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19/02/2022

Macron / Zemmour, même ineptie christique

En écoutant un commentateur raconter la campagne de Zemmour depuis le début, j'ai réalisé ce que j'avais raté depuis le début : il emploie exactement la même stratégie messianique que Macron 2017. Les parcours des gus n'ont rien à voir, ni a fortiori les programmes, mais ils ont en commun de n'être pas assimilé à un parti, à un compagnonnage, ils n'ont pas de mentor qu'ils auraient suivi ou trahi, ce qui donne une forme de liberté.

Comme Macron, Zemmour s'est lancé tout seul. Au sens politique. Avec beaucoup de soutiens financiers, puisque si Z. galère encore un peu sur les parrainages, il avait dix millions en banque avant de dire ouf. Comme notre Président, il a monté un parti de bric et de broc pour faire de la riposte numérique, donner des investitures aux législatives. Comme Macron a partir de janvier il a commencé à scénariser des ralliements de troisième couteau de la vie politique qu'il fait passer pour la création d'une nouvelle offre. Macron avait eu Collomb, Castaner, Ferrand, puis Bayrou (déjà, pas une meuf) et Zemmour à Peltier, Collard, Bay. Le nouveau centre en 2017, la nouvelle droite en 2022.

Je ne vois pas comment ça passe, je ne joue pas à me faire peur, mais je note que des ficelles aussi grosses que celles de 2017 reproduisent des effets sondagiers importants. En Marche n'existe pas, les marcheurs n'existent pas. Il y a Macron. S'il n'est pas président, il n'y aura quasi aucun.e député.e LREM. Dès lors, renouveler la politique aura consisté à faire élire un gus et acheter un siège social à 30 millions d'euros dans le 8ème arrondissement de Paris, une opération immobilière, en somme. On le sait. On le voit. Et en plus Macron a tout piqué à l'extrême droite, les lois Collomb et Darmanin ont été voté par 100% des députés RN. Dès lors, qu'on attendent un Christ nouveau d'extrême droite c'est désespérant sur la maturité politique de ce pays. 

La seule innovation démocratique de cette campagne, c'est le Parlement Populaire de Mélenchon. Quelques centaines d'expert.es, de travailleur.euses de champs divers qui mettent leurs compétences au service d'un programme. Pas de recyclage, pas de seconde main, pas de Vinted politique, que du vrai sang neuf. Pas une ligne dans les journaux. On a les politiques et les sauveurs qu'on mérite... 

13/02/2022

Introuvable extrême-droite

C'est assez amusant, cette campagne, dans laquelle plus personne n'est d'extrême-droite. Pendant des années, Marine le Pen s'est battue et menaçait même de poursuites celles et ceux qui qualifieraient sa formation "d'extrême-droite". Et avec l'arrivée de Zemmour, le souhait de Le Pen se réalise, puisque Zemmour explique qu'elle est de gauche... Ce matin, Stéphane Ravier a quitté le RN pour ces raisons "elle n'a plus la gnaque, ne veut plus se battre, tolère l'islam et capitule devant l'Europe et le mondialisme". 

Deuxième lame du Zemmourisme, "Valérie Pécresse n'est pas de droite". Elle est molle, velléitaire, pas contre l'immigration. Ce faisant, ce disant, il redit exactement ce que disait Philippe de Villiers de Sarkozy "il n'est pas de droite, il est acquis à l'atlantisme et  au fédéralisme européen. La droite, c'est les patriotes que nous soutenons avec Charles Pasqua". Inutile, évidemment, de dire que pour Zemmour Macron est tout à fait de gauche, quasi woke. Cette stratégie de l'ultra outrance, c'est évidemment importé de Trump qui dépeignait Clinton comme Biden comme des dirigeants soviétiques. Et ça passait. Et il a réussi à brunir les Républicains qui l'ont suivi comme un seul homme dans la démesure.

L'élection présidentielle est trop proche et Zemmour trop loin pour réussir le même dynamitage. Mais clairement, après la présidentielle, il y aura danger. De deux choses l'une, soit le RN et Reconquête investissent 577 candidat.es et nous n'aurons aucun.e député.e facho. Soit ils s'entendent et parviennent à s'allier et comme ils pèsent près de 30% de l'électorat actuel, voire plus si l'aile droite de LR (rappelons que Ciotti a fait 40% lors de leur primaire) se disloque et les rejoint, une grande union des droites menacerait clairement l'assemblée. Et malgré les nazis, les militaires factieux, les identitaires, les acoquinés à des mouvements violents, on parlera de "bloc de droite" et pas "d'extrême". Déjà, Zemmour n'est plus présenté que comme un "polémiste", ce qui euphémise la couleur politique, ce qui reprend sa stratégie. Au moment où l'extrême droite n'a jamais autant pesé dans le pays, elle est presque introuvable dans les commentaires.. 

11/02/2022

Mélenchon bashing fatigue...

Hier soir, j'avais mieux à faire que de regarder Mélenchon. Boire des bières et lire "les fossoyeurs", l'excellent livre de Victor Castanet. Ce matin, des messages me demandaient si la remarque à Patrick Cohen en faisait un antisémite, si ses propos économiques en faisant un citoyen d'honneur de la Corée du Nord, si, quand même le tempérament, patin couffin. C'est comme si Mélenchon avait été invité à une émission où l'on vous bombarde de questions "pour ou contre" et que vous étiez obligé, dans le lot, de sortir quelques énormités. Alors j'ai pris 2H30 (j'ai un surencombrement professionnel relatif) et j'ai tout regardé. Et mon alacrité à écouter Mélenchon distiller une vision de société n'avait d'égal que mon énervement face à l'attitude pusillanime de toustes ces contradicteur.ices. Toustes sauf un... Geoffroy Roux de Bézieux.

Le patron du MEDEF est le seul à avoir échangé honnêtement avec Mélenchon. Vision économique contre vision économique. Proposition écologique contre l'autre, commandes publiques contre liberté d'entreprendre pour le progrès... Répartition égalitaire des richesses contre récompense aux investisseurs. C'est le seul. Tous les autres ont chicané, coupé Mélenchon qui parlait de façon principiel pour le ramener à des anecodtes. Quand Mélenchon veut parler des courants d'idées de personnes avec qui il pourrait gouverner, Salamé lui montre un trombinoscope, quand il explique dans l'absolu que la concentration des médias est inquiétante elle veut une réponse à la fusion TF1-M6 quand Mélenchon parle du danger du terrorisme d'extrême droite, on lui demande de hiérarchiser des peurs... C'était épouvantable. Heureusement Roux de Bézieux et étonnamment Claire Chazal furent bons. 

Et je m'interroge vraiment sur le pourquoi de tant de haine, de tant de véhémence. Je rappelle que grâce à cette manière de l'interroger, Mélenchon est devenu la personnalité politique la plus détestée du pays, devant le Pen (Zemmour n'était pas encore testé). On répondra qu'il rudoie les journalistes, mais ces derniers ne le laissent pas en placer une. Et au fond, la seule explication que j'ai, c'est une question de niveau. Hugo Clément et Chazal l'ont interrogé sur des domaines qu'ils maîtrisent et n'avaient pas besoin d'invectives, de questions biaisées, pour lui parler. Idem pour Roux de Bézieux. Salamé et Guimier, en revanche, n'avaient tout bonnement pas le niveau pour le coincer et ça les rend fous. D'où les questions de relance et les recoupes pour essayer de lui faire sortir une phrase à même de buzzer. Une telle opiniâtreté n'est pas employée avec Le Pen, ni même avec Zemmour et ça c'est fatiguant. 

Dans quelques semaines, quand on sera sûr qu'il n'est pas assez remonté, on dira que c'est le seul à gauche à porter encore beau, à porter le verbe et soulever des questions importantes. Et si jamais il monte trop, on nous refera le coup de 2017, les chars de l'armée rouge aux portes de Paris, les riches aux travaux forcés et la réouverture des goulags. On peut évidemment détester Mélenchon et ne pas vouloir voter pour lui. Aucun souci. Mais cet acharnement à attaquer l'homme pour ne pas parler du partage de toutes les ressources qu'il propose, vraiment ça me fatigue.