dernier%20stade%20de%20la%20soif.jpgLes pérégrinations nocturnes dans NYC se poursuivent pour notre plus grand bonheur, mais mon compagnon de voyage aimant le sommeil de façon immodéré quand je considère que c'est un luxe bourgeois, je prends le temps pour vous parler de mes lectures ici bas.

En premier lieu, "le dernier stade de la soif" de Fredereick Exeley. Un livre qui me fut conseillé par un libraire du 15ème, librairie d'excellente facture que je n'aurais jamais découvert si mon ami Bertrand Guillot n'y avait signé B.A.BA. Quelques mots avec le préposé aux rayons m'avait fait comprendre que je pouvais suivre ses goûts, un type qui aime Frédéric Berthet ne peut pas avoir mauvais goût.

Comme le titre l'indique, c'est un livre sur la boisson et pas la grenadine. Un classique en littérature en somme alors pourquoi celui là ? Parce que, contrairement à l'étalage immodéré de dégueulasseries drolatiques de Bukowski, qui saoûle au bout de cent pages, Exeley a la verve insolente et drôle d'un Kennedy Toole, l'auteur du culte la conjuration des imbéciles. Il dépeint avec un humour féroce une Amérique trop triomphante, trop porté sur le succès pour un narrateur écrivain non écrivain baiseur non baisant et prof non professant... Parfois la douleur de l'alcool le submerge et il lui faut repartir sur les traces de son passé en fouillant difficilement dans sa mémoire embuée et on y est. L'alcoolisme définit sans pathos mais avec une grande justesse de la souffrance qu'il cause, je n'avais pas lu ça depuis Lunar Caustic de Malcom Lowry....

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Autre évocation réaliste mais quelques kilomètres au sud, Mal Tiempo de Fauquenberg. Là, c'est le négatif de Million Dollar Baby. A savoir un homme, noir, cubain, qui lutte en poids lourd sans savoir pourquoi. Sa droite est dévastatrice mais il ne boxe pas pour le succès ou pour l'argent, il boxe pour survivre à sa propre folie. Le rendu est assez bluffant, on s'y croirait, on accompagne le narrateur dans ses montées et bouffées de haine, jusque dans ces remords d'avoir laissé des types gisants.

 

Demain, nous poursuivrons nos explorations new yorkaises, quoi qu'il en coûte à notre foie...

04/04/2011

The city never sleeps, we neither

Après une semaine dans big apple, je vais finir par revoir mes réticences sur les clichés: cette ville ne s'arrêtent que très peu et l'énergie déborde. C'est vrai. Certes, hier vers minuit et demie, Brooklyn baissait pavillon (juste le temps d'aperçevoir un très beau graf "I love jew work") et East Village, nos pénates, n'en menait pas large non plus. Mais après le week-end, difficile de dire autre chose sur cette ville.

A part cette manie de nous demander nos papiers à l'entrée des boîtes (21 ans, quand même...) les ricains nyctalopes sont très ouverts. On a ainsi pu s'incruster dans une partie de scrabble qui se déroulait au Fat Cat's, un bar jazz de greenwich ou les jeunes jouent au ping pong, au backgammon ou donc, au scrabble... Nos compagnons de table étaient sympas mais un brin naif puisqu'on les a explosés, en anglais... Mon Albatros a réussi un très beau mot compte triple "moviech", word from the 13th century to define movies... Plus c'est gros...

Les boîtes de nuit seraient le seul hic. Le R&B de merde moi... Mais nous déambulons plutôt avec abnégation dans les bars où l'on rencontre plein de types drolatiques, notamment un jeune gay aux conclusions sociologiques imparables "french gay are said to be in a very role state of minde (active passive) because you're a very sexual nation. IN NYC, gays are very familiy state of mind, they want the ultimate social recognition they lack... Je ne me prononcerai pas sur la véracité du propos, mais la capacité de segmenter à la machette m'interpelle.

Les boîtes de jazz, en revanche, quelle gifle. Passé 3 heures au Small's avec un warm up comme tu en vois peu en France puis 2h culte avec les jazz prophets, sextet aux cuivres surpuissants et des musiciens hyper open quand tu viens tchatcher avec eux.... Le duc des Lombards, aussi bon soit il en programmation, ne peut rivaliser en termes de "cool"...

Nous avons éclusé l'incroyable MOMA avant de s'en remettre plein les mirettes au MET mais les spectacles les plus surprenants restent live, notamment l'improbable interactivité des films au ciné... Les types commentent encore les actions, je croyais que ce n'était qu'en Californie, mais ici aussi, l'éducation au 7ème art n'a pas l'air d'être une priorité....

Sinon, je maintiens que le footing est un excellent moyen de découvrir une ville : comment visiter 15 kilomètres en voyant tout en seulement une heure et demie ? D'accord faut s'étirer après et ça tire un peu, mais je vais me laisser retenter tout de suite... That's all folks !