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18/01/2022

Look trickle down

Alors que la crise sanitaire Covid se termine peu à peu, le bilan social dépasse l'entendement : 160 millions de nouveaux pauvres dans le monde, 22 millions de nouveaux chômeurs. C'est donc que nous vivons une crise économique terrible, que tous les indicateurs financiers sont écarlates ? Que nenni. Le rapport d'Oxfam hier dévoile des chiffres pour lesquels aucun superlatif n'est plus à la hauteur : un milliardaire nouveau toutes les 26h. La fortune des milliardaires a plus augmenté en à peine deux ans qu'en une décennie dans le monde. En un an, la richesse des milliardaires français a bondi de 86%. Les cinq premières fortunes possèdent autant que les 40% des Français les plus pauvres. "La folie des grandeurs", à côté, ressemble à un décor de gagne petit.

Il faut bien relire les chiffres ci dessus, des deux côtés du spectre social et se rappeler la propagande ploutocratique pour justifier le ruissellement : la création de richesses privées crée des emplois et elle permet de faire du bien à l'ensemble de la société. C'est sans doute vrai quand lesdites richesses sont crées dans le respect absolu des taxes et impôts retournant aux Communs et le respect des normes environnementales. Mais les fortunes créent par Amazon génèrent infiniment moins d'emplois qu'elles n'en détruisent (rappelez vous les 22 millions de nouveaux chômeurs, les entrepôts mi-automatisés mi esclavagistes d'Amazon sont-ils plus créateurs d'emplois que les boutiques et petits commerces qu'ils remplacent). Et les fortunes engrangés par LVMH ou BNP ne profitent évidemment pas aux français.es puisque elles sont grandement placées dans des paradis fiscaux (révélées par les Panama Papers et encore Open Lux en 2021...) de la part de groupes qui ont bénéficié depuis 2014 d'un inepte et inutile CICE en milliards d'euros qui n'a eu d'autre but que d'augmenter les dividendes versées aux actionnaires (records absolus en 2021). Et ces richesses se font en contractant une dette littéralement non remboursable puisqu'elle se fait aux dépends du vivant, BNP battant encore des records de mensonges débusqués par Reclaim Finance qui a prouvé qu'une obligation "verte" de la banque finançait le nouvel aéropot d'Hong Kong...

Hausse de la pauvreté et du chômage, baisse de l'espérance de vie y compris hors Covid avec la baisse de l'offre de soins gratuites, le bilan du trickle down est absolument cataclysmique, tout les scientifiques le disent, mais les thuriféraires de Reagan, journalistes comme politiques, continuent à sévir tous les matins, s'enthousiasmant pour les 3 000 milliards de capitalisation boursière d'Apple, comme si cela allait aider un seul américain non cadre sup ou actionnaire de la marque à la pomme. En termes d'aveuglement, ils ne valent pas mieux que le yuppie de la tech et la présidente américaine de Don't Look up. Et contrairement au film, ça n'a vraiment rien de drôle. 

15/01/2022

La bataille du pédiluve

Il y a un mois, Taubira promettait de ne pas ajouter une candidature surnuméraire, mais tenterait de tout faire pour essayer "l'union à gauche". Raillée (à raison) pour sa posture mi new age et mi mystique avec des voeux de nouvel an slamés, elle s'est déclarée candidate aujourd'hui. Pourtant, depuis un mois, pas un.e seul.e candidat.e ne s'est désisté.e. Même les candidatures guignolesques de Montebourg et Roussel sont toujours, officiellement, en lice. Les fans de Taubira s'en prennent à Mélenchon et son refus de l'union, mais force est de constater que même Jadot et Hidalgo ne se sont ni retirés, ni ouverts à une nouvelle désignation commune. En allant seule à la Primaire Populaire, elle va récolter un score de dirigeant soviétique en pourcentage, mais le total de voix d'une législative partielle... Pas exactement une rampe de lancement. 

Nous sommes à trois mois de la présidentielle et un seul candidat à gauche enclenche une dynamique d'opinion, c'est Mélenchon. On peut ne pas aimer le bonhomme, regretter ses oukases, sa démagogie sur la crise sanitaire qui lui ressemble peu, ses conflits judiciaires inventés pour se victimiser, mais c'est le seul à engranger. Et s'il n'engrange pas sur son nom, c'est qu'il engrange sur un programme. Quand il parle planification écologique, redéploiement des nouveaux services publics, écart des salaires, taxation de l'héritage et autres, on voit une vision de société. Il sait où il va et pourquoi il fait les choses. Hidalgo n'est pas foutue d'expliquer le pourquoi du comment de sa grande mesure, le doublement des salaires de prof à part "pour rattraper l'Allemagne". Jadot n'explique pas pourquoi il repeint son ISF en ISF climatique, il a l'air perdu dès lors qu'on lui demande de mettre en résonance "justice" et "écologie". Quand à Taubira, elle pitch pour le mieux, envoie des buzz words, c'est une starp uppeuse for good, quoi. 

Hormis Mélenchon qui est dans le grand bain, tous les autres sont dans le pédiluve et se battent pour être le seul à y rester. Le rêve fou de Jadot est qu'Hidalgo se désiste pour lui. Le rêve fou de Taubira est qu'Hidalgo se désiste pour elle. Le rêve fou d'Hidalgo, c'est se réveiller en se disant que toute cette campagne foireuse n'existait pas. Je veux bien qu'on déplore le manque d'union de la gauche, car c'est patent, mais l'union autour d'un.e candidat.e ayant encore une bouée et des brassards par mer agitée, ça n'est pas crédible... 

05/01/2022

Keep calm et réclamez le retour de l'ISF

Mon inconscient me faisait regarder "Scènes de la vie conjugale" de Bergman hier, quand Macron lançait sa saillie millimétrée que je découvrais ce matin en me disant "bien joué, mais c'est trop gros pour que ça passe et énerver l'opposition". Raté... Toute la journée, des député.es, des élu.es sont monté.es dans les tours pour dire que c'était inacceptable, se lançait dans d'ineptes parallèles avec la déchéance de nationalité et répondaient à la provoc de Macron qui n'en demandait pas tant. 

À mon sens les questions à se poser dans l'ordre sont "avec cette sortie, combien Macron a-t-il perdu d'électeur.ices ?" et "qui a intérêt à ce que le débat actuel se porte sur la vaccination, maintenant ?". A la première question, la réponse est zéro. Zé-ro. Les macronistes sûr.es de voter pour lui sont parmi les plus nombreux, parmi les quelques hésitants qui pourraient voter Pécresse ou Jadot, je les vois mal changer pour un propos pareil. A la seconde, la réponse est Macron, évidemment. Actuellement, il y a 17 fois plus de non vaccinés en proportions que de vaccinés en réa. 80% des lits de réa sont occupés par des non vaccinés, l'embolie de l'hôpital public, c'est eux. Alors bien sûr, faut pas le dire comme ça, bien sûr, parler de leur "irresponsabilité" ouvre une porte dangereuse, mais sur le fond, est-ce qu'ils épuisent les soignant.es, fatiguent la nation des secteurs en en stop and go comme le spectacle vivant, l'événementiel, la restauration ? Bah oui... Mieux pour lui, parmi les griefs qui lui sont reprochés, il y a la morgue aristo, le langage trop giscardien, trop compassé. En parlant comme ça dans Le Parisien, il se normalise. On peut lui reprocher du mépris de classe, mais ceux qui le découvre en janvier 2022 ont dû raté les six ans de déclaration de Macron ministre à Bercy avec "les ouvrières illettrées de Gad" à "bosse pour un costard" en passant par "traverse la rue pour du boulot", j'en passe et des pires. Bref, il n'a politiquement rien perdu et plutôt gagné à voir ses adversaires voler au secours des anti vax, ce qui ne peut pas s'expliquer d'un point de vue sanitaire... Quand on écoute l'intervention de Mélenchon à l'Assemblée Nationale, lors de laquelle il parle de libertés publiques, il arrive à avancer des nuances entendables, mais qui a pris un quart d'heure pour l'écouter ? Personne. Et les trente secondes tronquées qui tourne dans les journaux en font quelqu'un qui se trompe de colère en pleine crise sanitaire...

Il y a vraiment beaucoup, mais alors beaucoup de raisons de détester Macron, notamment pour cette morgue infinie qu'il a pour ses opposants, notamment ceux qui réclament le partage (encore et toujours "la taxe à 75%, c'est Cuba sans le soleil", humour de banquier), mais répondre à ses provocs gratuites est éminement contre-productif et laisse le débat sur un terrain qui lui est favorable. Bruno le Maire veut alléger les donations des grands parents vers les petits enfants pour "fluidifier l'épargne Covid" en clair, faire "ruisseler" l'épargne des vieux vers les jeunes pour cimenter encore l'héritocratie qui ne s'est jamais aussi bien portée que sous Macron. C'est ça qu'il faut pilonner. Ça et les attaques contre le régime des retraites universelles, contre l'abandon de l'ISF et l'instauration de la flat tax ou encore le fait d'avoir fait passer le CICE d'un dispositif temporaire à permanent. Il ne reste plus beaucoup de temps pour tenter le KO, encore faut-il être sur le bon ring...