19/07/2021
L'opportunisme de la colère ne grandit pas la colère du peuple
Sur le fond, les défilés contre le Pass Sanitaire et les Gilets Jaunes n'ont rien à voir. Pour autant, ils ont beaucoup de similitudes sur la forme qui pourraient nous livrer quelques pistes pour les semaines à venir et les conclusions politiques à en tirer. Peu de démocratie (aucune ?) n'ont connu un mouvement de protestation aussi long et aussi déterminé que les gilets jaunes qui ont même surpassé le Hirak algérien avec une centaine de semaines consécutives d'opposition. Mais depuis le premier épisode des marches des occupants des ronds-points, le problème est le même : opposition à quoi ? A Macron, bien sûr. A la taxe sur les carburants, sans doute. A une démocratie obsolète et à refonder (RIC), à une fiscalité injuste (ISF) au trop de place faite à des voyous dans les palais (Black Rock) et au trop peu d'équipements publics dans la France de seconde couronne ou rurale.
Il y avait tout cela, dans les gilets jaunes, rassemblés derrière des figures comme l'avocat François Boulo ou la militante Priscilla Ludosky ou encore François Ruffin qui raconte dans "il est où le soleil ?", les espérances nées de ce mouvement. Elles ont d'ailleurs débouchées sur de belles choses, des États Généraux de Commercy à la Rencontre des Justices, il y eut une part des gilets jaunes qui a creusé un sillon constructif.
Mais on ne peut pas oublier tous les crétins, les factieux, les conspis de tous genres venus casser du Rothschild et autres. Les répressions policières d'une violence inouïe, follement disproportionné par rapport aux assaillants ne doivent pas nous repeindre en justes des fouteurs de bordel. De ce petit con propagateur d'infox à l'envi de Juan Branco qui fut l'avocat du conspi surmédiatisé Maxime Nicolle à Eric Drouet, il y avait des choses moches dans ce mouvement. Très moche. On l'a oublié parce qu'il y eut tant d'éborgnés, d'estropiés pour rien, tant de peine de prisons pour ceux qui cassèrent une porte (du ministère de Griveaux) et rien pour les policiers éborgnants. Bien sûr la répression du mouvement fut infecte, mais si le mouvement ne fit pas boule de neige dans l'opinion et moins encore dans les urnes, c'est peut être parce qu'il était opportuniste, qu'il agrégeait des colères trop éparses et que tout le monde n'a pas l'humanisme et la hauteur de vue de ceux cités plus haut... Et on ne peut pas, on ne doit pas défiler avec des factieux quand on est pour la justice.
Le "ni droite ni gauche" de Macron a décomplexé les amateurs de chamboule tout politique qui ne voient plus le mal à ce que la gauche radicale marche avec l'extrême droite. Un peu comme si les ligues qui se sont foutues sur la gueule le 6 février 34 comme par enchantement, marchaient main dans la main... Mes amis énervés me disent "n'attends pas un peuple chimiquement pur, rejoins la colère et renverse tout !". Je n'attends rien de pur, j'ai défilé avec des militants CGT ivre morts à 9h du mat aux slogans parfois borders, mais pas négationnistes, pas anti démocratiques... Les centaines de militants à coquelicots jaunes n'ont rien à faire dans un mouvement de justice et de démocratie et il n'y a rien à gagner à défiler avec eux.
Quand on s'oppose, on ne peut pas agréger des colères ou des détestations, il faut un mot d'ordre. Le seul mot d'ordre à même de rassembler les abstentionnistes, les divers militant.es de partis, de syndicats et autres, c'est la justice. C'est d'ailleurs le titre d'une initiative transpartisane, la rencontres des Justices au pluriel. La justice écologique, comment ne pas y penser actuellement, la justice fiscale, démocratique, la justice face à la justice (salut à toi, Dupond-Moretti) entre femmes et hommes, blancs et non blancs, bien né.es ou moins bien loti.es à la naissance... Si celle là s'organise, en cohérence, pour réclamer de la justice et de la transparence, y compris sur la gestion de la crise sanitaire, je marcherais avec joie et je doute que les anti vax et les négationnistes se joignent à cette marche.
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18/07/2021
L'anti macronisme n'est pas un humanisme
Jamais depuis De Gaulle la France n'avait été présidentialisée à ce point. Nous vivons une crise sanitaire et tout le monde se contrefout d'Olivier Véran. Ce dernier, comme Castex, font des points réguliers avec la presse, des grandes conférences, mais les moments saillants, les changements dans nos vies, sont annoncés par Macron. C'est lui qui a annoncé la fin du couvre feu, le retour à la normale et l'été en pente douce avant, quelques semaines après, d'annoncer le passe sanitaire pour tous.
Depuis l'annonce de lundi soir, on mesure à quel point rien ne va sur la méthode. La SNCF a appris avec la télé qu'ils allaient devoir contrôler des millions de voyageurs cet été et s'exposer à des agressions et insultes en pagaille. Des millions de français.es un peu oublieux, qui avaient beaucoup bossé et prévu de se faire vacciner au retour des vacances car pressé.es de partir début juillet ce qui faisait trop juste pour avoir deux doses, se retrouvent en panique vis à vis de la rentrée... Les chiffres du monde entier montrent bien que tous les pays sont confrontés, comme la France, a un essoufflement de l'engouement vaccinal. Même Israël, les États-Unis ou l'Angleterre voient les motivés pour se faire piquer en chute libre. Ils sont au dessus de la France, mais pas au point de pouvoir plastronner, au contraire, Israël menace de confiner si les récalcitrants n'accélèrent pas, quand l'Angleterre ou l'Allemagne espèrent convaincre les sceptiques. Macron a choisi la voie israélienne.
L'annonce de lundi rappelle avant tout un problème institutionnel : il a décidé seul. Il s'est énervé, a perdu ses nerfs devant la montée des contaminations et le manque de vigueur de vaccination et a décidé absolument tout seul après avoir réuni un conseil scientifique dont rien ne filtra. Énormément de médecins ont déploré les annonces, disant qu'ils manquaient de bras et que cela risquait d'entraîner des désertions. Les forces vives économiques, syndicales hurlent contre les discriminations à l'embauche, au contrat de travail où la vaccination deviendra un motif pour rester ou non dans l'entreprise. Si Macron avait consulté et explicité en transparence ses décisions, jamais elles n'auraient ressemblé à ça. Au moins pour le calendrier où il aurait laissé un rythme plus logique, plus humain, pour que tout le monde puisse avoir ses deux doses.
Fatalement, un type qui décide seul, qui incarne seul, donne les atours d'un régime non démocratique. Dans les cortèges, la colère se libère à dessein contre cette captation, ce rapt de la prise de décision qui devrait être partagé. Mais comme souvent, la colère déborde et comme pour les innondations, les pluies entraîne des coulées de boue incontrôlables et la légitime demande de transparence sur les mesures devient un ramassis de slogans étranges où l'on demande la liberté de ne pas être vacciné ce qui ne sera jamais entendable. Le piège rhétorique est imparable : Macron fait tout pour que le débat ne tourne qu'autour de sa personne et, s'il y a des raisons en pagaille de détester son action, l'anti-macronisme n'est pas un humanisme pour autant. Si tout le monde défilait pour demander la fin de la réforme de l'assurance chômage, le rétablissement de l'impôt sur la fortune et une taxe exceptionnelle sur les riches pour financer la santé, l'éducation et la justice de demain, on pourrait suivre, mais ça n'était pas le cas. Loin s'en faut....
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16/07/2021
Écouter la science, dépenser quoi qu'il en coûte: deux poids, deux mesures
Ce week-end, j'aurais dû partir à l'est de la France dans une zone où les trains ne circulent pas, car ils ne sont pas amphibies. Rassuré pour mes hôtes qui vivent en hauteur et sont hors de danger, j'ai lu nombre de reportages sur la violence de ces inondations mortelles (118 morts alors que j'écris, sans doute plus quand les eaux se retireront et découvriront des victimes). Des morts, des blessés, des personnes qui ont perdu tout ce qu'elles possédaient, dont les maisons seront inhabitables longtemps...
En 1990, le GIEC disait déjà que le réchauffement climatique entraînera des dérèglements hydriques aux deux extrêmes : des grandes sécheresses et des fortes pluies. Donc des catastrophes agricoles et des catastrophes agricoles et humaines. L'humain s'épanouit dans le tempéré... Le drame de ce week-end, on a en a eu les étés derniers, en Europe de l'Est, avec des coulées de boue mortelles. Inévitablement, ça se multipliera et ça empirera. Les Pays-Bas sont presque entiers situés en zone inondable. Les prières et incantations n'arrêteront pas les vagues.
En voyant ces drames, je songe à nos deux mantras depuis le début de la crise Covid : écouter la science et dépenser quoi qu'il en coûte. On ne sort, se déplace, ne vit qu'à l'aune des conseils scientifiques. Plus ou moins respectés, peut être, mais le politique a intégralement calqué ses décisions sur le savoir scientifique. Quand à l'argent naguère manquant, il semble plus intarissable qu'un fleuve magique. Le dérèglement climatique est renseigné bien plus minutieusement que le Covid, on sait tout des effets de l'homme, beaucoup des meilleures manières de diminuer, d'aller vers la sobriété. En écoutant la science, pas de nouveaux aéroports, pas de SUV, pas 5G, pas de plastiques uniques... On sait qu'il faut toujours éviter de produire, que si on produit on réduit au maximum et enfin, qu'on compense ce qu'on peut. On sait, mais on fait pas. Quand à l'argent, c'est encore plus incompréhensible. Financer la transition énergétique, agricole, des logements, a un coût démesuré si on prend en compte l'année N, mais ridicule comparé aux dégâts qu'il faudra écluser à l'année N +10.
Cette absence de cohérence n'est pas seulement déprimante, elle est mortifère, voire suicidaire.
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