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01/05/2022

1er mais

Ce premier mai tombant un dimanche et pendant les vacances, il est peu probable que la mobilisation soit massive. De toutes façons, depuis 2002 et un défilé contre Le Pen père, nous n'avons plus jamais marché en millions pour réclamer des droits sociaux nouveaux, des salaires dignes et des créations de postes en nombre. Les syndicats, cette année, évitent de s'invectiver car ils savent qu'entre les retraites, l'inversion des droits et devoirs républicains vis à vis du RSA où encore une réforme supplémentaire de l'assurance chômage, les périls sont trop grands et nombreux pour s'offrir le luxe de la division.

Dans les forces politiques de gauche, en revanche, après avoir avancé à grandes enjambées vers l'unité, la rhétorique de diabolisation de l'Union Populaire par la macronie joue à plein. Après dix jours de lune de miel sur le thème "Insoumis.es, sauvez la République" et sans surprise, le bloc bourgeois a repris son entreprise d'excommunication républicaine. Et depuis 10 jours, ils chantent les louanges des socialistes et écologistes qui savent où sont les "valeurs".

Et évidemment, cet appeau à blaireaux fonctionne à plein : Hidalgo et Hollande rappliquent pour expliquer qu'il ne faut pas s'allier avec Satanchon. Madame Hidalgo qui a offert des cadeaux comme aucun maire aux milliardaires (Arnault et sa fondation défiscalisé, la Bourse du commerce pour Pinault et moult concessions sucrées à Bolloré...) vient faire la leçon sociale avec la crédibilité d'Alexandre Jardin expliquant à Oran Pamuk comment écrire un roman. Et Hollande l'amnésique oublie sans doute le bilan de son CICE, de sa loi El Khomri, la répression policière de Nuit Debout et autres mouvements sociaux, contre le barrage de Sivens et autres mouvements écologistes... Après un quinquennat qui, par la preuve, a laminé les droits sociaux il vient encore se présenter en boussole du progrès. Celles et ceux qui, depuis longtemps, ont renoncé à changer le monde sont priés de foutre la paix à celles et ceux qui se préparent à le faire. Filez une bonne fois pour toute en macronie, la clarification sera vertueuse pour tout le monde. 

25/04/2022

Deux adversaires à devancer au prochain premier tour

Les réactions de nombre d'électeurs de gauche hier soir m'ont anéanti. Quand le sage montre l'affolant score des fascistes qui, à 42%, n'ont jamais été aussi proches du pouvoir, l'imbécile regarde le sourire plein de contentement de Macron, les déhanchements de Barbara Pompili et le zèle de Manuel Valls... " Ha ! Vous avez tremblé, bourgeois, vous êtes tombés dans le piège et vous avez réélu le banquier", disent en substance les abstentionnistes du second tour, intentant un procès en couardise inepte.

Camarades, c'est le 10 avril que nous avons perdu, que nous avons échoué. Pas hier soir. La haine, légitime, que suscite Macron nous fait trop souvent oublier les fascistes qui, eux, ne nous oublient pas. Zemmour a commencé son discours hier en disant que le pays comptait trois blocs "le bloc national, le bloc Macron, qui est mondialiste, et le bloc islamo gauchiste de Mélenchon". Tout en nuances... Le Pen ne fut pas plus subtil, elle qui fit siffler Mélenchon en meeting hier soir.

Les fascistes font 42% avec une candidate déplorable, pas de parti, pas de lieutenants et pas non plus de programme. L'entre deux tours lors duquel elle fut -enfin- questionnée sur son programme a rappelé la nullité crasse du camp nationaliste. Trump était tout aussi nul (mais plein d'argent, ce qui aide) et le camp du Brexit idem (avec tout autant de moyens). Eux seuls peuvent se permettre le luxe d'être nuls. C'est ainsi partout dans le monde, la colère qui déborde pousse d'abord les désespérés à voter pour la solution simpliste qui promet de mettre les étrangers dehors comme panacée. Le score d'hier est une victoire pour eux. Après tout, ils ont fait la moitié du chemin vers l'Élysée et ça va les galvaniser pour les législatives. Zemmour n'insultait pas l'avenir, hier, en évoquant clairement l'union des droites pour juin. On ne peut pas banaliser un adversaire pareil.

Les 58% de Macron hier ne lui donnent pas l'élan à même de gagner les législatives. La caravane de tocards plein de casseroles (30 mises en examen pendant le quinquennat) qui le félicitait hier sur le plateau montre bien que le vampire n'a plus de sang frais. Il a fait 28% au premier tour, c'est ça qui compte. Il faut devancer ces 28% là et les 30% du bloc d'extrême droite, ce qui signifie rassembler toute la gauche pour virer en tête. Il y aura foule de triangulaires, de combats serrés et la division sera mortelle à chaque fois. Il reste une chance de porter une augmentation générale des bas salaires, à commencer par le SMIC, une retraite juste, de stopper la course à l'héritocratie pour remettre de la justice, pour arrêter la casse des services publics et l'inaction climatique. Ça n'est plus le moment de moquer les castors du second tour, car sans eux il n'y avait pas de législatives sincères. Quand deux adversaires cumulent près de 60% des voix, on avance avec humilité et on évite la dispersion... 

24/04/2022

Pas mal du tout

Pour ne plus y penser, pour ne pas attendre lâchement des estimations et de savoir si les autres y sont allés, j'ai voté dès potron-minet. J'ai croisé ma voisine qui, connaissant mes opinions m'a demandé "ça t'as pas fait trop mal ?". Et étonnamment, non. Mais alors pas du tout. Voter Chirac en 2002, m'avait fait mal. Au premier tour j'avais voté Besancenot pour dire à Jospin qu'un type reconnaissant lui même que son programme n'était pas socialiste ne méritait pas de soutien. Alors "le bruit et l'odeur", les affaires, les HLM, merci... En 2017, ça m'a fait chier, mais déjà moins mal, je votais de façon principielle. Et ce matin, rien. Je dois cet apaisement à un ami très très très à gauche qui m'a dit deux jours avant le premier tour "j'y crois vraiment pour Méluche, mais si ça n'est pas le cas, je voterai sans état d'âme. Le vote est un acte politique faible".

Cette phrase trotte en moi, depuis. Et il a raison. Le vote ne dit rien, puisqu'il n'est ni commenté ni motivé. Il y a 1000 nuances pour lesquelles on votera aujourd'hui, moi en l'occurence ça serait quelque chose comme "je le hais, j'ai envie de lui éclater son sourire à coups de talons, je vomis son bilan et pleure du sang face à son programme, mais nous sommes bloqués par nos institutions, alors en attendant, je vote pour ce qui nous empêche le fascisme", mais j'ai juste glissé le bulletin sans rien écrire. Je conseille évidemment aux électeur.ices de Le Pen d'écrire un petit quelque chose sur le leur, un coeur ou leur numéro de portable. Un bulletin, 10 minutes attente comprise et on n'en parle plus. Bon deal pour empêcher le fascisme. C'est peu coûteux comparé à des heures et des heures à manifester, parfois sous la pluie, souvent sous les lacrymos voire pire pour s'opposer à des réformes anti sociales. c'est peu coûteux comparé à des grèves si légitimes tant nombre de services publics se délabrent, tant nombre d'entreprises ne partagent pas justement leurs profits.... Ça, ce sont des actes exigeants, dur, estimable et je comprends celles et ceux qui se résignent à ne plus y aller. Mais à ceux qui prétendent que glisser un bulletin avec ce nom est trop dur, je vous jure que c'est des vacances comparé à la vie sous le fascisme. Pour nous, pour celles et ceux qu'on aime, pour nos enfants, allons y en masse.