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06/07/2021

A quand une séparation des églises de la croissance et de l'État planétaire ?

En écoutant Eric Piolle se faire interroger ce matin sur Inter, je partageais un espoir et une désespérance en même temps. L'espoir que la primaire écologiste de septembre soit, enfin, l'occasion de refermer l'impasse identitaire parfois maquillée en "républicaine" dans laquelle nous sommes englués depuis 15 ans. Nous sommes toujours dans ce cycle ouvert par Sarkozy avec le débat sur l'identité nationale et l'idée que la France serait une grande boîte de nuit dans laquelle certains rentrent et d'autres pas et où les physionomistes s'appellent Eric Zemmour et Raphaël Enthoven ce qui limite les chances de nombre de personnes... L'identité est un cul de sac d'où nul débat fertile ne peut sortir, où l'on se retrouve toujours coincés avec des fafs qui tournent en boucle sur leurs névroses sans voir le monde qui les entoure et qui brûle, littéralement.

Ma désespérance c'est que si l'on continue d'interviewer les écologistes comme actuellement, rien ne changera. La question n'est pas la connivence ou l'amabilité qu'il faudrait avoir vis-à-vis des candidat.es écologistes, évidemment. Les personnes importent peu, mais les enjeux écologistes ne sont toujours pas pris au sérieux. Il suffit pourtant de regarder au Canada où le feu lié au réchauffement climatique détruit un village entier, à Madagascar où la famine liée au réchauffement climatique prive 400 000 personnes de nourriture, en Chine où le minage de l'inutile monnaie Bitcoin émet autant de CO2 qu'un pays comme l'Italie... Les exemples de suicide collectif du genre humain ne manquent pas. Suicide lié à un mode de développement prédateur, extracteur, qui ne peut pas se réguler, se limiter, se responsabiliser par enchantement. Dès lors, interroger des candidats à la primaire écologiste implique de ne parler que de ça, évidemment et de se libérer des dogmes dominants. Leur demander s'ils habitent en République, s'ils sont pour la croissance, s'ils font attention à la dette est-ce bien sérieux par rapport au drame sur lesquels ils nous alertent ? A l'évidence, non. C'est pourtant, hélas, ce qui se passe.

Alors bien sûr, j'entends complètement l'argument selon lequel l'écologie est l'affaire de tous et qui ne devrait pas être limité à un parti. EELV n'a pas le monopole de l'écologie, évidemment ! Pour autant, mise à part La France Insoumise, force est de constater que tous les programmes ou, pire, les actes des autres partis sont anti écolos. Du RN à LREM et LR, tous sont pro glyphosates, pro pesticides, pro énergies fossiles, pro bétonisation, pro avitation et voiture, pas à la hauteur des enjeux. Quand au PS, eu égard au bilan maigrelet du quinquennat Hollande lors duquel toutes les propositions des alliés écologistes furent éconduites, ils ont le droit de se montrer discrets. 

Dans "Aux manettes" le 3ème volet consacré à Edouard Philippe à Matignon, le premier ministre met sur le même plan la "folie" qu'il y a à ne pas prendre le dérèglement climatique au sérieux et celle à ne pas se préoccuper de la dette. Notre dette a doublé depuis que Fillon parlait "d'état en faillite" principalement à cause des subprimes et du Covid. Ça n'a rien changé. Elle peut doubler encore, ça ne changera pas grand chose, agiter le chiffon de la Grèce et de l'Argentine est bien une infamie de grand argentier qui sait, précisément, que les pays riches ne seront jamais à genoux. Sur la même période, les effets du dérèglements climatiques ont provoqué des catastrophes qui ont coûté plus lourd que la dette, Philippe ne peut l'ignorer, mais il s'aveugle car il croit toujours à la croissance éternelle.

On devrait imposer à tous les politiques et tous les journalistes la lecture de "Des marchés et des Dieux" de Stéphane Foucart dans lequel le journaliste multi primé pour ses travaux sur Monsanto montre comment un système comparable à une église entretien un message aussi grotesque que l'idée de la création divine : celui du progrès grâce à la croissance et au marché. Pour y mettre fin, je ne vois qu'une extension de 1905 avec un principe au dessus de cette église des marchés, la République planétaire. Interdire l'ingérence de la religion du marché dans des débats sérieux. Après tout, pour le Covid, tout le monde s'est accordé sur le besoin d'écouter la science et les solutions prônées par les scientifiques. Qu'il en aille de même pour le dérèglement climatique... 

28/06/2021

De 4 blocs à 3

Le changement, c'est Outre-Mer. Là-bas, les exécutifs régionaux ont changé avec une poussée à gauche. Pour la métropole, découpage inchangé avec 100% de sortant.es reconduit.es. Pour les commentateur.ices qui n'aiment rien tant que saisir des instantanés pour éclairer 2022, c'est le pire des résultats. Rien n'aurait changé ? 

On peut bien sûr constater que LREM et le RN, ont, comme lors des municipales, fait chou blanc. Mais ces scrutins ne leur conviennent pas. Pour être honnêtes avec eux, il faut rappeler qu'ils ont plié la concurrence avec 46% à eux deux contre 13% pour les écolos et moins de 10% pour LR, le PS ou LFI... C'est important de le rappeler, car, par défaut, ils restent favoris pour l'an prochain.

Après, pour parler d'une présidentielle, il faut comparer avec des présidentielles. 2012 vit les derniers feux du bipartisme : 56% pour Hollande et Sarkozy, Le Pen à 17 et Mélenchon à 11%. Les choses étaient claires. Le pêché originel de ce quinquennat, ce sont les 4 blocs très équivalents en poids lors de l'élection qui ont donnée une Assemblée où LREM avait la majorité absolue seule (il leur faut le Modem désormais, mais en 2017, ça passait crème). Un bloc de gauche autour de 27% (Mélenchon Hamon) un bloc centriste à 24 (Macron) une droite à 21 (Fillon Lassale) et l'extrême droite à 28 (Le Pen, Dupont Aignan, Asselineau). En seulement 5 ans, le bloc de gauche de 2012 à plus de 43% s'est effondré et c'est logique.

Le MEDEF n'aurait jamais osé un texte aussi violent que le CICE, que la loi travail, que la loi Macron sur les ordonnances. Le MEDEF détestait moins la CGT qu'Hollande/Cazeneuve/Valls. L'effondrement de la gauche, c'est eux.

Le bloc des rescapés de 2017 n'ont pas bougé, ni grossi ni minci. La seule clarification c'est que les macronistes sont sortis de leur ambiguïté et sont de droite. Comme dans une course de petits chevaux, ils ont déplacé le reste des concurrents. On a donc un bloc de gauche sociale et écologiste (il n'y a plus de débats sur l'écologie chez LFI et les rares socialistes qui restent au PS ou chez Place Publique se convertissent) et deux blocs de droite : les libéraux classiques et les libéraux identitaires nationalistes. LREM est dans un bloc, le RN dans l'autre et LR a un peu le cul entre deux chaises. Ce qui explique qu'on ne peut exclure un second tour Macron Bertrand ou Bertrand Le Pen. 

Pour le reste, 4 ans de propagande hystérique pour dire que les tenants du progrès social et écologique vivent en dehors de la République et de la réalité porte ses fruits. Mélenchon est la personnalité la plus détestée des français, devant Marine le Pen. Et ça ne choque personne. Je vais finir par croire qu'on mérite ce torrent de boue... 

25/06/2021

Boussole, boussole

Cet entre deux tours franciliens aura vraiment permis de clarifier les choses : la laïcité est un paravent pour que les grands bourgeois cachent leur droite honteuse. Après tout, ça n'a rien de neuf, Marine le Pen avait compris que revendiquer son catholicisme comme son père n'était pas opérant, mieux valait se dire laïque pour critiquer l'islam à l'envi. Valérie Pécresse l'a bien intégré, elle qui tance ses adversaires en disant qu'ils ont perdu "leur boussole républicaine" sur ces sujets... Elle qui a soutenu Sens Commun, asso authentiquement hors du champ de la République qui avançait des arguments divins pour exiger le retrait de la loi sur le Mariage pour Tous. Elle qui a nommé Anne Louise Mesadieu Présidente de la Commission Culture de la région, laquelle a Tweeté "si Julien Bayou passe ça en sera fini des subventions pour nos églises", en voilà une belle préoccupation laïque ! Si Pécresse est laïque et Républicaine, moi je suis curé... 

Pécresse brandi sa République comme Le Pen érige sa laïcité, pour masquer un fond dégueulasse, réactionnaire et rance. Elle a laissé les transports sales, pas soutenu le vélo quand Hidalgo lui tendait la matin. Elle a sabré dans la culture, l'aide au livre, à l'insertion par l'activité économique. Elle a insisté pour le Grand Paris Express, les grands ensembles, les centres commerciaux démesurés. Elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour faire prospérer les inégalités, territoriales comme sociales. Voter Pécresse, c'est voter pour un progrès de régression sociale et écologique. Point.

De l'autre côté, pour la première fois, on a 3 candidats qui s'alignent sur ce qu'on voulait que la gauche fasse depuis des années : attaquer conjointement les inégalités et les discriminations. Ensemble. Orienter les budgets, donner la gratuité dans les transports aux plus pauvres et demander à celles et ceux qui peuvent de financer un système vertueux. Rénover et appuyer les lycées démunis. Et lutter contre les discriminations, qu'elles soient fondées sur le sexe, l'origine, le handicap et tout le reste. On nous aura dit que Pulvar favorisait les réunions séparatistes. Quid du CAC 40 où 40 bonhommes sont à la tête et prennent des décisions très concrètes ? C'est autrement plus grave que de permettre à des femmes non blanches de discuter entre elles sans engager aucune responsabilité de l'asso. 

Leurs moulinets, leurs écrans de fumée sont grossiers. Leur panique est palpable. Bien sûr, ils restent favoris, mais il y a match, si toutes et tous nous sommes déterminé.es et ignorons leur propagande en allant voter pour le progrès, dimanche, ils peuvent l'emporter. Pour l'avenir, indiquer l'union dans le bon sens et des lendemains, enfin, à nouveau désirables.