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14/05/2011

Les nouvelles formes de la distinction...

41PCWAN1P2L._SL500_AA300_.jpgAlors même que je subis la lecture de Marc Lévy pour cause d'obligations professionnelles (police pour hypermétrope, mais 430 pages ça peut être long), j'ai un besoin d'entendre des choses intelligentes en parallèle. Mes oreilles stimulent mon cerveau attristé par les signaux adressés par mes yeux. Aussi, c'est avec délice que j'ai écouté cela http://www.franceculture.com/emission-du-grain-a-moudre-c...

L'émission m'avait interpellé sur son titre alors que l'opus primo et magna de près de 700 pages (après, j'arrête le quanti).

J'avais attaqué mon ascension du mont Bourdieu par ses brefs pamphlets sur la télé, assez justes mais pas nécessairement transcendants car ils émanaient d'un homme qui méprise la télé. La critique de la lucarne qui accapare les Français 3h20 par jour m'apparaît beaucoup plus efficace lorsqu'elle surgit du cerveau de Bernard Stiegler, mais passons. En lisant la distinction j'avais compris qu'il faudrait que je lise tout de ce monsieur qui fait de la sociologie en dentelle et non à la hache, déconstruit les visions stéréotypées et avait fait apparaître l'écart croissant à l'époque entre capital culturel et capital économique.

Brillant, juste et puissant, même si j'aime assez peu qu'un sociologue m'explique pourquoi je préfère le jazz à la musique classique, mais bon. Bourdieu et moi sommes restés bons amis et je suis allé à son bal des célibataires, écouter son analyse de la domination masculine et autres théories sur les champs de pouvoir...

D'où ma légère angoisse face à cette émission: qu'y aurait-il de neuf ? Plus une triste confirmation : les couches supérieures s'offrent de plus en plus le luxe d'avoir des pratiques culturelles diverses. Elles peuvent aller voir un Romain Duris et Kurismaki quand certains se limitent à Duris (ou Dubosc, c'est quasi kif kif). Que les couches éduquées se claquemurent de plus en plus dans un certain snobisme de pratiques culturelles élitistes pour montrer aux pouvoir économique qu'elles le domine sur un autre terrain... Bref, on sent bien à écouter Donnat et Coulangeon que le baroud d'honneur des pratiques culturelles est de s'ériger en dernière barrière contre le triomphe de l'argent: il y a des plaisirs d'un raffinement immense que les dominants ne pourront pas se payer avec leur Mastercard en somme... Je trouvais l'idée fort pertinente à défaut d'être agréable.

Et puis Jacques Rigaud est intervenu par téléphone. Jacques Rigaud a dirigé RTL pendant 20 ans et exercé moults activité culturelles, notamment en développant le mécénat d'entreprise. Fils de petits commerçants lyonnais, le petit garçon issu des milieux populaires a su conquérir la belle culture, relire les Essais de Montaigne tous les 5 ans, goûter les opéras et autres... Puisqu'il a su le faire, c'est possible. Volontarisme de droite qui se moque du déterminisme social.

Tristesse d'entendre cet homme que j'ai fréquenté quelques fois et écouté avec un plaisir toujours renouvelé raconter ce ramassis de conneries sur lesquelles les forces de droite gagnent l'élection présidentielle "quand on veut on peut". Ne pas réaliser ce qu'il y a de singulier dans son parcours, à Jacquot, le fait que les passeurs, les accoucheurs de talents de savoir, les révélateurs de vocation sont moins nombreux dans les quartiers populaires. Ce mépris s'est désormais concrétisé par cet immonde slogan de Mitterrand neveu "la culture pour chacun" à la place de "la culture pour tous"; en somme chacun pour soi. Les nouvelles formes de la distinction, en clair, disent des choses peu distinguées aux moins fortunées...

Demain, nous verrons si nos pas nous mènent vers Tomboy ou Woody Allen...

11/05/2011

La pensée métastasée de Laurent Wauquiez...

metastase-cerebral-6_fs.jpgRendons hommage à Laurent Wauquiez. Il a prouvé que la droite comportait dans ses rangs bon nombre d'estimables représentants de ce que la dignité doit nous intimer... Chère Roselyne Bachelot, sur la grippe A vous merdâtes, mais de l'avoir recadré comme ça, merci.

Y a des cancers qui se perdent, quand même... Du temps où j'écrivais un livre sur l'insertion et que Hirsch et de nombreux autres m'ouvrirent leurs portes, Wauquiez jamais, malgré 15 relances, 17 recommandations onctueuses, il ne voulait pas le savoir... Les cassés, z'ont qu'à se démerder...

Alors qu'il était ministre de l'emploi, le même parfait boy scout avait dîné avec des connaissances du conseil d'Etat à qui il avait confié que la médiocrité de ses résultats ne tenait pas à son action mais à "l'attitude des chômeurs qui préfèrent faire le tour du monde avec les allocs plutôt que d'aller bosser". Sûrement, ils doivent être des milliers.

Précisons d'emblée un point : oui, de nombreux types, notamment des jeunes, refusent d'aller bosser. Et je les comprends. Quand tu as vu tes parents rentrer cassés du taff, physiquement vrac à 50 piges sans avoir pu mettre un euro de côté, tu te méfies. Quand de plus les margoulins te proposent un taff de 9h à 11h30 et de 15h30 à 18H pour 25h par semaine donc 60% du SMIC je les comprends de ne pas aller bosser toute la semaine pour 150 euros d'écart. C'est plus humiliant et la dignité du travail on la cherche un peu... Or, la pensée mainstream souligne cela : on voudrait que la cause soit le montant des allocations, trop proche du coût du travail. Sans voir qu'à l'évidence, c'est la dégradation du travail le coupable.

Un chiffre, un seul. En 1988, à la création du RMI, l'allocation représentait 50% du SMIC, aujourd'hui ce n'est plus que 43%... Non, Laurent Wauquiez, on ne vit pas des allocations. On survit. On compte tout, on achète ses courses dans une épicerie sociale, paye son essence avec des tickets resto et emploi le mot "vacance" qu'au sujet de l'accompagnement vers l'emploi. C'est tout de même extraordinaire, ce renversement qui voudrait que les gens crèvent de l'assistanat quand ils crèvent de n'avoir que le fruit de l'assistanat qui ne leur permet pas de soigner dents et yeux voir pire encore... 

Et ce brave Laurent qui fait des dîners de levée de fonds auprès des yuppies de Londres à 1200 euros le couvert pour son club "droite sociale"... Etienne Pinte a démissionné dudit club mal nommé mais il paraît qu'ils sont encore une cinquantaine à apprécier ce genre de justice sociale; espérons qu'ils se retrouvent tous au chômage dans un an...

Demain, nous ne retournerons pas voir la nouvelle formule de l'Obs une seconde fois...

08/05/2011

Sous la Porsche, les idées...

cresus.jpgQu'ils sont beaux, les lieutenants de Strauss-Khan, les spadassins rodés aux luttes d'images. Cambadélis, Moscovici et autre le Guen se pressant pour défendre leur chef monté par "une faute d'attention" dans une bagnole à 10 plaques.

L'amusant n'est pas l'objet en soi. Sans Engels pour financer à fonds perdus la geste ruineuse de Marx pas de naissance des grandes idées. Trotsky non plus n'était pas fauché... On peut complètement concilier les deux. Bourdieu n'était pas grand car fils de paysan, il est immense car il a écrit La distinction. BHL n'est pas un imbécile car il a hérité 100 millions de son père, il a commis l"idéologie française livre si bête que les bras vous en tombent.

DSK n'est pas de droite car il roule en Porsche ou qu'il a de l'argent. DSK est de droite car ses idées sont de droite. L'épisode communicant de la Porsche est simplement malheureux quand toute l'opé de comm' du clan DSK s'axait autour du "Président des Riches", quand leur gourou l'est tout autant. Certes, il est maire et confortablement réélu, à Sarcelles, ville sinistrée; mais a t'il changé le visage de cette ville ? Cette ville sur laquelle des ethnologues avaient travaillé et expliqué dès les années 60 que la ghettoisation menaçait ? Non. Il se fait réélire sur sa faconde et son intelligence de la situation car concédons lui cela, l'homme est supérieurement intelligent.

Pour autant, sur le plan des idées, DSK a toujours été un homme de droite, voir très à droite. Libéral, convaincu des bienfaits des marchés, il n'a cessé d'ouvrir aux entreprises les portes des niches fiscales, du bouclier éponyme et d'encourager la flexiblité du code du travail, persuadé comme Reagan (c'est dire) des vertus du trickle down à savoir qu'enrichir les riches finira par enrichir les pauvres... D'ailleurs, il n'est que de voir l'entourage de notre brave homme: il avait recruté dans son cabinet Stéphane Richard qui fut dircab' de Christine Lagarde, le droitier Mathieu Pigasse ou tous les communicants de chez Euro qui prennent un café avec Asparu, déjeunent avec Bertrand, prennent l'apéro avec Lang avant de dîner avec le chef... Pas très éthique... Comme me disait un strauss khanien de choc qui fut mon employeur "l'éthique ? Ce cache sexe des non lucratifs pour masquer leur incompétence", Frédéric Lefevbre sort de cette bouche, ou Eric Woerth d'aillleurs...

A la tête du FMI, il montre bien sa logique qui n'a pas changé d'un iota par rapport à ses prédécesseurs, du récent Rodrigo Rato a l'immonde Camdessus: les pays sont malades de leurs grands nombres de fonctionnaires, ce qui inquiète les agences et empêchent de s'endetter sainement auprès de fonds. Il est pour un allongement massif de la durée de cotisation, diminution des dépenses de santé et d'éducation.... Invité du grand jury RTL le Monde, son fidèle lieutenant à la gifle toujours prête, Jérôme Cahuzac, avait déclaré que si le messie revenait en 2012, on ne pourrait pas tout faire: concernant les profs, il faudra faire mieux, mais ce n'est pas une question de moyens, idem pour la santé. En revanche pour la sécurité, il faudra sans doute recruter plus de policiers. Giuliani n'aura pas parlé autrement...

Interrogé sur le bilan Sarkozy au bout de 4 ans, Cambadélis approuve pleinement "l'autonomie des universités", soit la mesure la plus injuste socialement du quinquennat derrière la loi TEPA... 

Voilà voilà, on nous donne des primaires il faudra se mobiliser massivement pour éviter que le second tour de 2012 n'oppose un libéral médiocre et incohérent (Sarkozy) au plus brillant des libéraux, sorte d'enfant prodigue de Friedman et Hayek...

Demain, nous ressortirons du grenier le programme commun pour rigoler un peu en voyant l'application qui en fut faite...