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28/08/2021

Manifestations mortifères

La moyenne d'âge des patients en réanimation pour cause de COVID aux Antilles est de 35 ans. Les malades là bas sont sans doute plus âgés, mais la saturation des hôpitaux est telle qu'ils n'accueillent plus de patients en réanimation au-delà de 60 ans. Forcément, ça fait baisser les chiffres. La dernière étude dispo dit que le variant Delta double le risque d'hospitalisation, pas le moment de se relâcher...  Le COVID tue encore, infecte encore, cloue encore au lit des gens. Et avec le vaccin, on peut grandement éviter cela. Raison pour laquelle je continue à ne pas comprendre les gens qui manifestent pour le droit de ne pas se vacciner, le droit de faire circuler cette cochonnerie.

Leurs analogies grossières finissent par m'exaspérer. "Pourquoi ne pas interdire l'alcool si on doit interdire tout ce qui tue ?". Factuellement, l'alcoolisme tue 35 000 personnes par an, et représente 1/4 des lits d’hospitalisation ( pour complications directes, AVP, accidents /violences domestiques…). Certes, mais ça n'est pas contagieux, personne ne vous force à boire et là, pour le coup le fait de boire ne risque pas d'infecter les autres (sauf pour les femmes enceintes). Leurs petites blagues gratuites sont désespérantes de mauvaise foi. 

Dans "La société du risque" le sociologue Ulrich Beck montre magistralement la fine frontière existant entre prudence et excès de risque. Il montre surtout que nous le progrès nous a rendu risquophobe. La mortalité infantile était si forte jusqu'au début du XXème siècle qu'il ne venait à l'esprit de personne de chercher un responsable à la mort d'un enfant "c'est comme ça" ou "c'est la volonté de Dieu" étaient les arguments les plus employés. Grâce aux progrès considérables de la médecine, on a réduit ces décès jusqu'à quasi néant, au point que, lorsqu'un drame se produit, la sage femme, médecin voire l'hôpital s'exposent à des poursuites judiciaires....

Ce que montre Beck, c'est que la question du risque et de la protection est une question de dosage. La ceinture de sécurité, les sièges enfants : plus que raisonnable et bénéfique. Les portes en verre dans le métro : inutile (les désireux de suicide ne s'arrêtent pas à cela et les déséquilibrés qui poussent trouvent d'autres endroit) / Les portiques dans les aéroports : excessifs... Etc etc. Avec le COVID, on est dans les mêmes interrogations. 

Au début du COVID, nous avons sans doute trop protégé : fermer les parcs en plein air, interdire les plages ou les sentiers désestrés, c'était une claustration excessive. Mais avec le recul, on sait où les contaminations ont lieu : dans les lieux clos. Dès lors, demander aux gens qui s'y rendent de protéger les autres, c'est vraiment demander aux passagers de mettre une ceinture de sécurité. Ça n'empêchera à 100% un accident, mais ça réduit considérablement les risques et en cas d'accident, on a pas ça sur la conscience de se dire "quel con ! Pourquoi j'étais pas attaché ?". Cette semaine, je suis retourné dîner dans des restos à l'intérieur, hier j'étais à une fête dansante. Le Passe exigé à l'entrée n'assure pas à 100% que l'on ne peut pas être contaminé, mais montre que tout le monde a fait le max pour protéger les autres et ça libère, ça soulage. Après tout, à Noël, pour les fêtes de famille, tout le monde se testait juste avant. Par altruisme. On doit bien à toutes et tous le même altruisme qu'on offre à sa famille. Si le "vivre-ensemble" veut dire quelque chose, c'est bien ça. 

22/08/2021

Le grand oncle Paul avait raison : ils peuvent revenir.

À quarante ans passés, je n'ai jamais connu de conflits. C'est rare dans l'histoire, et mes contemporains l'oublient trop souvent. Je suis le premier de ma famille à être vraiment étranger à cela. Mon père est né pendant la guerre et fut objecteur de conscience pour ne pas servir en Algérie, il préféra enseigner le français aux réfugiés. Ma mère est née à New York car sa propre mère avait eu les moyens de quitter la France, en 1940, quand il ne faisait plus bon s'appeler Glassberg. Elle même avait pu venir en France car ses parents avaient pu fuir les pogroms d'Europe de l'est, toujours pour des raisons de patronyme modérément apprécié. Pour des gens qui dominent le monde et forçons les gens à se faire vacciner, je trouve quand même qu'on doit beaucoup déménager...

Ces traumas répétés, ces exodes forcés, la terreur rétrospective de voir à quoi on a échappé à perduré longtemps dans ma famille. Mais moi non, je suis un imbécile heureux de vivre en paix. À la faveur d'une insomnie, j'ai lu de nombreux reportages sur l'horreur de l'Afghanistan et je me suis remémoré ce que mon grand oncle Paul me disait quand j'étais tout petit : "Vincent, les diamants dans la valise, la valise sous le lit, le lit près de la porte, la porte près de la gare : ils peuvent revenir, Vincent !". 

Heureusement pour moi, ils ne sont jamais revenus car il n'y a plus de diamants depuis longtemps. Dans les périodes de guerres, on a rarement 3 mois pour vendre son bien au prix du marché. On prend tout ce qu'on a de valeur et je n'ai ni bijoux ni montre... Quelques livres rares, mais là encore, c'est encombrant et peu liquide... Ils ne sont jamais revenus en France, mais ils sont là, en Afghanistan. C'est la même logique, la même folie et le même lâche soulagement autour. Voir les Chinois négocier tranquillement la future gestion des réserves de lithium, d'autres guignent l'opium. Comme dans "l'ordre du jour" d'Eric Vuillard, on voit que l'appât du gain fait fermer les yeux sur bien des horreurs. 

En France, on joue à se faire peur en parlant de "ceux qui veulent importer Kaboul en France". Quelle indécence... Le même film a eu lieu il y a quelques années, avec Daech. Certes, il y eut d'atroces attentats, en France, mais il y en eut bien plus en Syrie, en Irak, en Afrique aussi. Depuis 2009, Boko Haram ("les livres sont pêchés") ont fait 36 000 morts, en Afrique. C'est là bas qu'il faut agir urgemment et plus urgemment que jamais, en Afghanistan. C'est trop tard pour empêcher la prise de pouvoir, évidemment mais pas trop tard pour sauver des centaines de milliers de familles. Dans les semaines à venir, une pression diplomatique forte peut permettre à des centaines d'avions cargos d'atterrir et décoller encore une fois de Kaboul. Et après cela, une pression plus forte encore pourra peut être limiter la catastrophe. Ils ont déjà annoncé que les femmes arrêteront l'école à 12 ans et on peut redouter que les lapidations et autres mutilations et mariages forcés ne reprenne dès l'installation effective du régime.

Je ne parviens pas à me dire qu'un régime comparable à notre référence absolue du mal, la domination militaire en moins (ils ont gagné sans combat et pour surarmés qu'ils soient, les talibans n'ont pas l'armée du Reich) s'installe sans que cela ne mobilise toute la communauté internationale. 

18/08/2021

T'es anti quoi, au fond, camarade ?

Salut à toi, camarade. Tu ne veux pas être confondu avec les Fafs qui défilent contre le Passe sanitaire, alors je ne parle qu'à toi, électeur de gauche, ou disons du progrès écologique et social. Tu te méfies des amalgames, des raccourcis, des jugements hâtifs. Soit. Mais en cent mots comme en deux : il n'y a aucune raison fondamentale d'être contre la vaccination obligatoire, ou son pis-aller hypocrite, le Passe sanitaire. 

Alors bien sûr, tu peux être pour la vaccination obligatoire, mais contre le Passe sanitaire. Tu dois être aussi représentatif que les clients golden de Buffalo Grill membre du parti animaliste. Et d'ailleurs, si tu es pour la vaccination obligatoire, tu ne peux que te réjouir que le Passe ait permis de plus que doubler le nombre de vacciné.es quotidiens ces dernières semaines. Ce qui a permis d'aplanir la courbe des contaminations et d'éviter un engorgement des hostos. Parce que tu le sais, au fond, que tout ça c'est une histoire de course contre la montre. Dramatiquement perdue par les DOM et qu'on ait en train de gagner, de justesse, en métropole. On peut critiquer la méthode, certes, mais pas nier le résultat.

Dès lors, camarade, ton argument selon lequel le Passe c'est mal, car tout entier tourné contre les couches populaires s'effondre. Oui, les couches populaires sont moins vaccinées, c'est malheureux. Personne ne veut qu'ils soient malades, mais qu'ils se vaccinent. En défendant leur "liberté" à ne pas se vacciner, vous défendez leur liberté à mourir pendant que les bourgeois vivent bien. La droite inhumaine avec les déshérités, c'est vous, camarades. Oui, on doit plus aux quartiers populaires. Plus de présence humaine, plus de pédagogie, plus d'explications sur les bienfaits de la vaccination. Ça, oui. Mais pas moins d'exigence sur les bienfaits de la vaccination généralisée.

Alors, camarade, tu es contre quoi : la vaccination obligatoire des soignant.es ? Tu te trompes de colère. Tu peux être contre la pusillanimité du Ségur de la santé, des fermetures de lits pendant le Covid, d'une politique qui continue sur un pente mortifère depuis 2003 et l'instauration de la T2A (on avait déjà Castex !) avec un climax sous Touraine. Ça, oui. Et Dieu sait que tou.tes les soignant.es ont morflé depuis 18 mois qu'ielles ont raison de faire la gueule sur les postes, les horaires, les vacances, les moyens, les salaires. Ça, oui. Mais refuser la vaccination quand on est soignant.e, c'est une antinomie, une antiphrase, une injonction contradictoire avec leur mission. Idem pour les enseignant.es. Quand tu oeuvres pour le Commun, le public, tu assumes jusqu'au bout la mission de protection. Les profs qui gueulent mais ne sont pas piqués (très minoritaires) sont des sales con.nes. Et si c'est valable pour ielles, c'est valable pour tant et tant. La vaccination obligatoire au taff n'a rien de choquant. Rien. 

Tu es contre les atteintes aux libertés publiques, à la surveillance des données numériques ? Dans le premier cas, il ne faut avoir raté aucune manif depuis 2015 et les abusives lois sur l'état d'urgence. Parce que des restrictions de libertés publiques, on en a connu des plus graves qu'un QR code pour boire un café... Parle en aux agriculteur.ices bios fiché.es par DEMETER, perquisitionné.es à l'aube pour essayer de cultiver sans OGM et traité.es comme des terroristes. Parle en aux 50 000 fiché.es par PEGASUS. 50 000. Pas le gouvernement ou quelques puissants, mais des miliant.es d'ONG, des lanceur.euses d'alerte... Ielles ont souffert, vu toute leur vie privée hackée, copiée, disséquée. C'est autrement plus pénible que de savoir que tu as bu un Spritz à tel bistrot... Par ailleurs, si tu es contre toute forme de flicage, paye tout en fraîche, en liquide et retire la géo localisation de ton tèl. C'est ton cas ? Respect. Mais je parle désormais à une assemblée de moins de deux pelés et un tondu...

Alors, il te reste quoi pour beugler ? Tu es anti macroniste ? Moi aussi. Oui, ce pouvoir est vertical comme jamais, hautain, condescendant. Oui, ils ont menti sur les masques, les lits de réa, les moyens qu'ils dépensaient.. Oui, oui et mille fois sur hier. Mais aujourd'hui, hic et nunc ? Non, la vaccination n'est pas une solution miracle, une panacée et d'ailleurs personne ne le dit. Mais après 18 mois de pandémie, nous n'avons aucun traitement. Aucun. Et nous avons des vaccins qui diminuent à 90% les formes graves. Ça n'empêche pas d'être contaminé et de contaminer mais ça empêche tout à fait l'embolisation de notre système de santé. Dès lors, il n'y a plus à réfléchir et encore moins à manifester. Si on a une once de sens de collectif, de commun, on va se faire vacciner et on rabroue toutes celles et ceux qui hésitent.

Au fond, camarade, t'es juste anti-macroniste. Tu veux te faire plaisir avec des statuts putaclics où tu convoques l'apartheid, la discrimination et autres... Tu es trop malin.e pour te réclamer anti vax mais tu parles aux sycophantes de Russia Today, hein. C'est pas glorieux. Moi aussi, je suis anti macroniste mais je ne défile pas avec les fafs, avec les complotistes, je ne défile pas contre les soignant.es, je sais où j'habite... Arrête tes conneries, camarade, y a 1000 raisons d'être anti macroniste en 2022 depuis l'ISF en 2017 jusqu'à la réaction brune sur l'Afghanistan, lundi. Mais pas celle là. Fais toi piquer et incite à la piqure. Bisou.