06/08/2021
Le dérèglement climatique ne prend pas de vacances
L'année pourrie que nous venons de vivre légitime évidemment de prendre de longues vacances, pour celles et ceux qui le peuvent. Encore une fois, cette crise Covid a été un amplificateur de toutes les inégalités que nous connaissons : celles et ceux qui ont le plus souffert des confinements et couvre feu, reclus dans des logements exigus, sont les mêmes qui furent le plus touchés par les conséquences économiques de la crise. Pour eux, l'idée même de partir en vacances cette année n'existait pas. Tristesse.
Mais les journalistes, les éditorialistes, les rédacs chefs, eux, partent en vacances. Et les remplaçant.es dans les grilles d'été ont pour consigne de faire léger, de détendre. Merci de parler de l'Euro, du Tour de France, des Jeux Olympiques, de Kaamelot et OSS 117, des amours retrouvées de J LO et Ben Affleck. C'est ce qu'on fait. Ça et les manifs contre le pass sanitaire. Ceci occupe la majorité du temps d'antenne, d'onde, de colonnes... Et à côté, on traite, mais comme un mix de météo défaillante ou de faits divers un peu malheureux, les conséquences du dérèglement climatique lié à l'activité humaine. Les mégas feux de Californie et du sud de l'Europe, les inondations à l'est de l'Europe ou encore la surchauffe du pole Nord sont couverts, factuellement. Pic de températures, facture des dégâts, nombre de victimes, ces sujets sont traités majoritairement comme un bulletin météo qui aurait mal tourné.
Le rapport avec l'action de l'homme sur le climat n'est pas mis en avant avec suffisamment de constance, de gravité, d'alerte. La bétonisation de terres agricoles, l'artificialisation des sols est évidemment un open bar pour les inondations. Je me souviens de l'avoir entendu lors des terribles coulées de boue qui envahirent Vaison-la-Romaine, en 1992. C'est dire si ça date. Et ça n'était pas ailleurs, mais bien chez nous. 30 ans après, les inondations meurtrières et catastrophiques d'un point de vue matériel se sont démultipliées sans que cela ne force la main des législateurs pour interdire les permis de construire qui sont, indirectement, des permis de créer du chaos. A chaque fois, il faut des mobilisations citoyennes et non politiques pour empêcher ces drames. Comme la mobilisation de centaines de tracteurs d'agriculteur.ices au pays basque pour empêcher la vente d'un gigantesque terrain agricole à une héritière qui veut se faire une villa... Face à l'étendue de la grogne, les élu.es reconnaissent "qu'ils ont accordé le permis imprudemment"... Mais c'est assez fou de voir 30 ans d'attentisme, de 1/4 de mesures, de moratoire sur la publicité pour les SUV et toujours pas de consensus pour l'interdiction de la fabrication desdits SUV. 30 ans et chaque année les efforts à faire pour atténuer les effets de cette hausse du CO2 sont plus colossaux d'année en année.
Chaque été, pendant les vacances, les méga feux sont de plus en plus importants, conséquents, proche des villes. Les inondations de plus en plus diluviennes et meurtrières. Je comprends bien que ça gâche un peu les vacances, mais cela ne me semble pas un argument suffisant pour se complaire dans une politique de l'autruche en attendant que ça passe...
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24/07/2021
Français enfants gâtés, cette fois c'est vrai
Dans la fable de l'enfant qui criait au loup, les alertes exagérées, démesurées du bambin prévenant à tort de l'arrivée du prédateur font que lorsqu'il arrive vraiment, plus personne n'y croit. La même chose est en train d'arriver aux député.es LREM avec leur fable des "français enfants gâtés". Depuis 2017, ils reprennent cet argument réactionnaire au possible, la quintessence de l'Ancien Régime expliquant aux soutiers, aux damné.es de la terre qu'il faudrait les remercier de ne pas restaurer l'esclavage pour augmenter la productivité et rembourser la dette... De Sylvain Tesson à Gilles le Gendre, la galaxie de ceux qui emploient cette logique est une photographie des grands privilégiés, héritiers, aveugles à toute forme de discrimination, hermétique à la souffrance au travail, à la pénibilité de celui-ci, insensible aux droits sociaux, aux acquis, eux qui travaillent pour s'amuser et se mettre en avant.
On a raison de combattre cette lame de fond réactionnaire quand elle sert à légitimer des régressions sociales, sur l'assurance chômage, le droit du travail, les retraites, les APL, le système de santé.... Un pas vers le modèle anglo saxon au nom de cette logique est un pas vers la mort et les initiateurs du CNR n'ont pas crée un système d'enfants gâtés, mais un système juste.
Ce samedi, les anti pass sanitaire et les anti vax défileront à nouveau. Les cris d'orfraie de la macronie sur le thème "vous êtes des enfants gâtés, on vous demande juste deux piqures" sont désormais inaudibles et c'est dommageable. En l'espèce, c'est leur faute. Lors des annonces sur le pass sanitaire, Macron a tout de suite remis sur la table la destruction de l'assurance chômage et la mort du régime universel des retraites pour relancer ses amis de Black Rock. Evidemment, quand on vous brandit cela, il y a de quoi braire. De même que l'amendement sur le licenciement pour les salarié.es non vacciné.es. C'est infâme et nombre de syndicats et d'avocats ont raison de dire que cela ouvre des abîmes dangereuses en termes de droit social. De même qu'un Ségur de la Santé sous dimensionné, sous doté, avec même des fermetures de lits. Je comprends que nombre de soignant.es estiment qu'on se fout de leur gueule. Comme toujours depuis dix huit mois, la gestion à la schlague de la crise sanitaire, le discours martial et les coups de menton ne font de bien à personne...
Pour autant, et un nombre incommensurable de voix on ne peut plus légitimes le rappellent, les soignant.es qui ne se sont pas vaccinés, sont des enfants gâté.es. Idem pour les vieux et les personnes fragiles qui étaient les premiers éligibles aux piqûres et qui n'ont donc vraiment pas l'argument du calendrier. Les premier.es baignent dans un bain de virus et exposent les autres en ne se protégeant pas. Les seconds comptent sur la solidarité nationale si malheur survient. Mais la raison pour laquelle nous ne sommes toujours pas à l'abri, c'est bien parce qu'ielles ne sont pas vaccinés et peuvent donc aller en réanimation et surchargé notre système de soins exsangue et essoufflé. Depuis le début de cette crise sanitaire, nous étions dans une course de fond. Longue, épuisante, éprouvante. Depuis l'arrivée du vaccin, nous sommes passés à une course de vitesse avec possibilité de rattraper, dépasser et même reléguer le virus loin derrière. Et ça ne tient qu'à nous.
En Angleterre, où la vaccination est massive y compris chez les fragiles, les contaminations de masse n'ont pas entraîné de vague à l'hosto, car seuls les personnes en forme étaient infectées, et depuis une semaine, les contaminations baissent même fortement, peut être (trop tôt pour dire) parce qu'on s'approche de l'immunité collective. Il ne tient qu'à nous de faire de même, d'avoir une rentrée, enfin, sereine. D'offrir des perspectives à toutes et tous : formation, emploi, vie quotidienne... Plus de craintes de limites, de fermetures, de couvre feu... De tout le reste, on peut discuter, on doit discuter, pas de l'urgence à vacciner en masse les adultes et notamment les plus fragiles.
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22/07/2021
Et au milieu coule l'humanisme
Cet après-midi, j'animais un atelier sur la liberté d'expression dans l'asso où je m'investis depuis quelques mois. Bien qu'en intérieur, j'étais seul à porter un masques parmi ces jeunes hommes. On parle de personnes qui ont plus morflé qu'un électeur PS ces dix dernières années, vraiment plus, donc je ne fais pas de morale. J'ouvre une porte en grand et je leur dis que la salle est grande, que je parle fort, qu'il faut pas s'agglutiner. Nous commençâmes évidemment avec les classiques "la liberté d'expression, c'est quand ça les arrange", "c'est plus pour certains que d'autres", et autres classiques sur les communautés ou religions qui ont plus le droit de tout dire que d'autres, classiques dans un pays qui continue à ériger (à raison ) l'égalité entre toutes et tous, mais continue à nier les discriminations. Ensuite, la discussion déboucha sur les vaccins.
Le bloc des vacciné.es n'est pas monolithe. Certain.es l'ont fait par altruisme, pour protéger les autres, les fragiles. D'autres, pour eux, par peur de la maladie. D'autres encore pour eux, pour pouvoir faire la fête tranquillement. Et on le dit trop peu. On fait comme si toutes et tous les vacciné.es étaient des purs. Au final, bien sûr, ce sont toutes celles et ceux qui auront fait le choix de la vaccination qui nous permettront de sortir du bordel, mais n'héroïsons pas à l'excès. A contrario, en mettant en avant uniquement l'égoïsme des non vaccinés, on passe à côté d'une galaxie d'arguments qu'ils déploient. Au fond de moi, je maintiens qu'aucun argument contre la vaccination n'est valable, mais comme le titrait un article suisse "10 arguments entendables des vaccino sceptiques et comment y répondre". Donc j'ai écouté et discuté. Évidemment, celui qui me disait que la vaccination ne servait qu'à enrichir big pharma, je ne l'ai pas convaincu, il m'a prévenu qu'il "ferait l'anguille le temps qu'il faut, mais qu'il ne se ferait pas pointer". Mais d'autres inquiets des effets à longs termes, et un autre qui ne savait pas comment faire, m'ont posé des questions. J'ai sorti mon téléphone, montré mon Pass vaccinal, mon appli, les ai guidé sur Doctolib. En 1/4 h de discussion calme, moi qui ne suis pas soignant, j'en avais convaincu 2 d'y aller. Pas par altruimse, pas par grandeur d'âme, juste parce qu'ils avaient déjà beaucoup dérouillé et que la vie sera plus simple, comme ça.
Le pass sanitaire, la surdité du gouvernement a des arguments de bon sens (sur les publics sans accès internet, par exemple) de député.es y compris LREM, la mesquinerie accordée aux titulaires du Pass sanitaire qui peut être dangereuse (pourquoi permettre d'aller au ciné ou au théâtre sans masque uniquement avec un pass sanitaire ? Les vaccinés peuvent être asymptomatiques, et les PCR vieux de 48h déjà périmés... En pleine flambée épidémique, c'est pour le moins léger....) tout ceci renforce les antagonismes entre deux peuples, deux France, vaccinée et non vaccinée, et au milieu de tout cela coule l'humanisme. C'est vraiment dommageable car la conviction plutôt que la contrainte, parole d'expérience récente, c'est tellement plus gratifiante. 4 ans de #Metoo et de militance féministe n'ont manifestement pas fini de faire comprendre à l'exécutif que le consentement n'est pas une option...
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