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16/01/2011

Parabole de l'esclave porteur de poissons

dernier-nabab.jpgLa montagne ça vous gagne, c'est entendu. Ca vous lève aussi et à 6H30 la vue sur les cimes est curieusement moins intéressante. Alors on lit et on pense à des mots abscons pour des nuls en maths comme "parabole", mais je trouvais que "l'image" de l'esclave porteur de poisssons, phonétiquement, ça le faisait moins.

Je l'ai trouvé dans "n'espérez pas vous débarassez des livres" de Jean=Claude Carrière et Umberto Eco, conversations sidérantes d'érudition et d'intelligence aussi. Il est loin d'être acquis que les deux aillent ensemble, là c'est le cas. L'opus recèle des dizaines d'anecdotes amusantes, mais le poisson fit l'objet de mon choix. Alors qu'à la cantoche, rarement.

Mexico étant situé à plusieurs centaines de kilomètres de l'Océan de chaque côté, lorsque l'Empereur désirait du poisson frais, une chaîne de porteur était organisée. Des esclaves courraient comme des dératés sur quelques centaines de mètres pour le porter au suivant et ainsi de suite avec la déférence que l'on doit à la flamme olympique. Alors, l'empereur mangeait son poisson frais sans se soucier le moins du monde d'avoir emmerdé un milier de types. Ce qui me trouble le plus en repensant à ça, c'est de me demander si nous pourrions y revenir. J'exagère à peine. Une expo consacrée aux premiers empereurs chinois à Toronto, montraient la scénographie des tombeaux d'empereurs qui, inquiets de s'engager dans la mort, sacrifiaient un milier de soldats pour les accompagner; vie ma vie sans prix. Ca, je pense qu'on n'y retournera pas, c'est un progrès de l'humanité; mais les porteurs de poissons ?

La révolte tunisienne est aussi celle des porteurs de poisson qui trouvaient saumâtre de vendre des fruits à bac +5  en devant de surcroît donner une obole à la police locale; le wikileaks tunisien est à ce titre édifaint "ce qui est à vous est à moi" rappellant ainsi ce mot très juste d'un des chérubins de l'argent de poche de Truffaut un égoiste, c'est quelqu'un qui pense pas à moi. Au fond, ceux qui abusent des esclaves ne sont jamais qu'une poignée de vilains gosses ayant gardé cette conception erronée de l'existence et refusé non seulement de partager leur goûter mais exigeant ceux du voisin de surcroît, avec la complicité musculeuse des benêts redoublants...

De divaguer ainsi (pardon, dimanche matin 7h) me ramène à Berlin pour les 20 ans de la chute du mur, où Merkel était venue prononcer son discours sous des trombes d'eau en tenant son pébroque. Du discours en lui même, ma connaissance de la langue de Goethe fait que je ne retins rien sinon l'expression de cette femme authentique avec son pébroque, son froid et son discours qu'elle déclamait avec coeur. Quelques instants après, Nabot Léon arrivait suivi d'un escogriffe (tout le monde fait un peu escogriffe à ses côtés je suppose) qui tenait son parapluie pendant que la flotte lui coulait puissamment dessus au point qu'il choperait sans doute une bonne crève. Notre Président prononçait le discours d'un autre avec son ton à lui, sorte de film avec Gérard Philippe où l'on aurait posé la voix de Jacques Ballutin. Et il reparti escorté se mettre à l'abri sans remercier celui qui se trempait.

Bien sûr, il n'est pas question d'expulser ce monsieur pour qu'il prenne Air Sarko One et se réfugie chez Berlusconi, mais quand même, l'an prochain, votons pour quelqu'un qui tiendra son parapluie... Je sais déjà que Martine le fera.

Demain changement de décor, un bled paumé dans les alpages dans une rue rebaptisée Malik Oussekine...

14/01/2011

Cesse t'on d'aller sur le divan pour s'allonger ailleurs ?

Damien-Hirst.jpg2010, pas une très grande année pour la psy. Outre que le pamphlet d'Onfray a cartonné en librairie, la pratique analytique est en chute libre aux Etats-Unis et semble amorcer une tendance analogue en France. Bon. Qu'en penser ?

2010 était aussi une année de crise économique et de montée du poujadisme, de crise des valeurs. Mon premier réflexe me porterait par là, je serais prêt à rejoindre Jean Jacques Goldman et son "pas de psychiatre en plein désert" et que lorsqu'au quotidien, on doit déjà se coltiner de si nombreuses angoisses que l'on a pas le temps. Pensée que je chassais après un thé vert contemplatif en regardant le soleil se coucher sur les cimes du col des Aravis (post écrit en altitude, je ne sais pas si ça le rend plus planant); je connais nombre de chômeurs qui se saignent financièrement pour continuer leur analyse, donc je doute de la pertinence du seul argument économique.

Mais 2010 est surtout une année de résurgence du n'importe quoi idéologique: églises parallèles, vaudou, cartomancie, astrologie, tout cela cartonne et je suis persuadé que l'on peut imaginer des vases communicants pour ceux qui vont un peu mal et tentent de se soigner ainsi, un peu comme un baume du tigre sur une légère entorse plutôt qu'une attele.

2010 est aussi une année de continuation de la tendance haussière du bien être, massage et bouffe bio. Là encore, j'y lis une espèce d'auto-médication psychanaltique; on se fait du bien pour éviter de se confronter à des maux. Point sot. Après tout, sur un divan ou une table de massage, l'important c'est de s'allonger et de se laisser aller, d'évacuer ses démons. Le masseur risque moins de faire des contre sens sur le langage du corps et si la thérapie massagière à des effets à longs termes suspects, à court terme, cela fonctionne bien.

Pour autant, quand je cesse de lire les statistiques nationales, 2010 était une année de fréquentation psychanalytique constante dans l'entourage du castor. D'aucuns m'enjoignant d'ailleurs à consulter. Sans me dire pourquoi, dans quel but précis, juste cet énigmatique ca ne peut pas te faire de mal qui compte parmi ce que j'ai entendu de plus stupide dans ma vie. Pourquoi donc le fait d'aller déballer ce qui cloche dans des souvenirs ou ce qui tintille aujourd'hui sera forcément positif ? N'ayant jamais eu de réponse convenable à cette assertion, je profite du temps économisé pour faire ce que bon me semble, qui peut également être en position allongée. Sigmund, je t'aime quand même.

Demain, nous irons à la piscine chauffée car il n'y a pas de neige à la montagne en janvier. Global warming maybe...

11/01/2011

Ecce homo ecce femina

lit_positions_excuses.jpg

M'est avis que ce texte est plus que connu, et je n'en ai honteusement pas trouvé la source exacte. Des amis fins lettrés me disent que cela a été détourné par Mikaël Youn, plus brillant dans le scatologique que dans l'eschatologie mais bon...

Que nous dit ce texte sinon que les stéréotypes ont la peau dure et se transmettent de génération en génération par la langue. Alors, avant que je ne glose trop, je laisse le texte tel quel: 

 

Un gars : c'est un jeune homme 
* Une garce : c'est une pute 
* Un courtisan : c'est un proche du roi 
* Une courtisane : c'est une pute 
* Un masseur : c'est un kiné 
* Une masseuse : c'est une pute 
* Un coureur : c'est un joggeur 
* Une coureuse : c'est une pute 
* Un rouleur : c'est un cycliste 
* Une roulure : c'est une pute 
* Un professionnel : c'est un sportif de haut niveau 
* Une professionnelle : c'est une pute 
* Un homme sans moralité : c'est un politicien 
* Une femme sans moralité : c'est une pute 
* Un entraîneur : c'est un homme qui entraîne une équipe sportive 
* Une entraîneuse : c'est une pute 
* Un homme à femmes : c'est un séducteur 
* Une femme à hommes : c'est une pute 
* Un homme public : c'est un homme connu 
* Une femme publique : c'est une pute 
* Un homme facile : c'est un homme agréable à vivre 
* Une femme facile : c'est une pute 
* Un homme qui fait le trottoir : c'est un paveur 
* Une femme qui fait le trottoir : c'est une pute 
* Un péripatéticien: c'est un élève d'Aristote 
* Une péripatéticienne: c'est une pute 

Le dernier a mes faveurs, vraiment. Ce genre de crispations grammaticale poussent les féministes américaines à débaptiser Kipling à l'entrée de la fac pour transformer le "tu seras un homme mon fils" en "tu seras un homme ma fille"... Pas gagné... Ce qui me fait penser que l'on pourrait paraphraser Tony Blair au sujet des luttes féministes en occident (dans le reste du monde, c'est un brin plus complexe) "on revendique en vers, mais on agit en prose" et du coup, prosaïquement, ça bouge pas des masses (laborieuses).

Demain, c'est l'ouverture des soldes et nous en profiterons pour rappeler à tous ces connards de journalistes que soldes c'est MASCULIN... Voilà voilà...