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03/05/2014

Les prix à tout prix

Pouvoir-achat.jpgUn article du Financial Times repris par le Monde a vraiment de quoi nous faire réfléchir. On le retrouve ici il s'agit donc d'une évolution des prix depuis dix ans. Au fond, nous n'avons jamais été aussi proche de la maxime d'Oscar Wilde "on connaît le prix de tout et la valeur de rien".

Et là, à regarder les prix par familles de produits que l'on peut plus ou moins s'acheter dix ans après l'entrée dans la modernité du XXIème siècle, on peut dire sans trop se tromper qu'on marche complètement sur la tête...

Que voit-on ? Une montée en flèche des prix de l'immobilier, de l'énergie, de l'eau et de la protection sociale et une forte montée du coût de l'éducation et de l'alimentation. Peut-on faire plus clair ? Tout ce qui est absolument vital a augmenté. Par conséquent on peut nous raconter toutes les carabistouilles que l'on veut sur le pouvoir d'achat, celui qui sert le quotidien est en chute libre.

A contrario, le coût des télécommunications, des jeux vidéos des jouets, de la télévision et de l'informatique ont plongé. Je crois que cela se passe de commentaires...

Dans un immense ouvrage (Festivus, Festivus), Philippe Murray moquait avec une outrance voulue par ne pas prêter au désespoir (que l'on se dise, "ho il exagère" et se rassure ainsi à peu de frais) que le politique en panne de projets proposait aux citoyens de l'événementiel et du festif. Une sorte de généralisation du programme romain "du pain et des jeux". Preuve que l'histoire de l'humanité n'est pas une course permanente vers le progrès, nous n'avons pas réussi à dépasser ce stade...

Dans ses éditos au vitriol contre les "assistés" le Figaro Magazine aime à tancer ses pauvres qui s'achètent des tablettes et des écrans plats pensant ainsi montrer que les minimums sociaux permettent de vivre grassement... En réalité, ils se procurent cela pour rien, car ça ne vaut rien, à crédit, arnaques des taux compris, ils s'en sortent pour 20 euros par mois pendant quelques temps... En revanche, ils ne peuvent se loger dans des logements décents,  vivant dans des passoires énergétiques, ils ne peuvent se chauffer car cela coûterai 10 fois le prix de la télé. Quand on ouvre leurs frigos, les aliments sains et de qualité sont absent, des trucs bourratifs, saturés de sucre et de sel abondent. Mais le Figaro Magazine n'en parlent pas, ça ne susciterait pas l'indignation voulue... Quand une société perd le sens des priorités à ce point, ça ne peut que mal finir...

01/05/2014

De battre le pavé mon pied gauche s'est arrêté...

my_left_foot1.jpgQuand à moins de 35 ans on peut se targuer de compter quasiment 30 défilés du 1er mai, à l'évidence la politique n'est pas une mince affaire. Plus qu'une marche au nom de l'histoire, c'est pour la tradition familiale solidement enracinée que j'aime à rejoindre les cortèges. Je dois mes t-shirts les plus ridicules à ces jours ci ("L'ordre mon cul, la liberté m'habite", "Strike, just do it" et autres...), de beaux souvenirs, de belles photos.

En 2012, nous battions le pavé en espérant qu'enfin, Sarkozy fasse ses valises et aille encourager la carrière musicale de sa femme. En 2013, le désenchantement grandissait mais l'idée d'une alternative existait. Cette année, c'est la casse. Dans tous les sens du terme. Entre mes proches qui somatisent et dont les douleurs lombaires signifient à l'évidence qu'ils en ont plein le dos de ne pas voir d'éclaircie, ceux qui ne fêtent pas le travail, ceux qui n'ont pas envie et ceux qui se sont barrés en week-end. Je me suis retrouvé seul. Pour une fête du collectif, c'est ballot. Le ciel s'en est mêlé. J'en ai vu d'autres.

J'ai défilé sous la pluie en 2003, pour gueuler contre une inepte réforme de la sécu de Raffarin, les blancs se faisaient bien rares dans les rangs... Le soleil n'a pas si souvent que cela été au rendez vous. Peu m'importe. Parfois nous étions à deux chiffres, parfois je ne marchais qu'avec un ou deux camarades de virée. Il y avait toujours des rencontres opportunes, des slogans fédérateurs et une bière rassérénante à l'arrivée. Cette année, si je veux mon houblon il me suffira d'ouvrir le frigo. Je ne bouge pas et je crois que nous serons des dizaines de milliers à ne pas nous être déplacés cette année. Lassés et épuisés qu'alors qu'il n'a jamais été aussi simple d'être de gauche, l'alternative s'étiole. Le capitalisme a montré ses limites de façon criante. 2008, c'est la crise du libéralisme, depuis les inégalités galopent encore plus et même le FMI et l'OCDE, peut susceptibles de gauchisme rampant, s'en affolent... Et Hollande choisit Valls. 41 députés socialistes ont fait la moitié du chemin en s'abstenant mais ils auraient du voter contre... Du coup, le Torquemada de sous préfecture fronce les sourcils, mais ne plie pas. Il va continuer à mener sa politique dont Philippe Ashkenazy, économiste conseiller d'Hollande (!!) dit qu'elle est clairement de droite et que la question pertinente est de savoir si elle l'est assez... Et face à cela, alors que le FN est annoncé à 24% pour les européennes, je vois que les défilés seront morcelés. Disloqués, éparpillés façon puzzle. Aucun des dirigeants politiques et surtout syndicaux n'a été foutu de mettre son orgueil, son détestable orgueil de côté pour unifier, enfin. Alors je me suis dit merde, vive la sieste et la lecture, le sybaritisme à l'état pur pour célébrer le travail. 

Dans son premier rôle à Oscar, my left foot, Daniel day Lewis incarnait un peintre handicapé qui ne pouvait mouvoir uniquement son pied gauche. Et avec cet improbable membre pour tenir un pinceau, il réalisa de charmantes toiles. C'est dire la force qu'il y a dans le pied gauche quand le cerveau le soutien. Ce matin, la liaison entre mon cortex et mon sinistre panard a été rompu. Quand cela met fin à une tradition tri décennale, il y a de quoi pousser un très, très long soupir.

 

27/04/2014

La 2ème mort de Libé

3060962095.jpgIl en va de la presse de gauche comme du ciel parisien ce matin, les nuages s'amoncellent et il faut regarder ailleurs pour trouver l'éclaircie. Ailleurs, c'est évidemment Internet, avec Arrêts sur Images et Médiapart qui s'en tirent mieux que le reste. Pas par incantation magique, par effet de mode ou engouement temporaire. Non, les deux titres en questions tirent aujourd'hui les profits d'avoir creusé en avance le sillon du journalisme de faits peu présents dans un pays où triomphe le journalisme d'opinion. Ailleurs, c'est aussi le papier hors quotidien, avec XXI et autres titres qui eux aussi, misent sur le temps long, l'enquête ou le décentrage. Ca a de quoi ravir, évidemment, mais serait-ce trop demander que de ne pas laisser la presse papier quotidienne orpheline d'un titre de gauche ? Trop tard...

Rentré de week-end, j'ouvre ma boîte aux lettres où je trouve 3 numéros du Monde. Même en vacances, avec une rédaction restreinte, ce titre propose des articles fouillés, beaucoup beaucoup de contenus intéressants, d'articles fouillés et de tribunes roboratives. Assez lisses ? Même plus, je trouve une excellente diatribe de Marc-Olivier Padis contre la toute puissance de la "croissance", une analyse de la fin du modèle lunetier, une excellente analyse des rapports de force entre Alstom et GE... Bref, plus d'info qu'il n'en faut. Il y a peu, quelques déplacements en train. Acheté systématiquement Libé et l'Equipe. Pris invariablement deux fois plus de temps pour lire le second titre... Il n'y a plus rien dans Libé. Exsangue, les reportages sont en carton pâte, des dépêches AFP artificiellement gonflées avec des chuchotis de couloirs pour faire croire à la force de l'envoyé spécial... Libé avait pour se sauver un verbe offensif, une gouaille érudite et toujours éruptive. Une attaque en règle contre le libéralisme, les forces du capital, de la rente. Une  diatribe contre les homais de tous bords. Mais c'est fini, Libé a sombré dans la 3ème gauche, celle de DSK et Manuel Valls. Il faut être poli et respectable pour attirer les mannes publicitaires. Dire oui aux dogmes de Bruxelles, trouvé que Michel Rocard est la vraie boîte à idées de la gauche, que l'immigration est avant tout un problème à réguler, que la santé à un prix, que l'éducation n'est pas qu'une question de moyens... Bref, un journal de droite.

Tel Astérix, le chroniqueur Pierre Marcelle résiste encore et toujours à la doxa libérale. Ca passe pas. Pas pas pas. Censuré 3 fois un moins d'un mois (toutes infos ) pour avoir critiqué les europhiles. La défense de Rousselot (rédac chef de Libé) ne tient pas, Marcelle ne tient pas des propos injurieux, ou diffamants. Il  avance une opinion, seule raison pour laquelle on peut encore acheter un canard sans tête. Si on coupe même cela, alors Libé mérite vraiment de crever... La presse de gauche renaît et renaîtra ailleurs.