24/04/2017
Camarades insoumis : détendons-nous et n'insultons pas l'avenir
J'espère que la nuit a porté conseil et que vous vous êtes apaisés. Trois millions de voix de plus qu'en 2012, l'écologie et la révolution agricole à l'agenda, ce sont tout de même de belles réussites. La seule nouvelle offre politique qui engrange des soutiens populaires, c'est nous. Bien sûr, c'est frustrant de ne pas défier Macron au second tour quand cet objectif paraissait à portée de main. Bien sûr la campagne fut d'une violence infinie, de toutes parts, mais pourquoi donner raison aux crétins qui nous dépeignent en sectaires avec cette stupide déclaration sur "les décomptes du ministère de l'intérieur durent jusqu'à minuit" ? Plus d'un million de voix derrière le Pen, c'est triste, mais c'est le jeu de l'élection, bouder n'est pas gouverner.
Détendons-nous : en voix, le FN fait beaucoup moins bien qu'annoncé depuis des mois et nous beaucoup plus. La convergence idéologique avec ceux qui ont voté Hamon peut avoir lieu. Sans le PS, mais avec ses électeurs. L'important ça n'est que ça : faire avancer nos idées et être prêts pour changer. Bien sûr, il y a de quoi pleurer : Hollande se fait élire sur la promesse de s'opposer à la finance et enfante d'un bébé Rothschild. Bien sûr, le programme UMPS de Macron a toutes les chances d'échouer, comme Renzi récemment. Mais raison de plus pour se détendre et être prêt quand il se plantera. Notre objectif c'est de convaincre encore davantage tous les colériques, tous les désespérés de la politique que le salut passe par une révolte désirable, pas une fermeture raciste. La préférence pour la planète ça a quand même plus de gueule que la préférence nationale.
On ne demande rien d'autre que nos voix, dans 15 jours. On ne va pas tracter, pas dire du bien, pas commenter le programme de Macron, juste voter pour éviter le FN dont on sait que c'est le chaos absolu. Voter Macron, on ne doit pas l'envisager comme un reniement, juste un pari pascalien avec l'avantage que la mort n'est pas au rendez-vous. Peace and love, guys, nos idées ont de l'avenir.
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22/04/2017
A mes amis abstentionnistes (j'en ai trop) : je vous comprends, mais ça ne règlera rien
Amis abstentionnistes, ne nous fâchons pas : je vous comprends tellement. Bien sûr, cette élection est guignolesque, grotesque. Le mythe de l'homme omniscient, cette ultra personnalisation, le sauveur seul pour une multitude de défis ou des milliers de bonnes volontés seront encore insuffisantes... Et puis franchement, les règles sont biaisées, même avec des primaires et des mouvements hors du truc, est-ce que la démocratie est vraiment respectée ? Entre les temps de parole et surtout la qualité de celle-ci, l'impartialité de ceux qui posaient des questions, tout cela a été bafoué. Pourquoi Charlotte Marchandise, retenue par une primaire citoyenne à 130 000 électeurs, n'a pas eu le droit de concourir quand quelques candidats baroques ont eu le droit de se lancer dans le barnum au motif qu'ils ont eu 500 signatures d'élus ?
Je vous comprends aussi parce que les sondages ont biaisé le jeu, biaisé le suspense et poussé à des casse tête insolubles sur l'utilité de l'inutile contre l'inutilité de l'utile. Du coup, exaspérés ou se sentant mal représentés, vous êtes si nombreux à être dégoûtés, en colère ou indifférents. En écoutant certains débats, certaines promesses, certains échanges, je peux parfois éprouver les mêmes sentiments. Pour autant, j'évite de me tromper de colère. Car eu égard à ce qui pourrait arriver, vues les options sur la table, ça ne vaut pas le coup de rester chez soi.
Je vais t'éviter la litanie sur "tellement sont morts hier pour que tu aies le droit de voter". Je voudrais plutôt te parler d'aujourd'hui plutôt qu'hier. Il y en a qui meurent, en Russie, en Turquie, pour essayer de la ranimer, de la faire revivre, cette démocratie. Il y a tout de même onze candidats, dont 10 démocrates, ça fait au moins 10 choix, 9 de plus qu'en Russie, qu'en Turquie. Alors, quand même, va voter. Au moins là. Au second tour, s'il reste deux démocrates, tu auras le droit de préférer manger des bulots et buvant du blanc avant une pétanque, mais allez là, 10 minutes de ton dimanche pour pouvoir continuer à critiquer les responsables politiques, je te jure que c'est un marché équitable. Parce que tant que nos institutions ne nous protègent pas d'un basculement en dehors de la démocratie, il faut s'occuper de la politique avant qu'elle ne s'occupe de nous. Alea jacta est.
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21/04/2017
A mes (toujours) amis macronistes : vous n'êtes pas hors partis, vous êtes l'UMPS
Les macronistes radicalisés n'iront sans doute pas plus loin que le titre. Tel le taureau affolé par la muleta, le thuriféraire d'En Marche ! réagit au quart de tour. "UMPS" étant une trouvaille sémantique du Front National, il est probable qu'ils n'iront pas plus loin en hurlant au populisme. Quelle triste cécité... Ca n'est tout de même pas moi qui assure la promotion des idées conjointes de membres LR et PS. Macron, c'est le rêve de Marine le Pen dénonçant cette collusion des deux principaux partis de gouvernement, sur l'emploi, la fiscalité, l'écologie, l'Europe, Macron répond exactement selon les attentes de Madame le Pen.
Précisons d'emblée une choses importante : cette anathème frontiste, cette idée que le PS et LR sont fusionnables, dans l'absolu, est fausse. Les candidatures de Fillon et de Hamon servent à le rappeler. L'égalité et la liberté sont deux pôles éloignés, comme le montre Isaiah Berlin et tous ceux qui prétendent pouvoir les réconcilier comme Macron sont des petits margoulins. Quand on mélange du blanc et du jaune d'oeuf, il ne reste que du jaune. Quand on mélange de l'égalité et de la liberté avec une "égalité des chances" où l'on travaille sur les conséquences, sans oeuvrer sur les causes, il ne reste que de la liberté de faire ce qu'ils veulent pour les bien nés et de pleurer pour les autres.
Prenons juste l'Europe. Pour des raisons qui m'échappent, Macron est jugé "européen". Il est européen, il aime Schaüble. Il veut qu'on baisse notre dette, qu'on tue le déficit, baisse la dépense publique et mettre fin aux monopoles d'Etat. Arrêtons nous sur celle là : est-ce malin de renforcer la concurrence contre la SNCF ? Veut-on connaître le sort des transports anglais ? Sur l'énergie ? Sur les transports urbains ? Et puis quoi encore, casser l'intermittence et le prix unique du livre comme le veut la Commission ? Inepte... La loi Macron répond point par point aux injonctions de la Commission et quand il hurlait que la loi El Khomri n'allait pas assez loin, là encore, il fallait comprendre pour s'aligner sur les critères de dérégulation du travail tels qu'on les envisage à Bruxelles... Allez, un dernier pour la route car il ne doit pas aimer les enfants de Brigitte : c'est le seul candidat à avoir signer le CETA qui passe à la poubelle une cinquantaine de marqueurs et étiquettes environnementales. C'est le pire des 11 candidats pour l'écologie, ça n'est pas moi qui le dit, ça sont toutes les ONG écolos...
Macron remplit son vide de conviction par le casting : quelques potes de Hulot en quête de straponter pour greenwasher, Jean-Marc Borello et Catherine Barbaroux pour social washer un projet dont les fondamentaux sont appliqués depuis 30 ans et dont on peut donc donner les résultats par anticipation : augmentation du PIB français, arrivée de capitaux étrangers en masse, hausse de la spéculation immobilière plus explosion des inégalités. Pour les chiffres du chômage, dur à dire. Sa réforme visant à radier tous les malheureux qui auront refusé deux boulots de serveur à 600 km de chez eux devrait permettre de baisser le nombre de chômeurs officiels de façon drastique, mais peut-on dire qu'il aura agit pour le bien commun ?
Secrétaire général de la Commission Attali pour Sarkozy, ayant failli devenir dircab de Fillon lorsque celui-ci était à Matignon, banquier d'affaires, ami de tous les libéraux de droite et de gauche, Macron réunit aujourd'hui les mêmes soutiens qui promeuvent sans cesse les idées les plus molles, désespèrent les citoyens avec l'idée qu'il n'y a pas d'alternative dans une époque où l'inventivité est sans limite. Au TINA Macronien, les ONG, les entrepreneurs sociaux, les boîtes intelligentes répondent "il y a des millions d'alternatives".
Il y a un double refoulé insupportable chez les macronistes qui s'illusionnent d'incarner "le renouveau" et "la démocratie des meilleurs". Leurs idées sont les mêmes que celles employées depuis trente ans avec une constance dans l'échec qui rappelle les joueurs français à Roland Garros (dernière victoire, 1983) et le renouveau ? Sorti d'un petit casting télé avec un patron du RAID, deux télévangélistes grimés en start uppers, En Marche ! a vu affluer tous les affamés de gauche et de droite qui n'étaient plus en cours depuis vingt ans. Macron dit déjà que son premier ministre sera politique, sans doute Bayrou, un mec qui était ministre il y a vingt cinq ans avec Millon, Madelin et Longuet. Au fond, c'est le seul geste écolo de Macron : recycler les déchets politiques.
Camarade macroniste qui va voter pour ton champion dimanche, tu es de droite et choqué par Sens Commun ? Ok. Tu es de gauche et choqué Mélenchon ou Hamon ? Bah t'es de droite, alors, en fait. Fait ton coming out, c'est pas dramatique. Mais une droite de droite plus une gauche de droite, ça s'appelle l'UMPS. Et c'est une autoroute à quatre voies bien dégagée pour permettre au FN d'accéder au pouvoir. Allez, plus que deux jours. Faut que ça s'arrête, là...
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