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14/02/2020

Morale publique, morale privée.

Comme beaucoup de monde, je déteste Benjamin Griveaux et comme beaucoup de monde je trouve que ce qu'on lui a fait hier est immonde. En tant que citoyen, je ne peux que frémir à l'idée que l'on s'américanise dans une société où la morale privée prime sur le reste. Et là où je suis ennuyé c'est qu'on va s'enferrer dans des débats qui ne sont pas les bons, sur la morale. Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande ont vu leurs vies privées et leurs adultères largement commentées. Comme ils exerçaient avant les réseaux sociaux où qu'ils avaient la présence d'esprit de ne pas prendre de photos de leurs bites, tout se passait bien. Là, ça a fuité. Ça n'aurait pas dû et c'est moche pour Griveaux. Très. Son repas de Saint Valentin avec son épouse, qui n'est pas la personne dénudée en vidéo, risque d'être fraîche. Pour autant, Griveaux n'a rien fait d'illégal et rien qui nécessitât qu'il abandonne.

Politique fiction assumée : si Griveaux avait été en tête des sondages et sûr de conquérir l'Hôtel de Ville, j'aurais il n'aurait démissionné. Jamais. Il aurait serré les dents, fustigé (à raison) les atteintes à sa privée et repris sa campagne d'autant plus tranquillement qu'Hidalgo, Dati, Belliard et Villani ne l'auraient pas attaquer la dessus. S'il jette l'éponge, c'est avant tout parce qu'il est épuisé, laminé, qu'il allait vers une déroute et qu'il a décidé qu'il n'allait pas se faire chier dessus un mois de plus avec des méthodes sous la ceinture. 

Dès que les mecs se font poisser sur leur comportement, même légal, ils se carapatent. En revanche, le Président de l'Assemblée Nationale, Richard Ferrand, est toujours susceptible d'être actionnaire majoritaire chez Tefal, les membres du Modem ne sont partis du gouvernement que sous la contrainte, idem pour Rugy. Et les commentateurs de s'inquiéter des oukases du public qui confondent "tribunal de l'opinion" et tribunaux tout court en oubliant, dans le cas de Rugy, que des choses légales, peuvent être immorales pour des raisons de morale publique, de détournements de fonds, d'influence, de moyens publics. Pour ça, l'impunité devrait être totale. Regardant la morale privée, tant que ça se passe entre adultes consentants, ça ne regarde que les protagonistes. 

11/02/2020

Humanité, le compte n'y est pas

Après le vote sur le congé pour deuil d'un enfant mêlant inhumanité, injustice et amateurisme, quelques députés LREM vont proposer 3 semaines de répit. Les EDL, ou éléments de langage, tournent dans les boucles Whatsapp de la majorité pour éviter de réitérer des déclarations choquantes sur "le coût pour l'entreprise" et bon an mal an, le texte devrait passer. Mais seul dans quelques cerveaux malades d'hubris, cela ramène l'addition à zéro. La tâche inhumaine du premier vote est bel et bien indélébile.

Ce matin, s'ouvre la conférence sur le handicap et déjà les radios bruissent de la mesure sur l'assistance sexuelle aux personnes handicapées. Débat rouvert très opportunément par la ministre, Sophie Cluzel, dimanche dernier, alors même que personne ne le réclamait. Il y a 13 ans, j'officiais dans un titre de presse professionnelle médico-social et déjà, les mêmes termes, enjeux, impasses et peu d'acteurs concernés. Mais ça fait un excellent contre-feux pour ne pas parler de l'ensemble du reste des sujets qui régressent. Comme le résumait l'association Femmes pour le dire, femmes pour agir, "cette mesure des assistants sexuels cache mal le fait que l'ensemble de la société n'est pas accessible et que les personnes en situation de handicap ne peuvent sortir et faire des rencontres débouchant sur des relations sexuelles". Pas mieux.

La loi ELAN (2018) a diminué les normes de logement en matière de handicap comme aucune loi auparavant, si le chômage recule globalement, pas pour les plus fragiles et notamment les personnes en situation de handicap. Leur accès à la formation, aux loisirs ne progressent pas non plus. Caramba, le compte n'y est pas. 

Nous sommes désormais à mi-mandat, un recul bien suffisant pour voir qu'il n'y aura aucun progrès majeur sur le front de l'humanisme pendant ce quinquennat. Chaque fois que des fenêtres d'opportunités sont apparues, ils l'ont refermé. Quand un certains nombre de responsables ont proposé de nous aligner sur les espagnols et d'étendre le congé paternité à six semaines, ce fut récusé au titre du coût pour les comptes sociaux. Quand la réforme de l'assurance chômage s'est présenté et voulait une flexi sécurité à la scandinave, la flexi est venu avec des droits chômage en chute libre, mais on attend toujours la sécurité puisque la sécurité repose sur... une application. Quand on sait la violence de l'illectronisme chez les plus fragiles, les photos des responsables gouvernementaux, smartphones en main, avec l'application en fond d'écran, relève du crachat sur la statue de l'humanisme. Une certaine allégorie de l'action gouvernementale. 

07/02/2020

Théorie de l'injustice

Ce matin, Pierre-Henri Tavoillot s'est réfugié derrière John Rawls pour affirmer "peu importe que les riches deviennent plus riches si ça permet de rendre les pauvres moins pauvres" et de dire "ça se tente" avant d'ajouter que "la haine des riches est préoccupante pour la démocratie".
C'est vraiment exaspérant que personne ne remette ces propos dans le contexte où ils sont prononcés : Théorie de la Justice date de 1971, à l'acmé de la guerre froide, époque à laquelle le taux d'imposition marginale aux US est supérieur à 90%. La pensée de Rawls, mâtinée de celle de Friedman permettra d'amener le ruissellement.

Quarante ans de ruissellement après ce qu'on voit chaque année ce sont des riches de plus en plus en riches, mais aussi des pauvres de plus en pauvres, selon le voeu de Don Saluste de la Folie des Grandeurs. Le nombre de SDF explose, des SDF qui travaillent, une précarité rongeante et un nombre croissant de personnes inquiètes de tomber dans la grande précarité. Les riches plus riches n'ont JAMAIS permis aux pauvres d'être moins pauvres...

Ce solutionnisme fiscal est inepte et vomitif, ne pas le censurer violemment c'est un peu de la non assistance à précaires en danger.