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23/12/2020

Noël, de sueur d'effort et d'effroi

Depuis bientôt 30 ans, je cours à Noël. Fidèle à une médecine médiévale des humeurs, mon père recommandait une importante sudation après les excès du réveillon et m'emmenait se cahoter avec lui que je sois d'accord ou non. Je ne sais plus quand c'est devenu un plaisir, mais le fait est que cette année encore, je n'ai pas dérogé à la tradition (du jogging post réveillon, qui lui s'est invité en avance...) et j'ai cavalé comme un bienheureux. Aussi loin que je fouille mes souvenirs, le jogging du 25 décembre se faisait parfois - rarement- sans gants mais toujours avec une grosse veste et l'équipe des coureurs en short était bien moins nombreuses que celles des coureurs en pantalon de survêtement. Nous courions parfois dans le jardin du Luxembourg, mais très souvent celui-ci était fermé à cause des fortes chutes de neige. Je me souviens d'un matin où mon père m'a mené, à l'heure du laitier, remonter la plus belle avenue du Monde jusqu'à l'Etoile, alors nous avons traversé et fait demi tour sans nous arrêter à cause du gel, mais tout ébaubis devant les deux kilomètres de trottoirs blancs. 

Je ne suis plus tout jeune, mais je n'ai pas l'âge d'une crise de la biodiversité, qui s'étalent généralement sur quelques milliers d'années. On a connu cinq en 4 milliards d'années et la sixième, l'actuelle, surpasse ses devancières par son impressionnante célérité. En seulement trente ans, nous avons perdus les moucherons qui venaient se coller sur nos pare brises, le moustique tigre s'est répandu dans toute la France et le frelon asiatique a été aperçu en Seine et Marne. 

Voilà à quoi je pensais à l'heure où le soleil se couchait tout à l'heure. Pas de gants, évidemment. J'étais en short, comme tout le monde. Et comme j'avais fait l'erreur de mettre un t-shirt manches longues, je suis revenu à la maison dégoulinant comme en été. Une sueur où se mêlait effort et effroi. Effroi devant la gravité de la situation et la légèreté avec laquelle des xxx (censuré) comme Jérôme Salomon sautent sur l'occasion en incitant à manger dehors pour les fêtes de Noël pour limiter les risques de Covid. Putain de virus comme il y en eut des centaines, putain de zoonoses comme 60% des virus, putain de maladie qui tue moins de 1% de celles et ceux qu'elle touche et on enferme le monde, on change tout, radicalement, on nous prive de liberté, on met des générations à genoux, des secteurs à terre. Et face à la sixième crise, on propose un référendum non coercitif. En ce moment, les salles de spectacles sont à l'arrêt, mais l'esprit de Guignol est partout. 

19/12/2020

Attention, école fragile

Le Président du Muséum National d'Histoire Naturelle, Bruno David, a l'habitude de comparer l'effondrement climatique à celui de la Tour Eiffel. Alors qu'on retire des poutrelles, l'édifice tient bien qu'il soit de plus en plus fragilisé, mais en apparence, il tient. Une poutrelle supplémentaire entraînera l'effondrement de l'édifice qui existera toujours, mais sous une forme fort différente... En voyant le traitement médiatique du suicide de Fouad, lycéenne trans à Lille, je me demandais s'il pouvait en aller de l'école comme du climat et quelle serait la poutrelle fatale. 

L'assassinat atroce de Samuel Paty aurait pu être cette poutrelle, il ne l'a pas été. L'école, l'institution scolaire est incroyablement tenace et continue sa mission quoi qu'il arrive. En fait l'Éducation Nationale ne s'effrite pas, elle s'alourdit. L'Education Nationale est un bonhomme qui avance avec un gigantesque sac à dos et chaque nouveau drame est une pierre de plus. Depuis des années, on lui a rajouté tant de pierres qu'il y a de quoi condamner n'importe qui à l'immobilisme mais on attend qu'elle avance toujours au même rythme. 

C'est vraiment insupportable de lire "la transphobie à l'école tue" à propos du suicide de Fouad comme il était dégueulasse de lire"l'école capitule face à la liberté d'expression" après l'assassinat de Samuel Paty. C'est comme si l'école était une enclave magique où tout était en état de fonctionner parfaitement et que chaque drame était de sa faute. Nos images en sépia des hussards noirs de la République ne sont pas trompeuses, elles sont mensongères. Non, le niveau ne baisse pas, non ça n'était pas mieux avant.

On ne peut pas comparer l'école d'antan, avec très peu d'élèves, pas de pression liée à la massification de l'éducation supérieure, pas de pression immédiate sur l'employabilité des écoliers (le chômage de masse n'existait pas et ceux qui sortaient de l'école à 14 ans bossaient quand même...), pas d'attente grandiose sur les langues étrangères, avec celle de maintenant. Surtout, auparavant, les attentes de l'école au regard de la citoyenneté étaient nulles : vive l'instruction et l'éducation était laissée aux parents. Bien sûr que l'école pouvait faire plus, mais réalisera t'on un jour la somme de tout ce qu'on demande de nouveau à l'école, depuis trente ans ? Il faut toujours enseigner les bases, lire, écrire, compter (et on est derniers en maths...), mais aussi les langues étrangères, les nouvelles technologies et les risques liés aux écrans, les bienfaits de l'alimentation saine, du sport, de la tolérance, les vertus civiques, la lutte contre le racisme, le dérèglement climatique.... 

Dans le même temps, mettre en face de ce monceau phénoménal d'attentes, les saccages successifs depuis 15 ans (ce salopard de Luc Chatel étant le premier gros fossoyeur) avec une réduction drastique de la formation des profs quand tout concoure à montrer qu'ils en ont besoin, le gel de leur salaire quand on arrive pas à avoir assez de bons candidats, la dégradation de leurs conditions de travail, les réformes successives et contradictoires, le manque de moyens accordés à la sécurité... 

Autant d'attentes nouvelles cumulées à autant de moyens en moins, ça n'est pas possible. Les personnels éducatifs manquent de moyens, et de moyens humains. La longue enquête de Médiapart montre qu'avant de parler de transphobie comme si elle était volontaire, intentionnelle et discriminante, les personnels éducatifs sont souvent démunis face à ces cas nouveaux et en viennent à de la maltraitance institutionnelle, malgré eux. L'école est un joyau, nous devrions tous être conscients de l'immense fragilité et des risques qu'elle encourt aujourd'hui. La priorité pour protéger les enfants, c'est d'abord de protéger l'institution pour lui donner les moyens d'exercer pleinement ses missions et donc de protéger les enfants. Je doute que l'actuel locataire de Grenelle soit le meilleur pour cela, mais y a urgence quand même...

17/12/2020

L'occasion d'un mea culpa

La posititvité au Covid d'Emmanuel Macron pourrait être une excellente nouvelle, politiquement et démocratiquement. Sanitairement, le jeune président en pleine forme et hyper suivi pourra bosser comme d'habitude, c'est un non sujet. Mais démocratiquement, cela pourrait être l'occasion d'un sursaut, si d'aventure il se livrait à un mea culpa.

Depuis huit mois que ce virus se promène, nos dirigeants ignorent l'aléatoire et nous parle comme à des garnements, nous grondent sans cesse. C'est le préfet Lallement qui disait aux malades en réanimation qu'il "l'avait bien cherché en ne respectant pas le confinement", c'est Richard Ferrand, récemment qui renchérissait, "Si on est malade c'est qu'on n'aura pas fait aussi attention que nécessaire(...)Nous devons être en grande vigilance(...). Ce n'est pas une question de faute, c'est une question de responsabilité" . Et voilà que Jupiter lui même est malade, diantre !

On apprenait que la veille au soir (et il est sans doute testé très souvent) il a dîné avec 8 autres hommes. Pas une femme (l'égalité grande cause, épisode 8 437...). Huit hommes : Castex, Ferrand, Guérini, Kholer, Séjourné, Mignola, Castaner, Solère. Neuf convives qui ont dîné pour refaire le monde et les élections jusqu'à 00h30. Ce dont nous rêvons tous, mais qu'on nous interdit, ne sortez pas après 20h, bonnes gens, le virus rôde !

Nos dirigeants ont tout autant envie de vivre que les autres, mais plus de moyens de le faire. Quand on gronde la population, il faut être au-delà de l'exemplaire. Je souhaite un bon rétablissement au Président et ne lui souhaite pas de mener une vie recluse après sa quarantaine à observer strictement. Je ne souhaite à personne d'avoir une vie de Trappiste (ni d'Amish, soit dit en passant...), ce sont des gens qui n'aiment pas la vie. Il faut que la vie reprenne le dessus. Pour toutes et tous. Qu'ils concèdent une bonne fois pour toutes que ce truc circule, qu'on doit toutes et tous être prudents, mais qu'on nous laisse vivre, qu'on nous laisse refaire le monde et qu'on arrête de nous sermonner. Je ne peux imaginer plus beau cadeau de Noël.