03/03/2011
Touche pas à mon assoc...
Il y a quelque chose de pourri dans le royaume et je ne parle pas du Danemark... Voir Zemmour applaudi, ovationné par les députés UMP après avoir demandé la fin des lois mémorielles et surtout la fin des subventions aux associations anti-racistes a quelque chose de vomitif...
Pour être parfaitement clair, pour que j'en vienne à prendre la défense des assocs type SOS Racisme ou la LICRA et le MRAP, il faut vraiment que la déconfiture soit totale.
Moi, j'aimais le slogan "la France c'est comme les mobylettes, ça marche au mélange". "Touche pas à mon pote", j'aime pas. Cette vision défensive, défaitiste, victimaire avant le coup, ça me semble être le bâton pour s'en prendre plein la gueule; déjà que les CRS faut pas les pousser...
La plupart des héraults de ces assocs, que l'on retrouve à la tête de ces mouvements, sont désespérants de pensée grégaire, au fond, ils sont d'un réac confondant. Sans compter qu'ils surfent à plein sur la défense communautaire qui a vu tristement le texte de loi dériver de "injures raciste" à "injure raciste et antisémite" puis "injure raciste, antisémite et homophobe"...
Je sais que ça partait d'un bon sentiment, mais on eût voulu ouvrir la boîte de Pandore, on ne s'y serait pas pris autrement... Car si tu n'es pas concerné par les insultes antisémites ou homophobes, tu te sens un offensé de seconde catégorie. Logique. Réaction de mes étudiants au morphotype non gaullois fortement prononcé: "Monsieur, Guerlain il lui arrive rien et Galliano, il est viré direct par LVMH, vous l'expliquez comment ?". Je l'explique que tu as très bien compris, mon petit bonhomme... Il faut imaginer Sysyphe métèque; tu prends ton rocher et t'y crois....
Alors, à l'heure où l'idéologie Zemmour triomphe comme jamais, plutôt que de déplorer le personnage, il va falloir le contrer sur son terrain; il sera la première quille à choir avant d'entraîner la blonde qui monte et l'homme vraiment sans qualité. Et cette bataille, mon pote, elle urge.
Demain, nous finirons la semaine en réfléchissant aux préparatifs pour samedi où nous commémorerons les 58 ans de la mort de Staline que la presse continue honteusement de discréditer...
22:46 | Lien permanent | Commentaires (5)
01/03/2011
Ne limitons pas la transmission aux courroies...
A l'heure où le palais de l'Elysée voudrait limiter la transmissions des dossiers judiciaires au juge Courroye, gardons nous de restreindre la transmission au seul domaine automobile.
Hier soir, alors que j'allais voir l'excellent (mais très très très très dur) "Incendies" de Denis Villeneuve dans le non moins appréciable au niveau de la programmation, "Cinéma des Cinéastes", je m'entretenais du sujet avec mon accompagnatrice, dont l'activité professionnelle se répartit entre la recherche pure et la transmission, justement.
Heureux ses étudiants qui bénéficient de ses lumières pas très développement durable puisqu'elles sont à très haute consommation de neurones. Moi même, pour bénéficier de séminaires particuliers, je note avec délectation ce qu'un bon passeur peut changer dans votre vie. Raymon Domenech ne disait pas autre chose après la Mondial en Afrique du Sud, d'ailleurs...
Je reprenais ce même thème (la Castor est un mec plutôt chiant avec ses petites névroses, en fait) avec Marc-Olivier Padis, directeur de la revue d'Esprit qui anime le débat intellectuel sans s'occuper des tables qui tournent... Il nuançait mon désarroi sur les normaliens, ceux de sa génération enseignent encore beaucoup. Il réfléchi et reconnut qu'en réalité, la masse de ceux qui se tournaient vers la transmission de savoir ne cesse de décliner.
C'est heureux que des normaliens s'engagent en politique quand ils s'appellent Juppé ou Fabius pour remonter le niveau, c'est heureux aussi qu'ils aillent diriger Europe 1, pour se mettre au niveau de leurs auditeurs, c'est plus triste quand ils deviennent directeur du développement et du planning stratégique de grands groupes de communication. J'ai vu que le dernier chic était d'avoir dans sa multinationale un lab (pour laboratoire, je suppose) composé de normaliens qui devisent gravement (mais avec Powerpoint) sur l'évolution des actifs immatériels dans une économie post-services merde quoi...
Je parle des normaliens car c'était le premier exemple qui me venait en tête; ils sont censés signer un contrat faisant d'eux nos phares de la gageur morale... Mais j'eusse pu continuer longuement la liste de ce que je vois autour de moi, de chroniqueurs conformistes qui parlent de leurs potes et rivalisent d'adresse sur la phrase d'un tel ou d'un tel, de blagues d'initiés sans jamais chercher à exhumer d'autres talents...
On peut railler le côté multicartes de Jérôme Garcin, mais contrairement à l'homme réclame et déplorable de vulgarité François Busnel, Garcin ravive les oubliés... Jean Prévost, Hyvernaud, Hérault de Séchelles, Bastide, il a toujours en tête de jouer ce rôle de passeur; laissant l'armée de buteurs égoïstes rater la cage avec une régularité helvétique...
Demain, Hervé Kempf et son "comment les riches détruisent la planète" ou Sandor Maraï et son "premier amour" réédité en poche pour être conforme à ce que j'ai dit ou une plongé dans Atlantico.fr le rue89 de droite ?
12:44 | Lien permanent | Commentaires (1)
27/02/2011
Corruption piège à cons...
J'eusse pu dire un mot d'un excellent roman, "les stances à Sophie" de Christiane Rochefort, dont j'ai découvert après l'avoir lu que c'était aussi le titre d'une chanson paillarde et qu'il avait été porté au cinéma avec Bernadette Laffont et Michel Duchaussoy. Rochefort dépeint la bourgeoisie des années 60, celle de la France qui s'ennuie, surtout les filles, surtout son héroïne, Céline qui fera ce qu'il faut pour ne pas rester dans son univers mortifère d'hommes travaillant au plan et planifiant tout de leur carrières à leurs amours...
Bon, ça existe en poche, lisez le donc.
Mais je voulais dire un mot d'un livre dont le titre m'a happé, "la démocratie corruptible", de Pierre Lascoumes. Le genre d'auteur comme les Pinçon-Charlot qui doit son succès à l'air du temps... Il travail sur l'éthique et la corruptibilité des élites, le genre de thème qui lui donnait accès aux très grises presses de sciences-po et soudain, suite à la myriade d'affaires qui ont secoué le pays en 2010, le voilà propulsé dans le saint des saints: la République des Idées...
En 100 pages aussi claires que salutaires, il trace un bien sombre portrait de nos humeurs résignées. Le "Indignez-vous" de Stéphane Hessel doit être interprété après avoir lu ce livre qui, globalement, dit le très haut degré de notre résignation face à la corruption. Mais c'est une résignation à géométrie variable.
J'avais pu toucher ce problème du doigt face à mes étudiants et leur désarmant, "mais monsieur c'est toujours comme ça, les politiques faut qu'ils croquent" auquel je me souviens en avoir un peu marre de n'avoir que de Gaulle et Mendès à opposer... Ce que nous apprend le livre est une qu'une majorité de français a dans le fond une certaine tolérance pour la corruption, tant qu'elle fait prospérer ses intérêts particuliers: les élus locaux qui s'enrichissent mais font gagner leur commune sont appréciés. D'où les réélections triomphales de Balkany, Frêche, Mellick et tant d'autres pourtant poursuivis et condamnés, où à la gestion calamiteuse. Les électeurs se foutent des comptes locaux. Les seuls faits vraiment reprochés sont ceux qui concernent l'enrichissement immédiat, en revanche les logements de fonction, les chauffeurs et les promotions ne posent pas de souci; c'est le règne de Tartuffe "cachez ces avantages que je ne saurais voir"; les pantouflages ne posent aucun souci non plus, mais ça l'affaire Pérol nous a permis de nous recontre in situ...
Là où le livre devient profondément déprimant, c'est à deux niveaux. Primo, la tempérance plus grande encore pour la corruption des élites par rapport au reste du pays, confirmant un sentiment très en vue actuellement: les types ne comprennent même pas qu'on les emmerde (n'est-ce pas MAM, Fillon et autres qui ne voient pas pourquoi on les emmerde, dans le fond) et personnellement, ce qui me fait vomir, les sondages sur les corps corrompus de la Nation: tout le monde tombe violemment sur les politiques alors que les entreprises jouissent encore d'une incroyable tolérance...
Quand on voit les salaires de nos dirigeants et leur management infâme avec les sous-traitants, façon "j'ai ma vertu interne mais maltraite les autres"... Là dessus, je ne diffame même pas, c'est le très pondéré médiateur aux relations avec les sous-traitants qui l'écrit : 36 motifs d'entorses à la loi dans les relations grands groupes / PME, une espèce d'omerta généralisée: http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/02/24/mediate...
13:05 | Lien permanent | Commentaires (2)